Un tweet posté par les All Blacks résume en quelques mots comment était considéré Christophe Dominici au-delà des frontières du royaume tricolore du rugby : « De petite taille mais titan sur le terrain, Christophe Dominici nous ne t'oublierons jamais. Repose en paix, cher ami ».

Le génial ailier du XV de France aux 67 sélections est brutalement décédé mardi 24 novembre 2020, laissant derrière lui sa compagne, Loretta, et leurs filles, Chiara et Mya.

Dominici a été l'incarnation du désormais mythique « French flair » l'après-midi du 31 octobre 1999. On est en demi-finale de la Coupe du Monde de Rugby dans un stade de Twickenham plein à craquer de 70 000 spectateurs. A la 56e minute de jeu, du haut de son mètre 72 (82 kg), Domi déboule, réussit une percée puis un essai d’anthologie, après un rebond favorable, pour renverser les All Blacks de Jonah Lomu, reprendre en main le match et mener les Bleus en finale de la Coupe du Monde (43-31). La finale sera perdue une semaine plus tard contre l’Australie (12-35), mais peu importe : cet essai fait partie de sa légende.

De la 1re à la dernière sélection

67 sélections, 25 essais (125 points), 4 victoires dans le Tournoi des Six Nations, dont deux Grand Chelem, finaliste de la Coupe du Monde de Rugby 1999. Voici le palmarès international du gaillard qui avait gagné sa première sélection contre l'Angleterre le 7 février 1998 (il avait marqué un essai lors de cette victoire 24-17).

Lors de la Coupe du Monde de Rugby 2007, Christophe Dominici n’est titularisé que trois fois en sept matches, mais entre dans l’histoire du XV de France avec ses deux derniers essais en Bleu, inscrits contre la Géorgie (notre photo), qui ont fait de lui le meilleur marqueur français en Coupe du Monde avec huit essais.

Malgré une victoire contre la Nouvelle-Zélande en quart de finale, la France n'avait pu profiter pleinement de son avantage de jouer à domicile et avait terminé quatrième derrière l'Argentine. Ce match pour la médaille de bronze au Parc des Princes devait être sa dernière sélection (défaite 10-34).

« La vie est bien faite. Dans les drames que tu vis, quand tu décides d’aller chercher les choses, tu les atteins. Quand tu n’as plus envie d’aller les chercher, tu es fini », disait-il.

Cinq fois champion de France

Né le 20 mai 1972 à Toulon, il a commencé à jouer minot au club de Solliès-Pont, puis à La Valette-du-Var avant de signer à Toulon (1993-1997) puis au Stade Français (1997-2008). C'est avec ce dernier club qu'il a cumulé les trophées, pouvant se targuer d'avoir été sacré cinq fois champion de France en 1998, 2000, 2003, 2004 et 2007.

Avec le Stade Français – dont il deviendra entraîneur-adjoint en charge des arrières puis actionnaire (1%) - il sera également deux fois finaliste de la Coupe d’Europe en 2001 et 2005.

L'annonce de sa mort tragique a jeté le monde du rugby dans la stupeur. A l’Assemblée nationale, les députés ont salué « une légende du XV de France » en l'applaudissant, debout dans l'hémicycle.

Un hommage unanime

Ses anciens coéquipiers en Bleus, le manager du XV de France, Raphaël Ibañez, et le sélectionneur Fabien Galthié ont promis de lui rendre hommage ce week-end face à l’Italie, en Coupe d’Automne des Nations.

« Nous étions en séance de travail cet après-midi avec les joueurs du XV de France quand Bernard Laporte nous a informé tous les deux de cette terrible nouvelle », a confié Raphaël Ibañez. « Nous sommes sous le choc. Nous sommes tristes. Domi, c’était une légende de notre sport : il a porté le maillot bleu avec tellement d’énergie, tellement de passion.... Christophe, c’est surtout notre ami. Nous avons vécu de grandes et belles émotions ensemble, sur le terrain mais surtout en équipe. Avec lui ».

"Avec son physique de merde, il a retourné toutes les plus grandes défenses du monde."

Sylvain Marconnet

Un hommage lui sera également « rendu ce week-end lors de matches de Top 14 et Pro D2 », selon la Ligue nationale de rugby.

« Le monde du sport a perdu une véritable légende », a souligné Jonny Wilkinson. « Un joueur français plein d’inspiration qui a rencontré beaucoup de succès tout au long de sa carrière », a tweeté Brian O’Driscoll, ancien capitaine et centre de l’Irlande. « La quintessence du french flair », a tweeté Dan Carter.

« Domi, c’était du bonheur. Avec son physique de merde, il a retourné toutes les plus grandes défenses du monde. Ça fait vraiment chier de le perdre à 48 ans », a commenté Sylvain Marconnet (ancien pilier du XV de France) sur RMC Sports.

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