Il s'agit, à en croire l'ancienne capitaine des Black Ferns Melissa Ruscoe, d’une relation « je t'aime, moi non plus ».

La Nouvelle-Zélande a battu l'Angleterre lors de chacune de ses cinq victoires en Coupe du Monde de Rugby, depuis une victoire 44-11 en demi-finale à Amsterdam en 1998.

Il manque encore aux Red Roses de battre les Black Ferns dans le tournoi mondial. L'Angleterre a accédé à chacune des cinq dernières finales, mais lors de quatre d'entre elles, y compris la première, il y a 20 ans, le 25 mai 2002, la Nouvelle-Zélande lui a bloqué le chemin de la gloire.

L'Angleterre a remporté la Coupe du Monde de Rugby en 2014, son deuxième titre après 1994, mais ses adversaires avaient été éliminées en phase de poule.

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L'Irlande avait assommé la Nouvelle-Zélande à Paris, mais c'est techniquement l'Angleterre qui a porté le coup fatal aux espoirs des Black Ferns, en concédant un match nul 13-13 contre le Canada qui avait envoyé les deux équipes en demi-finale.

« Dans un sens, j'étais déçue car ce sont elles qui nous avaient coiffées au poteau lors des deux précédentes Coupes du Monde », se souvient Danielle Waterman, championne du monde de rugby en 2014.

L'Angleterre se rendra en Nouvelle-Zélande un peu plus tard cette année, pleine de confiance car elle affiche une série de 23 matchs gagnés, comprenant deux victoires historiques contre les Black Ferns. À moins de cinq mois de la Coupe du Monde de Rugby 2021, qui se déroulera en 2022, retour sur la rivalité qui a façonné le tournoi féminin.

La Nouvelle-Zélande motivée par la réussite

« Nous étions plus motivées pour faire mieux lors de la Coupe du Monde 1998 parce que c'était la première Coupe du Monde officiellement homologuée », se souvient Farah Palmer, ancienne capitaine des Black Ferns et désormais intronisée au Hall of Fame de World Rugby.

La Nouvelle-Zélande n'avait pas participé à la Coupe du Monde de Rugby 1994 en Écosse, où l'Angleterre avait battu les États-Unis 38-23 en finale pour remporter son premier titre, et elle était déterminée à rattraper le temps perdu.

Les victoires sur l'Allemagne, l'Écosse et l'Espagne ont permis aux Néo-Zélandaises d'affronter les championnes en titre en quart de finale au National Rugby Centre d'Amsterdam.

Des essais de Vanessa Cootes (2), Annaleah Rush (2), Anna Richards et Kellie Kiwi avaient propulsé la Nouvelle-Zélande en finale, où les États-Unis s'étaient inclinés 44-12.

Quatre ans plus tard, en 2002 à Barcelone, l'Angleterre, qui avait enregistré sa première victoire contre la Nouvelle-Zélande un an auparavant, est retournée en finale, où ses adversaires l'attendaient.

Devant 8 000 spectateurs à l'Estadi Olímpic de Montjuic, des essais de Monique Hirovanaa et Cheryl Waaka ont permis à la Nouvelle-Zélande de s'imposer 19-9 et de remporter sa deuxième Coupe du Monde de Rugby consécutive.

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L'Angleterre pensait qu'elle progressait, et les Red Roses allaient passer tout près lors de la rencontre suivante en Coupe du Monde de Rugby.

Menées 20-10 à quelques secondes de la fin de la finale, Helen Clayton déposa un ballon pour redonner de l'espoir à l'Angleterre, avant que Shelley Rae ne manque la transformation.

L'Angleterre réussit à reprendre la possession du ballon et progressa vers le camp néo-zélandais lorsque le ballon se déroba et que la vitesse de Stephanie Mortimer créa l'espace nécessaire à Amiria Rule pour marquer l'essai gagnant.

« Ce sont les meilleurs matchs à gagner, quand vous savez que les deux équipes ont tout donné », reconnaît Farah Palmer. 

« Les deux équipes se livraient une lutte acharnée et essayaient de trouver les failles. Quand je me suis relevée de la mêlée et que j'ai vu Amiria [Rule] sur la ligne de touche, j'ai pensé : "Dieu merci, parce que ça aurait pu être l'inverse". »

Puiser au plus profond

Passer si près du but ne fut pas une consolation pour l'Angleterre, comme le rappelle Sue Day : « Tous les cycles de quatre ans, on se demandait comment on allait gagner cette Coupe du monde. Comment être les plus performantes possibles pour s'entraîner et gagner la Coupe du monde ? 

« D’ailleurs, j'ai deux médailles d'argent de la Coupe du monde dans une boîte quelque part dans le grenier, qui ne sortent pas très souvent. »

L'Angleterre a eu une nouvelle chance de se refaire au Twickenham Stoop en 2010, alors que les deux équipes ont une nouvelle fois réussi à se frayer un chemin jusqu'à la finale.

Une foule passionnée de 13 253 personnes avait envahi le stade des Harlequins. Mais, malgré les expulsions d'Anna Richards, de Mel Bosman et de la capitaine Melissa Ruscoe, la Nouvelle-Zélande a fini par s'imposer 13-10.

« Nous avons dû puiser dans nos ressources », se souvient Ruscoe. « Nous savions que nous ne pouvions pas jouer sur notre ligne de cinq mètres, nous devions être à l'autre bout du terrain autant que possible. 

« Et le fait d'avoir le contrôle pour garder le ballon loin de notre ligne a probablement fait monter la frustration et la pression sur l'Angleterre. »

Une partie de cette pression a été allégée en 2014, lorsque l'Angleterre a battu le Canada 21-9 pour remporter son deuxième titre de la Coupe du Monde de Rugby.

Mais l'histoire s'est répétée à Belfast trois ans plus tard. L'Angleterre avait battu les Black Ferns en Nouvelle-Zélande un peu plus de deux mois avant la finale au Kingspan Stadium.

Cependant, le classique a été vite réglé par la pilier Toka Natua, dont le triplé a permis à la Nouvelle-Zélande de s'imposer 41-32.

« Ce fut un grand moment », se souvient la demie de mêlée des Black Ferns, Kendra Cocksedge, à propos de cette victoire. 

« J'avais participé à la Coupe du monde 2010 quand nous avons gagné, et aussi de 2014 quand l'Irlande nous avait battues et nous avait éliminées. Donc pour gommer ce souvenir, nous sommes allées en Irlande et c'est la raison pour laquelle nous avons gagné. 

« Nous, les plus anciennes qui étions là en 2014, nous avions un travail à faire et c'est ce qui s’est passé. La motivation était donc très forte. Le fait de pouvoir revivre ça maintenant à la maison est vraiment cool. »