L'ancien deuxième-ligne international Simon Raiwalui, 45 ans, a été nommé manager de la haute performance à Fiji Rugby en janvier 2020 et l'une de ses priorités est de renforcer l'égalité hommes femmes dans les différents programmes. A ce titre, le lancement de l'académie féminine de haute performance de la fédération fidjienne de rugby la semaine passée est un grand pas en avant.

Elle rassemble les trente meilleures joueuses du pays non seulement avec l'objectif de les préparer du mieux possible à leur toute première participation à la Coupe du Monde de Rugby 2021 en Nouvelle-Zélande, mais aussi pour combattre les stéréotypes qui ont toujours cours dans l'archipel.
L'académie ne sera pas traitée différemment que celle des garçons, financièrement parlant, mais aussi en termes de niveau d'entraînement, d'assistance médicale et d'accompagnement en dehors des terrains.

« Lorsque je suis arrivé, je voulais que tous les programmes soient considérés avec la même importance et celui qui était un peu en retrait par rapport aux autres était le programme féminin », explique Simon Raiwalui.

« La pandémie de Covid-19 n'a pas aidé non plus, mais je suis très fier d'en être arrivé là où nous en sommes aujourd'hui, vu les circonstances et grâce au travail de toute l'équipe. C'est une superbe opportunité qui est offerte aux filles, mais aussi au sport féminin dans son ensemble. Arriver à développer l'inclusion dans tous nos programmes est une vraie chance. »

S'adapter aux talents divers

La première promotion de l'académie a été sélectionnée en fonction des observations de différents entraîneurs, à la fois auprès des filles et des garçons. « Nous avons décidé de mélanger des talents confirmés et des jeunes filles qui ont du potentiel », relève Simon.

« Nous avons choisi trente filles en fonction de cela. Comme pour tous les programmes, nous souhaitons compter sur les meilleures filles. Elles ont une chance de se faire une place à leur poste de référence, mais avec les compétitions qui reprennent, nous regardons aussi pour voir s'il n'y a pas d'autres talents qui pourraient les mettre en danger. »

Le groupe se réunira une fois par mois à Suva pour un stage de deux jours, puis suivra deux sessions de rugby et de préparation physique chaque semaine dans leur région respective.

« Il y a des profils très divers dans ce groupe. Nous avons des filles de 17 ans qui sont encore à l'école, mais aussi des femmes qui sont des mères de famille ; ça fait partie du jeu », explique Simon Raiwalui. « Nous devons faciliter les entraînements pour toutes ces joueuses. Parfois, on est obligé de démarrer à 5h30 du matin juste avant que certaines aillent au travail. D'autres fois, on doit s'entraîner tard parce que beaucoup ne sont pas encore sorties de l'école.

« Le plus dur, c'est de commencer. C'est sûr que tout ne va pas se faire du jour au lendemain, que ça va être difficile, mais l'idée est de permettre aux jeunes filles de pratiquer et de faire passer le message dans chaque village, dans chaque école qu'un jour elles aussi peuvent rejoindre les Fijiana et faire carrière.

« On veut aussi que les filles s'améliorent sur le terrain. Si elles veulent suivre leurs études en même temps, on les aide. Si elles veulent travailler, on est là pour elles aussi. Et si elles veulent entraîner à leur tour, on peut toujours dégager des opportunités pour elles. Je pense que ce passage est important. On doit y aller par étape. »

Préparer la place pour la prochaine génération

Le succès de l'académie ne se jugera pas aux résultats obtenus sur la Coupe du Monde de Rugby 2021. C'est un projet à long terme pour développer un groupe de joueuses pros aux Fidji.

La qualification contre les Samoa en décembre 2019 leur a déjà donné un aperçu de ce qui les attend au plus haut niveau. « Participer à ce programme, c'est construire sur la confiance, mettre en place une équipe de qualité, les préparer du mieux possible et les mettre dans les meilleures conditions pour réussir », martèle Simon Raiwalui qui lui-même avait participé à la Coupe du Monde de Rugby 1999.

« Elles veulent tracer la voie et déjà préparer la place pour la prochaine génération. Il n'y a aucun intérêt à aller en Nouvelle-Zélande en spectateurs. On veut performer et montrer qu'on existe. Ça va demander beaucoup de travail parce qu'on est au début du programme, mais tout le monde est déterminé et engagé à réussir. »