Vela Naucukidi n'est pas une novice le rugby féminin aux Fidji et son prochain défi est de ramener une médaille olympique de Tokyo. Ça fait plus de 20 ans qu'elle travaille dans le rugby, d'abord comme journaliste au Teivovo Magazine avant de devenir la présidente de la Fiji Women’s Rugby Union puis manager des Fijiana, à XV et à 7.

Vela a rejoint la Fiji Rugby Union en tant que responsable du développement du rugby féminin en novembre 2014, et après avoir repris son rôle de manager de l'équipe des Fidji à 7 sur le HSBC World Rugby Sevens Series 2020, elle se rendra avec l'équipe à Tokyo 2020.

« Notre plan est de monter sur le podium ; nous prenons très au sérieux ce voyage aux Jeux olympiques », assure, sans rougir, Vela Naucukidi à World Rugby.

« Le chemin a été long, très long, mais à un moment donné, nous avons terminé quatrième du World Series et je sais que nous pouvons à nouveau atteindre ce stade, et faire encore mieux ! »

Entrer dans l'histoire

Vela Naucukidi s'arrête brièvement, étouffée par l'émotion, alors qu'elle réfléchit à ces deux dernières décennies de rugby et à ce que cela signifie pour elle d'être invitée à superviser les Fijiana lors des Jeux Olympiques.

« Avoir été nommée manager pour les Jeux Olympiques, c'est le summum. Je le prends avec beaucoup d'honneur et d'humilité. Je pense que c'est la récompense de tous ces sacrifices et de tout cet engagement au fil des ans », explique-t-elle.

« Pour moi, c’est énorme parce que… c’est le summum de votre carrière, c'est une étape importante. On rentre dans l'histoire. Et c'est énorme pour ma carrière en ce sens que vous faites partie de quelque chose de grand, non seulement pour vous-même, mais pour le sport et pour les sportives que vous allez préparer et que vous aiderez dans leur quête de l'excellence.

« Je sais que cela m'a pris du temps. C'est un long voyage, mais il y a maintenant beaucoup de changements, des changements de comportement au sein de la fédération et aux Fidji.

« Désormais, de plus en plus de femmes vont venir nous rejoindre et ce sera plus facile d'avancer, non seulement pour les joueuses, mais aussi pour les entraîneures, les administrateurs et les autres managers qui se présenteront et que je pourrais encadrer.

« C'est un défi de gérer les femmes, mais je crois que dans un avenir très proche, les femmes dirigeront aussi des équipes masculines et ce sera incroyable de voir tout ça se réaliser. »

Parties pour durer

Dans son rôle de responsable du développement à Fiji Rugby, Vela Naucukidi a récemment réussi à mettre sur pied une compétition nationale féminine de rugby à XV pour aider les clubs à se préparer pour le championnat provincial qui débutera en avril.

Vingt-quatre équipes participeront à ce championnat, et Naucukidi estime que la taille de la compétition envoie « le message que les femmes sont là pour rester ».

« Il y a une augmentation considérable du nombre de filles et d'entraîneures que nous essayons de former, en les faisant passer du niveau un au niveau deux puis au niveau trois », dit-elle.

« Nous avons de plus en plus d'éducatrices qui arrivent. On voit qu'au sein de la fédération comme dans les villages l'état d'esprit est en train de changer. Vous savez, la tradition et la culture sont fortes ici, ainsi que nos croyances, et il y a eu un temps où tout le monde était persuadé que le rugby n'était qu'un sport pour les hommes.

« Mais, maintenant, vous voyez les filles courir sur le terrain et les hommes les encourager et les soutenir. Pour moi, c'est énorme car en 20 ans ça a considérablement changé.

« Au début, limite on se moquait lorsqu'une fille jouait au rugby. Mais maintenant, on voit le changement. Ça nous apporte beaucoup de satisfaction de voir les choses merveilleuses qui se font. Je suis reconnaissante envers World Rugby pour son aide financière et aussi à Fiji Rugby pour avoir suivi World Rugby. »

Grâce à la bourse de leadership

Le parcours de Vela Naucukidi s'est accéléré en 2019 lorsqu'elle a reçu une bourse de Leadership octroyée par World Rugby.

Dans le cadre de ce programme, elle a suivi des cours de leadership féminin et s'est rendue en Écosse pour en apprendre plus sur les meilleures pratiques. Naucukidi a également pu rencontrer et échanger des idées avec plusieurs des autres récipiendaires lors du premier atelier sur le leadership du rugby féminin en Océanie à Nadi.

« La bourse m'a vraiment aidée, en particulier le cours de leadership que j'ai suivi avec Cornell Uni. J'applique toujours ces leçons avec l'équipe olympique, surtout l'aspect sur la confiance en soi », assure-t-elle. « J'ai vraiment besoin de me comprendre pour pouvoir travailler avec ce groupe de filles, car elles viennent de familles différentes.

« Pour quelqu'un d'introverti comme moi, ce n'est pas facile de sortir et de côtoyer du monde. Il m'a fallu du temps après ce cours pour m'adapter lentement, changer ma façon de faire les choses et ma façon de penser, comment accepter les autres. Ça m'a ouvert les yeux.

« Une chose importante que j'ai appris de tout ça, c'est tout ce qui a trait à l'intelligence émotionnelle. Vous pouvez avoir toutes les connaissances et la sagesse et tout, mais c'est l'émotion est la clé, la façon dont vous gérez vos émotions lorsque vous avez affaire à la prise de décision.

« Se rendre en Écosse a été une révélation. J'étais en immersion avec l'équipe féminine d'Écosse, l'unité de haute performance, le HPU, les moins de 18 ans et aussi le travail de développement. Je suis allée dans une zone rurale et certaines problématiques auxquelles elles sont confrontées, on rencontre les mêmes chez nous. Quel que soit l'endroit dans le monde, c'est la même chose partout.

« Certaines des idées que j'ai apprises là-bas étaient, par exemple, celles des zones rurales, comment elles travaillent avec les parties prenantes de la région pour obtenir le soutien et comment… le rugby peut changer des vies. »

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