Le retour du rugby aux Jeux olympiques après une absence de 92 ans n’aurait pas pu mieux se dérouler à Rio, avec une victoire pour les Fidji dans le tournoi masculin et une pour l’Australie dans le tournoi féminin, suscitant un immense enthousiasme.

Si des membres du conseil d'administration du Comité international olympique (CIO) étaient encore sceptiques quant à la pertinence d’avoir du rugby pour les Jeux, ils ont été rapidement conquis par l'action présentée et le buzz suscité autour des stades pleins, comme l'a attesté le président de World Rugby, Sir Bill Beaumont.

« Chaque fois que je rencontrais un membre du CIO dans un hôtel-restaurant ou dans un ascenseur pendant la première semaine à Rio, ils regardaient rapidement mon accréditation pour voir qui j'étais et ne disaient généralement rien. Mais après la victoire des Fidji, tout le monde voulait me féliciter de cet incroyable tournoi », sourit-il.

Sous l’œil attentif de Matthew McConaughey

Combinant à la fois la vitesse de la piste de sprint avec l'agilité de la gymnastique et la puissance physique de la lutte ou du judo, le rugby à sept et les Jeux olympiques devaient évidemment faire bon ménage. La discipline est d’ailleurs rapidement devenue l’une des plus populaires de Rio, séduisant de nombreux nouveaux fans.

Des études menées avant et après les Jeux de Rio par Nielsen Sports sur les six marchés principaux que sont l'Australie, la France, l'Allemagne, le Japon, le Royaume-Uni et les États-Unis ont estimé leur nombre à 17 millions. Parmi eux, l'acteur texan primé aux Oscars Matthew McConaughey. Il a déclaré que le rugby à sept était l'un de ses nouveaux sports préférés après avoir assisté à l'événement en personne.

Allumer la flamme

Les Australiennes sont devenues la première équipe à remporter une médaille d’or en rugby à sept aux Jeux olympiques, battant la Nouvelle-Zélande en finale. Mais juste avant ce dernier match, le vestiaire australien a littéralement été plongé dans le même noir que les maillots que les Wallaroos s'apprêtaient à affronter, après que l'entraîneur Tim Walsh ait éteint les lumières.

« On pensait qu’il y avait eu une coupure d’électricité », se souvient l’arrière Alicia Lucas. « Mais en fait, notre entraîneur, Tim Walsh, avait délibérément éteint les lumières et il avait placé notre bougie de Rio allumée au milieu de la pièce. Nous avions cette bougie allumée à chacun de nos rassemblements depuis plus d'un an. C'était pour nous comme un symbole de la flamme olympique, du feu, de l'odeur de Rio. C’est toute cette ambiance qu'il avait essayé de recréer. »

Une fois les lumières rallumées, les Australiennes se sont dirigées vers le terrain du Deodoro Stadium. Les Black Ferns Sevens, championnes en titre du HSBC World Rugby Sevens Series, ont démarré lentement et, aidées par l’expulsion temporaire de Portia Woodman, les Wallaroos ont gagné 24-17.

La prière des Fidji

Le rugby sous toutes ses formes est comme une religion aux Fidji, et l’entraîneur Ben Ryan a acquis un statut quasi divin sur l’île après avoir conduit l’équipe masculine vers la médaille d’or à Rio.

Une démonstration impressionnante faite d’habileté et de courses sur un terrain cabossé a conduit à une victoire impressionnante de 43-7 contre la Grande-Bretagne lors du dernier match. Une finale qui n’a pas uniquement fait briller le style fidjien, mais le rugby à sept dans son ensemble.

Les Fidjiens triomphants se sont agenouillés pour recevoir leurs médailles de la part de la princesse Anne – la toute première médaille olympique de leur pays. Et, de retour chez eux à Suva et partout ailleurs, des milliers de gens ont sauté de joie et dansé sur les toits.

La surprise du Japon

L’attrait du rugby à 7 tient en partie à la capacité d’une équipe à en battre une autre dans son bon jour. Mais il faut reconnaître que peu de gens avaient vu venir la victoire du Japon sur la puissante Nouvelle-Zélande le matin de la première journée du tournoi masculin à Rio.

Tout comme les Brave Blossoms avaient malmené puis battu l'Afrique du Sud lors de la Coupe du Monde de Rugby 2015 l'année précédente, l'équipe japonaise à sept a chassé du terrain ses adversaires qui partaient largement favoris, grâce à son rythme rapide, ce qui s'est soldé par une victoire de 14-12.

De zéro à héros

Il n’y a pas beaucoup de score vierge au rugby et, lorsque cela se produit, personne n’en parle vraiment. Cependant, le quart de finale entre la Team GB et l’Argentine a offert au tournoi masculin l’une des rencontres les plus excitantes et les plus tendues de toute l’histoire du rugby à 7.

Le capitaine argentin Gaston Revol a eu une chance de l'emporter avec une pénalité à la fin du temps réglementaire mais l'a manquée. Tout comme son homologue Tom Mitchell qui a tapé le poteau lors des prolongations. L'Argentine a essuyé un en-avant et, sur la mêlée juste derrière, Dan Bibby est parti au large pour donner la victoire à la Team GB, laissant Los Pumas Sevens à genoux, complètement dévastés.

Un parfum de Super Bowl

La présence du triple vainqueur du Super Bowl Nate Ebner dans l’équipe des États-Unis à Rio a braqué beaucoup l’attention sur le groupe, ce qui n’était pas surprenant. Nate Ebner n'est en effet que l'un des sept joueurs de l'histoire de la NFL à participer aux Jeux olympiques. De plus, il avait remporté le championnat de football professionnel, et est devenu le seul joueur à réussir l'exploit la même année.

Nate Ebner a marqué deux essais à Rio dans une campagne qui s’est finalement révélée décevante pour l'ensemble de l'équipe. Il espère être à Tokyo dans quelques mois, lorsque les US Sevens Eagles chercheront à remettre les pendules à l'heure.

Le baiser de la fin

Une image qui reste indélébile de ces JO 2016 est l’étreinte passionnelle entre Marjorie Enya, responsable des bénévoles aux Jeux olympiques, et de la joueuse du Brésil Izzy Cerullo, sur le terrain à la fin du tournoi féminin.

Marjorie Enya venait de demander sa main à sa petite amie, et le clip est devenu viral. Heureusement, elle a dit oui.

LIRE AUSSI >>> RUGBY A 7, LA « ROUTE POUR TOKYO » SE DESSINE