Cheslin Kolbe a rappelé à ses fans quelques-uns de ses coups qui lui ont permis de remporter la Coupe du Monde de Rugby 2019 au Japon en marquant deux brillants essais pour Toulouse qui a facilement dominé l'Ulster 36-8 en quart de finale de la Heineken Champions Cup dimanche 20 septembre 2020.

Le génial ailier a ravivé la flamme qui avait séduit le monde entier au Japon en marquant au début et à la fin de la première période au Stade Ernest-Wallon après avoir débordé à deux reprises son vis-à-vis irlandais Jacob Stockdale pour mener le score de son équipe 15-3 à la pause.

Les « aristocrates du rugby européen » ont ensuite déroulé leur jeu pour confortablement écarter les finalistes du PRO14. Toulouse affrontera désormais les Gallagher Premiership Exeter Chiefs en demi-finale samedi 26 septembre. Le vainqueur jouera ensuite le Racing 92 ou les Saracens lors de la finale une semaine plus tard.

Si Toulouse arrive jusqu'au bout et devient ainsi la première équipe à remporter le trophée cinq fois en un quart de siècle de ce tournoi, Cheslin Kolbe rejoindra ses semblables Bryan Habana et Schalk Brits qui ont remporté à la fois la Coupe du Monde de Rugby et la Heineken Champions Cup.

Vincent Koch, le coéquipier de Kolbe au Japon, est un autre candidat pour rentrer dans ce club très select depuis que les Saracens sont eux aussi parvenus à sortir des quarts.

Ses qualités en mêlée ont servi de tremplin à la victoire à l'Aviva Stadium de Dublin, scellée grâce à un exploit individuel d'Alex Goode. Après avoir mis un terme à la série de 23 victoires toutes compétitions confondues du Leinster, les Saracens ont toutes les chances d'espérer remporter un quatrième titre en cinq saisons.

Bryan Habana, champion du monde avec les Springboks en 2007, avait également conquis la Champions Cup avec Toulon en 2014 et 2015. Schalk Brits jouait avec les Saracens en 2016 et 2017 quand ils ont remporté la Champions Cup avant de revenir avec les Boks pour devenir champion du monde en 2019. Schalk Burger, coéquipier d'Habana en 2007, jouait d'ailleurs au côté de Brits avec les Saracens en 2017.

Dan Carter rate le coche

Dan Carter est l'un des grands absents de ce club de double champions, du monde et d'Europe, malgré ses deux opportunités en France. L'attrait de jouer dans la compétition européenne de clubs d'élite a attiré Carter à Perpignan en 2008 et il a rapidement marqué 16 points lors de ses débuts en Heineken Champions Cup contre Leicester.

Mais ce devait être la seule apparition du triple lauréat du Prix du Joueur World Rugby de l'Année (2005, 2012, 2015) dans la compétition pour le club catalan en raison d'une blessure au talon d'Achille qui a mis fin à sa saison.

Dan Carter a eu néanmoins une autre opportunité de disputer la Heineken Champions Cup un peu plus tard – alors qu'il avait été sacré par deux fois champion du monde avec les All Blacks en 2011 et 2015 – sous les couleurs du Racing 92. Le club parisien s'est hissé en finale en 2016, mais ce jour-là Carter a été éclipsé par son vis-à-vis Owen Farrell qui a tapé sept pénalités lors de la victoire 21-9 à Lyon.

Les All Blacks Chris Masoe (Toulon), Byron Kelleher (Toulouse) et Jamison Gibson Park (Leinster) ont tous remporté la Heineken Champions Cup, mais jamais la Coupe du Monde de Rugby.

Brad Thorn a tiré le rideau sur une brillante carrière de 59 sélections lorsque la Nouvelle-Zélande a mis fin à une attente de 24 années avant de s'emparer de la Webb Ellis Cup chez elle. L'année suivante, il soulevait la Heineken Champions Cup avec le Leinster. A 37 ans, il était le joueur le plus âgé à disputer ce tournoi.

Le contingent anglais

Le Toulonnais d'adoption Matt Giteau a été le produit d'export de l'Australie qui a connu le plus de succès en Heineken Champions Cup. Mais sa carrière internationale, ainsi que celle de son coéquipier toulonnais Drew Mitchell et du trio du Leinster - Rocky Elsom, Chris Whitaker (tous deux en 2009) et Scott Fardy (2018) - ont suivi la dernière des victoires des Wallabies en Coupe du Monde de Rugby en 1999.

Pat Howard, vainqueur de l'édition 2001, a gagné la dernière de ses 20 sélections avec les Wallabies deux ans avant que l'Australie ne mette la main sur la Webb Ellis Cup pour la deuxième fois à la fin du millénaire.

Beaucoup de ses coéquipiers de Leicester de cette époque-là ont constitué le noyau dur de l'Angleterre championne du monde en 2003 en Australie avec leur capitaine Martin Johnson. Ben Kay, Neil Back et Lewis Moody se trouvaient sur l'île continent à ce moment-là tandis que Martin Corry et Dorian West avaient juste intégré le groupe de préparation.

Les Wasps, avec les champions du monde 2003 Lawrence Dallaglio, Josh Lewsey, Simon Shaw et Joe Worsley sont ensuite devenus la force dominante du rugby en Europe, les quatre jouant pour le club lorsqu'il a gagné les éditions 2004 et 2007. Le pilier Phil Vickery se trouvait dans l'équipe qui a battu les Tigers à Twickenham la seconde fois.

Matt Dawson, Paul Grayson et l'ailier Ben Cohen ont goûté eux aussi au succès avec les Northampton Saints en 2000 avant d'être sacrés champions du monde trois ans plus tard. Avec Newcastle, Jonny Wilkinson n'a jamais connu la gloire en Heineken Champions Cup. Il a dû attendre les dernières années de sa carrière pour y parvenir avec Toulon, en 2013 et 2014.

Enfin, Mike Catt, autre champion du monde en 2003, jouait avec Bath quand le groupe est devenu le premier club anglais à être champion d'Europe en 1998.

Selon nos calculs, on ne compte que vingt joueurs – dont la moitié sont anglais - dans le quart de siècle d'existence de la Heineken Champions Cup à également avoir été champions du monde. Bientôt, on saura si Kolbe ou Koch intégreront ce club.