« Si nous levons le pied, si on ne joue pas comme il faudrait, que notre record de victoires tombe et qu'on ne transforme pas l'essai, je crains que l'on fasse les mêmes erreurs qu'après 1995 et 2007. »

Ce sont les mots de Rassie Erasmus, coach des Springboks champions du monde au Japon en 2019 et actuel Directeur du Rugby à la fédération sud-africaine de rugby alors qu'il s'exprimait au début du mois de mai sur le podcast de la fédé. Ses mots résonnent d'une façon particulière au moment où Erasmus doit passer le relais à son adjoint Jacques Nienaber, nommé nouvel entraîneur des Springboks.

En 1995, le classement mondial World Rugby n'existait pas encore. Mais le règne des champions du monde avait fondu comme neige au soleil avec uniquement une seule victoire en quatre rencontres des Tri-Nations l'année suivante .

En 2007, le classement était déjà ancré dans les esprits depuis quatre ans et l'Angleterre avait déjà expérimenté, à ses dépens, le fait que la chance pouvait très vite changer de monture.

Suite à la retraite de son capitaine Martin Johnson et d'un certain nombre de ses grognards, l'Angleterre a chuté de la première à la troisième place dans les douze mois qui ont suivi son sacre en Australie en 2003, puis à la sixième place l'année suivante. Sur une période de deux ans, les Anglais ont perdu 7,43 points au classement mondial, passant d'un pic à 90,24 à un score de 82,81.

Sous le règne de Pieter de Villiers

Dans le même temps, l'incapacité de l'Afrique du Sud de construire sur son succès en France en 2007 a coïncidé avec la période contrastée que les Springboks ont traversé alors que Pieter de Villiers était aux commandes.

Au début des quatre années au cours desquelles il a été en poste, entre 2008 et 2012, De Villiers a mené son équipe vers une victoire contre les British & Irish Lions en 2009, a remporté le Tri-Nations la même année avec un taux de victoire de 47% contre les All Blacks.

Pourtant, seulement deux victoires dans ses six premières rencontres du Tri-Nations – même si l'une d'elle était la fameuse contre la Nouvelle-Zélande à Dunedin – ont entraîné l'Afrique du Sud vers des abysses du classement, perdant 3,06 points dans les douze mois suivants le triomphe au Stade de France. A titre de comparaison, sur cette même période, l'Angleterre n'avait perdu « que » 2,94 points l'année suivante leur victoire à Sydney.

Grâce à une amélioration des résultats sous de Villiers, il n'a pas fallu longtemps pour que les Springboks reprennent à la Nouvelle-Zélande leur place de numéro un au classement mondial, remontant à 91,70 points, presque un point de plus qu'au moment de leur couronnement en 2007.

Les All Blacks indétrônables entre 2011 et 2015

De son côté, la Nouvelle-Zélande a au contraire vécu une période faste et régulière pendant quatre ans, entre les deux Coupes du Monde de Rugby qu'elle a brillamment remporté en 2011 et 2015.

En refusant à quiconque le droit et la possibilité de les déloger de leur trône, les All Blacks ont cumulé 42 victoires, dont une série de 17 d'affilée. Rien que dans l'année qui a suivi la première de ces deux victoires successives en 2011, ils ont creusé l'écart au sommet du classement mondial avec l'Australie par 6,54 points, soit un peu plus qu'au moment de leur sacre, avec une note globale de 91,43 points.

De même, les douze mois qui ont suivi leur seconde victoire en 2015 leur a une fois de plus permis de creuser l'écart avec l'Australie, cette fois de 0,47 points, mais avec une note finale de 96,10 points.

Une fois que les actuels champions du monde Springboks auront l'occasion de défendre leur titre, il sera intéressant de voir s'ils sauront tirer les leçons de leur propre histoire et rester en tête du classement mondial plus longtemps qu'ils ne l'avaient fait il y a 13 ans.

Actuellement, l'Afrique du Sud a 2,08 points d'avance sur les All Blacks à la tête du classement mondial.