Récipiendaire d'une bourse pour les dirigeantes octroyée par World Rugby, la Sud-Africaine Vanessa Doble entend utiliser ces fonds pour aider à atténuer les violences sexistes.

Selon les Nations Unies, les violences faites aux femmes ont augmenté de manière significative pendant la pandémie de Covid-19. Une situation d'ailleurs décrite comme « l'ombre de la pandémie ».

Vanessa Doble, par ailleurs membre du Conseil de World Rugby et du Comité consultatif féminin, travaille actuellement à distance sur un Master en innovation sociale à l'Université de Cambridge.

Sa thèse, qu'elle devra rendre au mois de juin prochain, porte justement sur la capacité du sport à s’attaquer aux problèmes qui ont un impact sur les femmes.

« Ça met un focus sur les violences sexistes, ce qui concerne, je pense, une part importante de notre communauté rugby », dit-elle à World Rugby. « Beaucoup de femmes se trouvent en position de vulnérabilité et je pense que le sport peut leur offrir un moyen d'échapper à leur condition. C'est juste des femmes qui se soutiennent les unes les autres et qui échangent sur des problématiques qui les concernent vraiment. »

Proposer des opportunités aux femmes

Vanessa Doble a été en partie inspirée par l'histoire de Catherine Muranganwa et de ses coéquipières de la Sahumani Secondary School dans l'Est du Zimbabwe où le rugby a souvent empêché les filles de se marier trop jeunes.

« Je me souviens d'un bel article qui parlait d'une jeune femme du Zimbabwe qui racontait qu'à l'âge de 18 ans ses deux sœurs étaient déjà mariées et que le rugby avait été la seule chose qui l'avait empêché de vivre la même situation », raconte Vanessa.

« Elle venait d'un milieu assez modeste et rien que le fait d'avoir l'occasion de sortir, de pratiquer un sport et de rencontrer d'autres filles lui avait permis de mettre son énergie au service d'autre chose.

« C'est grâce à sa mère qui l'avait poussée à pratiquer un sport qu'elle avait pu échapper à son destin. Et je pense que cette histoire est celle de tellement de femmes sur ce continent, notamment dans des communautés reculées.

« Je suis convaincue que pratiquer un sport vous apporte de la confiance, vous donne de la force, une forme de résistance, mais ça vous ouvre aussi d'autres perspectives auxquelles vous ne pensiez pas. »

Au travers de ses recherches, Vanessa Doble espère prouver ce que Nelson Mandela affirmait haut et fort, que « le sport a le pouvoir de changer et de transformer le monde ».

Vanessa travaille désormais en tant que Responsable juridique au sein de la fédération sud-africaine de rugby. Mais comme beaucoup de femmes de son âge, ce n'est pas à l'école qu'elle a découvert le rugby.

Son frère a joué, lui, lorsqu'il était jeune, mais pas plus que ça. « On jouait au rugby comme ça, mais ça n'a jamais été un gros truc chez nous », admet Vanessa Doble.

En fait, ce n'est que lorsque ses propres enfants sont allés à l'école qu'elle a vraiment compris l'importance que le rugby pouvait avoir. « J'ai deux garçons et je pensais que, naturellement, ils joueraient au foot », confesse-t-elle. « C'est du moins ce que je leur avais proposé et pourtant eux avaient insisté pour jouer au rugby. Et je me demandais bien ce qu'ils trouvaient à ce sport !

« Alors je suis allée les voir sur un match un samedi, juste pour voir. J'y ai découvert un bel esprit de camaraderie, ce sport les rendait vraiment heureux et ça a attisé ma curiosité. Et c'est à ce moment-là que je m'y suis vraiment intéressée. »

Essayez de l'arrêter

Peu de temps après, en août 2016, s'est présentée l'opportunité de travailler pour SA Rugby et Vanessa a décidé de la saisir, ne serait-ce que pour connaître un peu plus ce sport et intéresser ses enfants.

La suite a montré qu'elle avait pris la bonne décision. Elle a découvert à la fois un sport et un travail dans lesquels elle allait pleinement s'investir, touchant à plein de sujets comme les contrats, les négociations, les règles...

Elle a été heureuse de voir la déclinaison africaine de la campagne de World Rugby « Essayez de les arrêter » adaptée par Rugby Afrique au début du mois d'octobre.

« C'était une très belle campagne, mais elle semblait tellement éloignée de ma réalité », concède Vanessa Doble. « Lorsqu'elle a été adaptée chez nous, c'est là qu'elle est devenue ma réalité, mon inspiration. Ce sont des filles que je comprends, avec qui je me sens connectée.

« Je pense que la relocalisation de cette campagne a été très pertinente pour stimuler la participation chez nous. C'est faisable sur le long terme. Lorsque vous écoutez l'histoire de Babalwa Latsha par exemple, vous pouvez facilement vous identifier à elle. Et je pense que ça peut jouer aussi pour lutter contre toute forme de discrimination.

« Au cours de mes recherches, je me suis aperçue que les filles peuvent souvent être découragées de jouer au rugby parce que c'est surtout perçu comme un sport de mecs et que les filles n'y jouent pas.

« Mais lorsque vous voyez d'autres exemples dans la vraie vie, alors ça fait voler en éclat tous les stéréotypes parce que c'est du vrai. Ça vous donne l'aide en plus et l'inspiration pour aller plus loin. »

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