Depuis qu'ils sont arrivés dans la capitale uruguayenne de Montevideo le 23 octobre 2020, les trente joueurs qui composent le groupe venu d'Espagne ont été placés en quarantaine du fait de la pandémie de Covid-19 avant de pouvoir disputer deux tests très attendus.

Entraînés par Santiago Santos pour la septième saison, Los Leones joueront l'Uruguay le 1er et le 6 novembre au Charrúa Stadium.

L'équipe nationale d'Espagne compte dans ses rangs sept débutants et quatorze joueurs qui n'ont que dix sélections au maximum. D'où la nécessité de gagner en expérience en vue de préparer sans attendre la qualification pour la Coupe du Monde de Rugby 2023.

La seule édition à laquelle l'Espagne a participé était en 1999 où ils avaient joué contre l'Uruguay, l'Afrique du Sud et l’Écosse, soit trois défaites au total.

« Si on compare avec avant, c'est sûr que nous sommes dans de meilleures dispositions aujourd'hui », balaye le coach Santiago Santos.

En évoquant ce fameux match contre la Belgique qui aurait pu les voir se qualifier automatiquement pour la Coupe du Monde de Rugby 2019, Santos préfère tourner définitivement la page. « Ce match contre la Belgique, c'est du passé. Maintenant, nous nous concentrons sur l'avenir », coupe-t-il très vite. « Nous voulons voir de nouveaux joueurs jouer au niveau international. »

Andrés Alvarado, Joel Merkler et Leandro Wozniak sont les trois piliers qui vont vouloir se faire une place. José Díaz (deux sélections), Joaquín Domínguez et Bittor Aboitiz (une sélection chacun) seront titulaires en première-ligne.

« Nous avons également trois demis d'ouverture : Bautista Güemes qui n'a aucune sélection, Gonzalo Vinuesa qui n'a que 19 ans et David Melé qui est revenu dans l'équipe. A la mêlée, nous avons sélectionné Kerman Aurrekoetxea du Biarritz Olympique. Il n'est pas encore à son top niveau, mais il a un bon potentiel. »

Il y aura également de nouvelles caps chez les centres car seul Andrea Rabago en compte déjà. Diego Peirel est un ancien international U20 et a joué pour l'Espagne sur le HSBC World Rugby Sevens Series. Daniel Barranco est un ancien capitaine des moins de 20 ans. « Nous voulons les voir au plus haut niveau, voir comment ils se débrouillent. »

Le manque de jeu pénalise l'équipe

Sans surprise, le rugby espagnol n'a pas un emploi du temps surchargé par les temps qui courent. La finale de la Copa del Rey de Rugby a été disputée deux semaines auparavant et coïncidait avec le premier match officiel du nouveau championnat national.

« Le manque d'activité nous a affecté de manière négative car tout le monde sait bien que jouer des matches est très important », confie Santiago Santos. « On le sait et c'est pour ça que l'on s'entraîne du mieux possible pour être prêt quand il le faudra. La plupart des joueurs n'ont joué qu'une seule fois depuis le mois de mars ! »

Pendant cet arrêt forcé, Santos en a profité pour suivre des webinars de World Rugby et de la Federación Española de Rugby. « Nous avons beaucoup analysé le jeu d'équipes dont on s'inspire ; il faut toujours apprendre des meilleures », dit-il.

Et lorsqu'on lui demande de préciser sa pensée, il avance : « Nous aimons particulièrement le Japon. C'est une équipe qui est sortie du tier 2 et qui rivalise avec les meilleurs. On adore le rugby qu'ils pratiquent : fait de vitesse, avec la balle qui circule beaucoup, un petit peu de jeu au pied et des attaques qui viennent de nulle part. Leur style colle bien au profil de nos joueurs. »

Un œil sur France 2023

Inutile de préciser que le but ultime de Los Leones est de se qualifier pour la Coupe du Monde de Rugby 2023 qui se jouera chez leurs voisins français. Pour cela, il faudra qu'il se sortent du Rugby Europe Championship contre des équipes comme la Géorgie, la Roumanie et la Russie. « Attention à ne pas non plus sous-estimer le Portugal et la Belgique qui sont des équipes difficiles à battre aussi », nuance Santiago Santos.
L'Espagne se trouvait en Amérique du Sud en 2019 et était repartie de là-bas avec trois victoires dans ses bagages : 22-16 contre le Brésil, 29-22 contre le Chili et 41-21 contre l'Uruguay.

« Ces deux tests qui arrivent vont nous permettre de travailler nos schémas de jeu, à la fois en attaque et en défense. Ça nous aidera aussi à tester de nouveaux joueurs sur le niveau international », précise le coach.

« Normalement, la qualification devrait se jouer sur deux années, mais avec la pandémie de Covid-19, on ne sait pas encore de quelle manière le processus de qualification sera impacté. »

L'Espagne avait prévu un match contre le Portugal en novembre comptant pour le Rugby Europe Championship 2020, mais Rugby Europe a été contraint d'annuler toutes ses rencontres internationales.

Cela renforce l'importance du voyage en Uruguay qui aidera l'Espagne à se préparer pour « février ou mars lorsqu'on commencera à songer à ce déplacement en France pour 2023. Ça fait du bien de pouvoir rejouer. On adore le rugby, on adore jouer et être dans l'impossibilité de le faire est extrêmement difficile. »