C'est une histoire de rugby, donc une histoire humaine. Celle-ci remonte en 2014 lorsque Laurence Haxaire, entrepreneuse dynamique multi-cartes et multi-skills, se rend au Bénin. Basketteuse et handballeuse à la base, elle vit pourtant en Ovalie, à Bordeaux. A Cotonou, elle rencontre par hasard Hermann Gangnihessou qui entraîne alors des jeunes des rues. Ils en sont convaincus tous les deux : par les valeurs qu'il véhicule, le rugby peut aider à sortir les enfants des rues.

Dans l'un des pays les plus pauvres d'Afrique, le taux d'illettrisme frôle les 50% et beaucoup d'enfants sont obligés d'aller travailler plutôt que d'aller à l'école.

« Le rugby est considéré comme un refuge ; c'est le sport qui va rythmer leur semaine », indique Pierre-Jean Fasan, un des portes-paroles de Rugby Pour Tous. Par les efforts et après six années d'existence, le rugby est devenu un outil de développement social pour plus de 200 enfants des rues de Cotonou.

Fin août, grâce à Rugby Afrique, ils ont pu bénéficier de dons (argent, gel et masques) pour aider à lutter contre la pandémie de Covid-19. Au début de l'été, l'association avait également formé ses jeunes aux règles sanitaires basiques pour éviter la propagation.

« Lorsqu'un enfant est malade et qu'il n'a rien, on lui donne quelque chose pour aller se soigner, c'est aussi simple que ça. Quand on a des fonds, on peut faire plein de choses », sourit Pierre-Jean Fasan.

Des valeurs pour grandir

Car même si les entraînements sont à l'arrêt depuis la fin mars, la solidarité rugbystique ne s'arrête pas aux limites d'un terrain. C'est aussi le credo de Hermann Gangnihessou, le président de l'association.

Hermann est un passionné de rugby qui a même joué au haut niveau pour le Bénin, nation affiliée à Rugby Afrique, mais pas à World Rugby. Troisième ligne gauche de l'équipe nationale, plaqueur reconnu, il ne vit, encore aujourd'hui, que pour le rugby. « Le rugby, c'est toute sa vie », disent ceux qui le connaissent bien. « Il fera toujours des entraînements, même s'il ne gagne rien avec ça. »

Toutes les semaines, il entraîne des filles et des garçons de la rue à Cotonou. Et grâce au rugby, il arrive à transmettre les valeurs destinées à les faire grandir et à se débrouiller : fraternité, solidarité, discipline, loyauté et respect.

Une marraine de choix : Camille Grassineau

Grâce à l'association, le rugby a pu décrocher son agrément pour être dispensé dans les établissements scolaires au début de l'année. « Comme nous ne maîtrisons pas complètement les règles, on essaie de télécharger les entraînements sur des applications web. Ensuite, nous les visionnons avec nos joueurs avant de mettre en pratique. Pour faire les plots de marquage au sol, nous avons acheté des plastiques et entonnoirs au marché », explique Sylvie, une enseignante, qui a fondé le Vipère rugbyclub dans un des quartiers de la capitale.

Dans un souci de montrer l'exemple, Rugby Pour Tous compte une marraine de talent : l'internationale française Camille Grassineau. « Elle est un modèle pour les filles et elle se rend très disponible par WhatsApp où elle leur donne des conseils », salue-t-on au sein de l'association.

Mais au-delà du sport, l'association joue également un rôle social important auprès des enfants. « Lorsqu'un enfant est malade et qu'il n'a rien, on lui donne quelque chose pour aller se soigner, c'est aussi simple que ça. Quand on a des fonds, on peut faire plein de choses », sourit Pierre-Jean Fasan.