Alors que le rugby commençait à revivre en Uruguay après une parenthèse de quatre mois de Covid-19, Andrés Vilaseca a été confirmé à la tête de los Teros pour mener l'Uruguay à une troisième Coupe du Monde de Rugby consécutive, en France en 2023.

Il est le seul joueur de l'équipe à avoir disputé chaque match des deux dernières Coupes du Monde de Rugby, ne manquant que les dix dernières minutes du match contre l'Australie au Japon. Capé pour la première fois en 2013, il totalise 59 sélections à ce jour.

Focus sur France 2023

Le sélectionneur Esteban Meneses et le directeur de la haute performance Guzmán Barreiro ont jeté leur dévolu sur le trois-quart pour son aura au sein de l'équipe, son approche du jeu et ses qualités de leadership.

« C'est un grand honneur quand ils m'ont proposé », explique Andrés Vilaseca depuis Montevideo. « Je resterais moi-même. Chaque capitaine a sa propre méthode et je ne suis pas quelqu'un qui parle beaucoup. Je suis quelqu'un d'assez posé et je pense réussir à transmettre de la sérénité dans l'équipe. »

Andrés Vilaseca l'admet, son surnom de Fatiga – fatigue – n'est pas usurpé. « Je le traîne depuis que je suis gamin parce qu'il fallait qu'on me tire du lit pour aller jouer », rigole-t-il aujourd'hui.

« Mais si l'équipe travaille dur et qu'elle est convaincue de ce qu'il faut faire, alors le capitaine n'a besoin que de prendre quelques décisions. Je sais que je peux compter sur plusieurs leaders dans le groupe », dit-il en évoquant Alejandro Nieto, Santiago Civetta, Nicolás Freitas, Ignacio Dotti ou encore Rodrigo Silva. « Tous, nous commençons à travailler pour notre prochain objectif : France 2023. »

Auteur d'un doublé contre le Canada pour décrocher son billet pour le Japon à Montevideo, Andrés Vilaseca se souvient de la première fois où l'actuel sélectionneur Meneses a été présenté à l'équipe en janvier 2016.

« Il a été très clair : d'abord se qualifier pour la Coupe du Monde de Rugby 2019. Ensuite, lorsque les poules ont été tirées au sort, nous connaissions nos prochains objectifs : battre les Fidji et la Géorgie. »

« C'était notre feuille de route », confirme le désormais ancien capitaine Juan Manuel Gaminara. « Nous, les joueurs, nous avons fait tout ce qui était possible de faire pour relever le défi. La fédération uruguayenne de rugby nous a beaucoup aidé et le centre de haute performance de Charrúa a été un excellent lieu où on a pu travailler. »

Un héritage familial

Gaminara avait pris la suite de Santiago Vilasca qui avait été capitaine de los Teros pour la Coupe du Monde de Rugby 2015. « C'était très bien de l'avoir comme capitaine », confie Andrés Vilaseca, sept ans plus jeune que son frère.

Son père est décédé en 2009 et aurait été si fier de voir ses enfants participer au plus grand tournoi de rugby au monde. « Il ne jouait pas au rugby, mais il était un grand fan », se souvient Andrés.

Les frères Vilaseca et Gaminara ont grandi à la British Schools de Montevideo et ont évolué au Old Boys Club. « C'était une grande fierté. Ils nous ont enseigné les vraies valeurs du rugby. »

Expérience en Coupe du Monde

Les deux dernières Coupes du Monde de Rugby ont été différentes. « 2015, c'était encore l'inconnu. Mais en 2016, nous avions déjà de l'expérience et on savait ce qu'il fallait faire pour être encore plus compétitifs. Les joueurs se sont préparés encore mieux et Meneses nous a beaucoup motivé, il nous a donné de nouvelles directions. Et une fois que tout ça a été intégré, tout a été plus simple », explique Andrés Vilaseca.

L'expérience du conseiller Craig White et du préparateur mental Juan José Grande ont constitué un apport indéniable pour le tournoi 2019 et spécifiquement lors de la plus grande victoire de l'équipe, contre les Fidji à Kamaishi. « Ce qu'ils ont fait a été phénoménal », insiste Juan Manuel Gaminara.

« Contre l'Australie et le pays de Galles, nous étions convaincus que l'on pouvait rivaliser et beaucoup d'entre nous ont été brillants. Mais le match contre les Wallabies à Oita a été le plus difficile des huit matches de Coupe du Monde dans lesquels j'ai joué. »

Un nouveau défi

Le défi qui s'annonce désormais pour le nouveau capitaine est énorme. « Andrés incarne les valeurs qui nous sont importantes : la discipline, le sacrifice, l'humilité et l'excellence. Il comprend ce dont a besoin un joueur pour tirer le meilleur de lui-même », analyse le sélectionneur Meneses.

De son côté, Sudamérica Rugby travaille à la possibilité d'organiser un championnat régional en octobre. Et avec cette échéance en vue, Meneses n'a pas attendu avant de nommer le successeur de Gaminara. « Pour entamer un nouveau cycle, nous avions besoin d'un nouveau capitaine et d'un groupe de leaders. Et pour cela, le plus tôt était le mieux », dit-il.