Même 20 ans après, Alana Thomas se souvient très bien de ce coup de fil reçu chez elle alors qu'elle était en première année à l'université. Elle avait déjà tâté du ballon rond en netball lorsqu'une paire de joueuses de rugby, qui la regardaient jouer depuis le bord du terrain, ont observé qu'elle se débrouillait sacrément bien et l'ont appelé pour lui proposer de les rejoindre.

« Au netball, j'étais dans ma période sans contact », explique à World Rugby celle qui a également joué au rugby à XIII et au rugby toucher en grandissant. Malgré tout, elle n'a pas vu pourquoi elle ne tenterait pas l'aventure à XV.

Ses parents, qui avaient une ferme à Glen Innes dans le nord de la Nouvelle-Galles -du-Sud, l'ont vivement encouragée à sauter le pas. « Je suis allée à un entraînement et j'ai adoré ; ça s'est fait comme ça. J'ai appelé mes parents pour qu'ils me prêtent de l'argent pour acheter des crampons et ils n'y croyaient pas trop », se souvient-elle. On est en 2001 et Alana a sauté à pieds joints dans le monde du rugby.

Ses deux meilleurs moments

L'argent est arrivée vite fait, Alana a pu s'acheter ses crampons et tout s'est enchaîné. Cinq ans plus tard, elle était joueuse internationale et a fait partie de l'équipe des Wallaroos pour disputer la Coupe du Monde de Rugby 2006 au Canada.

A Edmonton pour commencer, Alana, placée à l'ouverture, a essuyé une défaite face à la France en match de poule. Elle était remplaçante pour la demi-finale pour la cinquième place perdue face aux USA, mais la victoire contre l'Irlande pour finir 7e du tournoi reste un des grands moments de sa carrière de joueuse.

« L'Irlande a été probablement notre meilleur adversaire et les battre pour la 7e place a été fantastique », dit-elle.

Son deuxième grand moment est arrivée deux ans plus tard lorsque l'Australie a accueilli la Nouvelle-Zélande pour deux tests à Canberra. C'était alors la première fois qu'Alana jouait pour son pays, chez elle. « Ça m'a fait un drôle d'effet de jouer à domicile, de représenter mon pays devant ma famille et mes amis qui m'ont toujours soutenue », admet-elle.

Une proposition de Rugby Australia

Il y a près de cinq ans, lorsqu'il était temps pour Alana de raccrocher, elle a tout fait pour rester dans le monde du rugby afin d'aider d'autres filles à profiter des opportunités et avec qui partager son expérience personnelle. Elle avait commencé à servir en quelque sorte de mentor à ses plus jeunes coéquipières de club, les arrières et les buteuses. Et en 2015, Rugby Australia l'a invitée à participer à un programme de développement.

« J'ai eu beaucoup de chance en tant que joueuse de représenter mon pays. On a vécu des moments magnifiques, je me suis fait beaucoup d'amies et ça m'a permis de voyager dans le monde entier pour jouer au rugby », explique-t-elle.

« Et pour toutes ces raisons je voulais rester dans le rugby et continuer à développer le rugby australien. C'était très important pour moi. Alors j'ai eu cette opportunité et je me suis dit que c'était le moment de rendre ce qu'on m'avait donné. J'étais très excitée, comme quand je jouais. Je voulais rester dans l'environnement des Wallaroos, mais en tant que coach. »

Un quotidien dans un environnement de haute performance

Alana Thomas a rejoint le staff des Melbourne Rebels pour monter une équipe féminine en avril 2016 et 20 mois plus tard elle était promue entraîneuse.

A 38 ans, elle a atteint son objectif de garder un pied chez les Wallaroos. En novembre 2019, elle s'est rendue à l'Oceania Rugby Women’s Championship aux Fidji avec Australie A en tant qu'assistante de l'entraîneuse principale Moana Virtue.

Et à cette occasion, elle a retrouvé une paire de participantes avec qui elle était à l'académie mondiale de haute performance réservée aux femmes à Stellebosch quelques temps auparavant. « C'était comme une réunion d'anciennes », sourit-elle. « Il y avait des préparatrices physiques, des entraîneuses, des officielles de match. C'était génial de voir la progression de chacune, de voir comment elles avaient évolué avec leur équipe nationale, de partager nos expériences et de faire un point sur ce qu'on avait tiré de Stellenbosch. »

A ce moment-là, Alana Thomas avait également commencé à suivre des cours intensifs à l'Australian Institute of Sport sur la haute performance féminine. Elle travaille pour le Victorian Institute of Sport depuis mai 2016 qui lui permet de remplir ses engagements par ailleurs.

« J'ai des super patrons », affirme-t-elle. « L'année dernière, ils m'ont permis d'aller à Stellenbosh, puis aux Fidji, à Perth avec les Wallaroos et aussi de suivre les cours à l'AIS. Ils sont très accommodants.

« Me retrouver toute la journée dans un environnement de haute performance, être entourée de champions olympiques, de champions du monde de gym, d'échanger avec les meilleurs entraîneurs, c'est plus que je rêvais. Pas seulement d'un point de vue professionnel, mais de mon point de vue d'entraîneuse. »