Avant le match des fiertés entre la section féminine des Harlequins et les London Irish en février dernier, on a demandé à Zoe Saynor si elle pouvait prendre la parole avec d'autres juste avant la rencontre.

En tant que maître de conférence à l'université de Portsmouth et deuxième-ligne des Harlequins, elle n'a eu aucun mal à parler en public. En revanche, s'asseoir au milieu du panel rassemblé à cette occasion lui a rappelé des souvenirs enfouis.

A ses côtés se trouvaient d'autres personnalités dont l'ancien joueur Simon Miall, qui a fait son coming-out au moment de raccrocher les crampons, Lord Robert Hayward, l'arbitre Craig Maxwell-Keys, l'ancien manager de la diversité à Sport England Jamie Hooper et le commentateur Nick Heath. Tous ont partagé leurs histoires.

« Ça m'a fait beaucoup réfléchir avant parce que nous tenons beaucoup pour acquis, en fait - surtout dans le rugby féminin - que l'inclusion est un état de fait », raconte l'ancienne internationale à World Rugby.

« Être gay dans cet environnement n'est plus une grosse affaire de nos jours. Et cela témoigne du chemin parcouru. Mais, j'ai beaucoup réfléchi avant ça sur le sens de mon histoire, sur mon coming-out, comment c'était pour les mecs en particulier il y a encore quelques années et comment les choses ont évolué depuis.

« Donc non, je n'étais pas tellement nerveuse de parler devant tous ces gens, mais c'est le sujet qui l'était. J'étais un peu nerveuse de partager mon histoire, de partager mon expérience. »

Son coming-out

Zoe a fait son coming-out lorsqu'elle était encore scolarisée et, à en croire cette grande jeune fille de 32 ans maintenant, ses parents ont mis « un certain temps à digérer et à accepter ».

En grandissant dans une commune rurale du nord du pays de Galles, Zoe Saynor n'a pas trouvé beaucoup de personnes comme elle dans son entourage et ce n'est qu'au moment d'aller à l'université et qu'elle a commencé à jouer, qu'elle s'est sentie acceptée comme elle était.

Zoe est heureuse de dire qu'aujourd'hui que la situation avec ses parents est apaisée et que la relation qu'ils entretiennent avec sa compagne est forte. C'est toute son histoire qu'elle a en fait voulu partager à l'occasion de ce match des fiertés.

« Ça n'a pas été super facile tout le temps, mais maintenant ils ont accepté ma situation », dit-elle, soulagée. « Et si mon expérience, mon histoire, a pu rendre service à quelqu'un qui était dans la même situation que moi, alors c'est gagné.

« En ce qui me concerne, être impliquée dans tout ce qui a à voir avec la fierté, ce match en particulier avec les Quins et les autres, a compté beaucoup car ça a permis de porter ce sujet à l'attention des gens et de les sensibiliser. »

Avant cette rencontre, la Harlequins Foundation et la Monash University avaient rendu publics les résultats d'une étude sur l'homophobie en club. 275 joueurs et joueuses, entre 16 et 42 ans, issus de huit clubs du sud de l'Angleterre ont été sondés.

Pour voir s'ouvrir aux autres

Il en est ressorti que 69% des joueurs avouent qu'ils ont entendu leurs coéquipiers avoir des expressions homophobes dans les deux semaines précédant ce sondage.

Sur la totalité des répondants, 42% ont admis utiliser eux-mêmes ce type de langage pendant le même laps de temps. Les deux tiers ont pourtant au moins un bon ami gay et 69% souhaitent que ce genre d'insultes n'aient plus cours.

Des cadres des Harlequins, tels que Chris Robshaw, Danny Care ou Joe Marler, ont pris la parole pour apporter leur soutien au club dans le but de créer un environnement sain pour la communauté LGBTQ+.

« On souhaite que le rugby soit un sport inclusif dans toutes ses composantes ; j'aimerais que les gens se sentent libres de s'ouvrir aux autres », a expliqué Danny Care récemment. « Si un jeune de l'Académie intègre le groupe et s'il est gay, je souhaite qu'il se sente suffisamment à l'aise pour parler ouvertement à tout le monde. »

« Ce n'est pas qu'un truc des filles, c'est un sujet qui concerne l'ensemble des équipes des Harlequins », insiste Zoe Saynor. « C'est un club incroyable pour s'impliquer autant et d'avoir participé à ce match était absolument fantastique. C'était un jour formidable. C'était incroyable de voir tous les fans impliqués. »