Si l’historique entre les deux équipes laissaient clairement entendre une domination des Bleues, l’histoire montre aussi que tout peut arriver dans le rugby international et l’équipe de France s’y préparait. « C’était un match de reprise », confirme l’entraîneure Annick Hayraud. « La crainte qu’on avait, c’était d’avoir des soucis sur le début de match et il s’est avéré qu’on est très bien rentrées dedans. On a eu un moment difficile en deuxième mi-temps, mais dans les dix dernières minutes on a montré qu’on était capable de réitérer (avec deux essais, ndlr). »

Huit essais, aucun encaissé, et 82 minutes plus tard, le bilan est globalement positif. « On sait qu’on a parfois du mal à entrer dans les compétitions, mais là on voulait faire un match de très haute performance en ayant travaillé quatre entraînements dans la semaine. Maintenant, on va aller crescendo. Même si le corps est un peu mâché… », soufflait la capitaine Gaëlle Hermet à la fin de la rencontre.

« Leur défense était hyper agressive, c’était un point qu’on avait travaillé. On savait que ça allait être compliqué au niveau des mains car on avait eu peu d’entraînements », ajoutait Caroline Boujard.

Restrictions dues au Covid oblige, les Bleues n’ont eu que peu de temps pour se préparer ensemble même si les joueuses sont restées dans une dynamique de jeu en jouant pour leur club respectif. « Là, avec le groupe, on a réussi à bien se mobiliser pour pouvoir faire un début de match comme on aimerait le faire à chaque fois. On a fait un gros travail collectif », assure Caroline Boujard, auteur d’un triplé dans les quinze premières minutes de la rencontre au Stade de la Rabine, à Vannes.

« On savait qu’elles étaient très denses sur le premier rideau, limite même 14 sur le premier rideau, mais qu’elles laissaient libre les extérieurs et le fond du terrain. On savait la stratégie à adopter pour pouvoir aller marquer des essais », analyse la trois-quarts aile. « Mais on aurait même dû en mettre plus ! Il y avait un fort vent aussi. Si vous voyiez nos corps, je vous garantis que ce n’était pas facile… »

Marquer un maximum de points

Les consignes étaient claires : « Marquer un maximum de points et être réaliste, marquer dès qu’on le pouvait », rappelle l’arrière Emilie Boulard qui faisait là ses débuts sous le maillot tricolore. « Avant le match j’avais pas mal de pression, pas mal de stress, mais ça s’est estompé après le coup d’envoi. Mettre des points assez rapidement a permis de me libérer de cette pression. »

Elle-même s’est d’ailleurs offert un essai à la 78e minute qu’elle a raconté en conférence de presse juste après. « On récupère le ballon, il y a une très longue passe sur moi. Plusieurs fois pendant le match j’étais sortie en touche en voulant jouer sur l’extérieur, donc là je suis rentrée à l’intérieur, j’ai pu jouer aux deux bouts avec Maëlle. Elle a percé, Camille est à son soutien. Là je me relève, je me mets à son soutien et je suis au bon endroit au bon moment. », se souvient-elle, satisfaite de cette toute première titularisation qui en appelle d’autres.

« Je pense que c’est une bonne soirée, une bonne première sélection. C’est la première fois que je jouais au niveau international ; je ne savais pas trop à quoi m’attendre. Je pense que ce n’était pas un mauvais match de ma part, même si je reste sur ma faim car il y a beaucoup de choses à améliorer comme des sorties en touche et des pertes de balle. »

Des petites erreurs à gommer, comme le promet d’ores et déjà le staff. « Le match parfait n’existe pas et il y aura des points à améliorer comme la perte de balle en première mi-temps ou la mêlée. Sur la première mi-temps, on a quatre pénalités dont deux sur la mêlée alors que c’est notre point fort », analyse à froid Annick Hayraud qui revendique ce style offensif du XV de France féminin.

Prochaine sortie contre l'Irlande

« S’il y a la place de jeu, bien sûr qu’il faut jouer. Il faut aller provoquer l’adversaire. Sur ce type de match, il faut oser, que les filles prennent des initiatives. Allons jouer là où l’adversaire n’est pas. Et plus on pourra avoir de la mixité dans notre jeu, plus on pourra aller chercher l’adversaire sur n’importe quel coin du terrain. »

Après la récupération et le débrief attendu lundi, la préparation pour le prochain match contre l’Irlande débutera mardi 6 avec une opposition prévue vendredi 9 avril. Après une journée off le 11, les Bleues reprendront leur préparation et s’envoleront pour Dublin le vendredi 16 pour jouer l’Irlande le lendemain.

« Ce sont des équipes différentes et on va travailler pour être au niveau », acquiesce Emilie Boulard qui a parcouru 140 mètres ballon en main (11 ballons portés), soit le double de Siwan Lillicrap, la capitaine du pays de Galles qui, avec 77 mètres, est la Galloise qui a le plus avancé. Fort de sa prestation, Emilie espère bien décrocher sa deuxième sélection avec la France à l’occasion du déplacement à Dublin.

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