Il y a deux images qui viennent en tête immédiatement dès que l'on évoque Diego Ormaechea, le seul Uruguayen à être entré au World Rugby Hall of Fame. Intronisé en novembre 2019 à Tokyo, au lendemain du triomphe des Springboks à la Coupe du Monde de Rugby 2019, Diego Ormaechea a consacré sa carrière au rugby avec passion.

La première image, c'est de le voir porté sur les épaules de ses pairs à la fin de la première des quatre Coupes du Monde de Rugby auxquelles l'Uruguay a participé, lors de son dernier match en 1999. La seconde, ce sont des scènes de joie depuis la cabine du staff au troisième essai de l'Uruguay contre la Géorgie quatre ans plus tard.

En 1999, Diego Ormaechea est devenu le joueur le plus âgé à jouer en Coupe du Monde de Rugby et il apparaît qu'il va tenir ce record pendant un moment. C'est lui, numéro 8 de 40 ans, qui a marqué le premier essai de l'Uruguay en Coupe du Monde de Rugby, poussant derrière la mêlée contre l'Espagne.

« Un ami argentin, l'ancien coach des Pumas Emilio Perasso, nous avait conseillé de profiter de chaque instant », se rappelle Ormaechea dont l'équipe avait dû battre le Portugal et le Maroc pour se qualifier. « Et ce conseil nous a déstressé. J'ai failli raccrocher les crampons une paire de fois, mais à chaque fois on m'a rattrapé. Je n'avais jamais pensé jouer en Coupe du monde, mais après le match contre le Maroc, leur coach Daniel Dubroca, lui-même ancien finaliste en RWC avec la France, a insisté pour que j'aille à la RWC 1999. »

De joueur à entraîneur

Et Diego a suivi ce bon conseil. Il a été le premier à inscrire son nom de famille dans l'histoire de la Coupe du Monde de Rugby. Un nom qui apparaît sur quatre éditions. D'abord avec Diego, puis avec ses enfants Agustin et Juan Diego.

Sa première cap, Diego la gagne le 9 octobre 1979 contre le Paraguay. 20 ans et six jours plus tard, il jouera son dernier match contre l'Afrique du Sud. Sa longue carrière ne s'est pourtant pas arrêtée là puisqu'il a poursuivi en tant qu'entraîneur.

« Être le joueur le plus âgé d'une Coupe du Monde est anecdotique », dit-il. « J'ai toujours tenu à être pro dans tout ce que je faisais. Vous êtes le seul à savoir si vous avez votre place quelque part ou non. Jusqu'à la fin on a eu une grosse préparation. Tenir à 0 partout contre les Springboks pendant une demi-heure, c'est pas mal, non ? »

Ce match fut son dernier avec los Teros, mais il a joué deux ans de plus avec son club. Et c'est à la fin de l'année 2001 qu'il lui a été demandé s'il pouvait entraîner l'Uruguay en vue d'une tournée au pays de Galles... avant la qualification pour la RWC 2003 en Australie.

« Cette équipe a commencé à se former en 1999, mais l'approche avait été différente, plus physique », se souvient-il. L'Uruguay avait commencé sa campagne en vue de la qualification par trois défaites mais l'a terminée par trois victoires à Montevideo. « Il n'y avait pas mieux que fêter la qualification à la maison », assure-t-il.

Le flambeau transmis à ses enfants

Ce tournoi en Australie a clairement mis en exergue la différence entre rugby amateur et rugby professionnel. Et là où l'Uruguay a eu le plus de chance, c'est quand elle a joué face à une équipe à son niveau : la Géorgie.

« Ça a été une soirée exceptionnelle. On avait toujours mis la Géorgie en tête de liste de nos ambitions et on a réussi à les battre. »

Même retiré des terrains, Diego n'est pas resté loin. En 2015, il accompagne son fils Agustin en Angleterre. Quelques jours plus tôt, il fait partie des 20 plus grands internationaux à parader pendant la cérémonie d'ouverture. Et quatre ans plus tard, ça a été au tour de Juan Diego de disputer une Coupe du Monde, au Japon en 2019.

Diego se trouvait à Kamaishi lorsque l'Uruguay est entré dans l'histoire avec sa victoire sur les Fidji.

« Le rôle d'un père est de soutenir ses enfants », dit-il plein de fierté. « Je n'ai pas de stress lorsqu'ils jouent. Lorsque vous jouez, vous pouvez faire sortir cette énergie. Mais lorsque vous entraînez, c'est là où vous souffrez le plus. »

Un mois plus tard, il retournait au Japon pour faire officiellement son entrée au World Rugby hall of Fame. « Cet honneur qui m'a été fait, je l'ai pris pour le rugby uruguayen dans son ensemble. Je ne le vois pas comme une reconnaissance de ma carrière, mais du rugby uruguayen. » Ainsi parle Diego Ormaechea.