Des membres de la communauté rugby du Liban, victimes de la terrible explosion du mois d'août à Beyrouth, expliquent comment ils se sont mobilisés pour aider la ville à se reconstruire.

Le 4 août 2020, 2 750 tonnes de nitrate d'ammonium explosaient au sein d'un entrepôt de la zone portuaire de Beyrouth, tuant 190 personnes et jetant dans la rue plus de 300 000 habitants.

Ce jour-là, Mike Tawk, talonneur libanais, rentrait tranquillement chez lui lorsqu'il a entendu la première explosion. Il n'y a pas beaucoup prêté attention sur le coup. Mais la deuxième explosion est arrivée juste après, le soulevant de terre et le projetant à dix mètres en arrière.

« Je n'ai pas compris ce qui m'arrivait », raconte-t-il dans une vidéo produite par Asia Rugby. « Je me suis relevé, j'ai regardé autour de moi, les gens couraient partout, ils étaient couverts de sang. Les voitures, les maisons, tout était détruit.

« J'ai appelé ma mère et elle allait bien. Je me suis dépêché de rentrer chez moi et j'ai trouvé la maison où j'avais grandi entièrement détruite. Ça a été un coup très dur pour moi. »

Laurent Zalloum, un coéquipier de Mike, se trouvait à cet instant à 40 km de là lorsqu'il a entendu l'explosion. Son premier réflexe a été de savoir d'où venait ce bruit avant de réaliser qu'il venait du port de Beyrouth, où sa sœur travaille dans une galerie d'art.

« Je pouvais l'entendre et j'avais l'impression d'un tremblement de terre », explique-t-il. « Une fois qu'on a réussi à localiser tout le monde, on s'est assuré que tout le monde était en vie. Ma sœur ne se trouvait pas au port à ce moment-là. Nous avons passé la nuit à nous demander comment une telle chose avait pu se produire. »

Le lendemain matin, Laurent et un groupe de 15-20 de ses coéquipiers du Jamhour Black Lions Rugby Club ont prêté main-forte aux équipes de nettoyage, travaillant dans la rue pour le restant de la semaine afin de tout déblayer.

Mélanie Haddad, joueuse au sein du club, a aidé à collecter de la nourriture et des habits pour ensuite les redistribuer aux familles victimes de l'explosion et à des ONG.

« Nous avons eu de la chance car l'explosion n'a pas endommagé notre maison ni n'a blessé aucun membre de notre famille », soupire-t-elle. « Mais mon pays était dévasté et je sentais bien qu'il fallait que je fasse quelque chose. »

« Nous nous relevons, encore »

Encore aujourd'hui, un groupe d'une quinzaine de membre du Jamhour Black Lions Rugby Club continue de travailler avec des ONG pour aider les personnes sans abri dans les zones touchées.

« On n'aurait pas fait autant si nous n'étions pas des joueurs de rugby, si nous n'avions pas cette connaissance du rugby et de ses valeurs, cet esprit d'équipe que nous apprend le sport », reconnaît Laurent Zalloum. « On travaillait très, très vite car on se connaît très bien, on communique beaucoup entre nous et nous savons comment travailler en équipe. »

L'équipe nationale hommes du Liban porte le nom des Phoenix ; une appellation finalement prédestinée. « On nous appelle Les Phoenix pour une bonne raison : nous nous relevons, encore », promet Mike Tawk.

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