D’aussi loin qu’elle peut se rappeler, CJ Kotze a toujours baigné dans le rugby. L’un de ses premiers souvenirs a été d’accompagner son papa Jaco, ancien international de la Namibie, à un entraînement. De l’observer comme ça depuis la touche, elle a tout de suite été captivée par ce ballon ovale que Jaco faisait rebondir, lançait à l’aveugle, rattrapait à la volée.

« Je me suis demandée comment il faisait. Alors il s’est arrêté cinq minutes et il m’a montré comment faire. Et c’est là que tout a commencé », raconte CJ Kotze à World Rugby.

Sa passion pour le rugby n’a fait que grandir. Après avoir disputé le premier tournoi de rugby à 7 féminin international en Namibie et avoir marqué un nombre incalculable de points, elle rêve aujourd’hui de devenir la première femmes entraîneure de l’équipe.

Elle a d’ailleurs commencé à entraîné pour la première fois en 2015 et a récemment entraîné les filles de la Windhoek High School. Elle est également productrice du programme Absolute Rugby, un magazine de rugby à la TV en Namibie.

Sans surprise, elle veut désormais aider à développer le rugby féminin dans son pays et estime que la nouvelle campagne de promotion de Rugby Afrique, « Essayez de nous arrêter », pourra l’aider dans son objectif.

« Je l’ai pris sur moi en pensant que j’allais être cette voix. Rugby Afrique m’offre la possibilité d’être légitime sur ce sujet et je vais en profiter pour dire que nous pouvons changer les choses dans le rugby namibien dès à présent. »

Marquer l’histoire

CJ Kotze a dû attendre 2013 pour trouver une équipe dans laquelle jouer. Et seulement neuf mois après avoir débuté avec le Phoenix Rugby Club, elle a été retenue dans le squad de la Namibie sur le Africa Women’s Sevens au Kenya. Jouer au Kenyatta Stadium à Machakos a été un moment fort pour CJ.

Le résultat n’avait pourtant pas été à la hauteur. La Namibie avait échoué à marquer dans chacun de ses quatre matches au Kenya, mais s’était améliorée pour l’édition 2015.

La jeune joueuse a connu des hauts et des bas, la blessure, la dépression et l’anxiété avant de reprendre du poil de la bête grâce à ses collègues. Elle a réussi à trouver un nouvel intérêt dans le coaching et a commencé à travailler avec des enfants.

« Je devais trouver une autre façon de m’occuper, de m’occuper l’esprit », raconte-t-elle. « Le rugby a toujours été une échappatoire pour moi, chaque fois que j’y joue je m’évade. Et pour moi, c’était juste insoutenable de ne plus y arriver. C’est pour cela que je me suis investie dans le coaching et ça m’a tout de suite plu. »

S’imposer face aux papas

En 2016, la part de coaching dans la vie de CJ Kotze est devenue encore plus grande. Mais une blessure survenue en rugby à toucher a réveillé une ancienne qu’elle avait essayé de colmater. Une deuxième opération du genou l’a définitivement éloigné de la pratique pure.

« En fait, le plus difficile pour moi a été de convaincre les papas qu’ils pouvaient avoir confiance en une femme, que les filles aussi savent jouer au rugby pour entraîner leurs enfants », sourit CJ.

« J’ai adoré entraîné les garçons, même si ça a été assez difficile au début. Mais les deux dernières années, ils ont été fabuleux. Les pères nous ont vraiment aidé et eux aussi ont tout donné. »

Le jour où CJ Kotze a appris qu’elle était une inarrêtable, c’était le jour de son anniversaire. Sacré cadeau !

« Cela a créé une telle prise de conscience dans notre fédération de rugby parce qu’ils ont envoyé un courriel à tout le monde et tout le monde n’a pas arrêté de me féliciter !

« Les clubs qui ne savaient pas qu’ils pouvaient inscrire des filles ont commencé à le faire et sont demandeurs de conseils. Je pense qu'il était de la plus haute importance d'essayer de créer des opportunités pour les femmes. Il y a tellement de talents inexploités. Si je n'avais pas eu cette chance il y a quelques années, personne n'aurait su que je pourrais être dans la position dans laquelle je suis actuellement. »

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