Pour la préparatrice physique Céline Allainmat, 2021 s'annonce déjà comme une très bonne année. Elle fait partie des six entraîneures qui ont été choisies pour intégrer un programme unique de stages de coaching pour la Coupe du Monde de Rugby 2021 initié par World Rugby, avec un déplacement en Nouvelle-Zélande à l'horizon.

Le programme va permettre aux participantes d'être pleinement intégrées aux structures de management de leur équipe nationale respective pour une durée de douze mois menant à la Coupe du Monde de Rugby 2021. Céline assure que cette expérience ne pourra qu'être bénéfique pour la suite de sa carrière.

« Du point de vue de l'expérience, c'est chouette ! », dit-elle. « Je ne pouvais pas refuser la proposition d'acquérir encore plus d'expérience. Ça va accélérer un cheminement car j'avais déjà dans l'idée d'entraîner et de progresser dans des compétences d'entraînement. Ce programme permet d'accélérer la machine.

« Je le vois comme une occasion d'observer de l'intérieur, même si j'ai déjà vécu deux Coupes du Monde, mais dans un contexte différent. Là ce qui m'intéresse c'est de voir sur le XV comment ça se passe avec des joueuses plus abouties et tout un staff, voir ce que ça donne à très haut niveau. »

Arrière et ailier avec un œil vif braqué sur la ligne d'en-but, Céline Allainmat a gagné la première de ses 40 sélections avec les Bleues contre le pays de Galles en février 2003. Elle a participé à la Coupe du Monde de Rugby 2006 – où elle a terminé avec la médaille de bronze – ainsi qu'à l'édition 2010 et entre-temps à la toute première édition de la Coupe du Monde de Rugby à VII en 2009, son format de rugby préféré.

Malheureusement, une blessure survenue en mars 2015 a mis fin à sa carrière, l'empêchant de faire partie de l'équipe de France pour les Jeux Olympiques de Rio 2016.

Mais son intérêt pour la préparation physique et le coaching remonte à bien plus loin encore, du temps même où elle jouait pour les Pachys d'Herm. « J'y ai toujours pensé », confirme-t-elle. « A la différence des garçons, on est obligées d'y penser pendant qu'on joue car avant on ne vivait pas de la pratique. Il fallait penser tout de suite à ce qu'on voulait faire après.

« C'est quelque chose qui me plaît et qui nous anime, même en tant que joueurs. Car ce qu'on aime faire, c'est partager notre expérience. Et le fait d'entraîner nous amène à mieux jouer et à nous questionner sur notre jeu ; ça nous amène aussi à jouer différemment, à prendre du recul, à avoir un autre regard. »

Depuis qu'elle a raccroché les crampons, Céline, 38 ans, a travaillé avec la Fédération Française de Rugby, notamment avec les moins de 20 ans, et cumule les casquettes d'entraîneure des trois-quarts et de préparatrice physique avec le Stade Rennais.

Autant elle a trouvé la transition joueuse/coach fascinante, autant elle l'a aussi trouvé éprouvante.

« C'est assez frappant d'être de l'autre côté de la barrière, on voit les choses différemment », dit-elle.

« Quand j'étais dans le staff avec les U20, j'étais même plus fatiguée que quand j'étais joueuse !

« Quand on est joueuse, on se dit que dans le staff ils ne font pas grand-chose. Pourtant, physiquement et nerveusement, on y met beaucoup d'énergie. On ne le mesure pas tant qu'on n'est pas passé de l'autre côté.

« Au Stade Rennais, j'ai entraîné une saison ou deux l'équipe 2 des senior et je suis restée quatre saisons sur les U18. Et ça fait cinq ou six saisons que je m'occupe de la préparation physique là-bas. Du coup, cette année j'entraîne les trois-quarts en plus, en même temps. »

Inspirée par un père rugbyman, Céline Allainmat a commencé elle-même à jouer à l'âge de 14 ans, au sein du Sporting-Club de Saint-Pierre-du-Mont. A cette époque, on ne comptait pas autant d'équipes de filles qu'aujourd'hui. Mais pendant toutes ces années, elle a pu voir une belle évolution de la pratique féminine partout en France.

« Je sens plus de soutien de la part de tous les acteurs de la fédération, plus d'intérêt et d'engouement médiatique aussi. Lorsque l'on jouait, à niveau équivalent, je me disais que, moi au moins, je pouvais mes courses tranquille, les gens ne me reconnaissaient pas. Mais si j'étais Michalak, ça n'aurait pas été pareil !

« Aujourd'hui, d'avoir quelqu'un à qui s'identifier, c'est top et on commence à le voir dans les clubs, c'est chouette. Les moyens matériels et humains ont beaucoup évolué. »