Championne du Monde de Rugby avec l'Angleterre, Rachael Burford, met à profit les connaissances qu'elle a acquises sur le terrain en encourageant les joueuses à rester actives malgré la pandémie de Covid-19.

La centre des Harlequins et de l'équipe nationale d'Angleterre a lancé le programme « Lockdown Squad » via sa Burford Academy au début du mois d'avril, après avoir été elle-même encouragée à poursuivre dans cette voie suite à des messages reçus après publication de ses tutos vidéos sur les réseaux sociaux.

Lorsque la menace du confinement a été une réalité au Royaume-Uni, Rachael a conçu un cours en ligne gratuit sur huit semaines pour aider les jeunes les plus avides de rugby, ainsi que leurs parents, pendant leur séjour forcé et prolongé à la maison.

La joueuse de 33 ans a depuis posté chaque jour des vidéos sur les réseaux sociaux. Afin de parfaire leur entraînement, les participants sont invités à télécharger des tutos complémentaires de son Lockdown Squad, répondre aux défis lancés, tester leur force et leurs skills.

Un succès qu'elle n'a pas vu venir

Rachael Burford pensait au début que son programme n'intéresserait que les filles inscrites dans les stages de son école avant la pandémie, mais avec plus de 1 000 participants maintenant inscrits, elle admet être époustouflée par son succès.

« J'ai été très surprise », avoue-t-elle à World Rugby. « Le premier jour, exprès je n'ai pas voulu ouvrir mes mails pour montrer d'où les gens s'étaient abonnés. J'en ai reçu plus de 500 en trois jours, puis nous sommes passés à 900 et à plus d'un millier. J'ai été débordée ; je ne m'attendais pas à avoir autant d'inscrits. »

Rachael Burford a été rejointe, du moins de manière virtuelle, par quelques visages familiers lors de ses entraînements. Ce fut le cas de ses coéquipières anglaises telles que Rochelle Clark, Katy Daley-Mclean, Vicky Fleetwood et sa coéquipière des Quins Jade Konkel, mais aussi la Néo-Zélandaise Ruby Tui. Même l'ancien entraîneur adjoint des Red Roses, Graham Smith, s'est fendu de quelques commentaires.

« Certains d'entre eux m'ont pas mal charrié », rigole Rachael Burford. « Alors je me suis dit, ok, comment je vais pouvoir les impliquer dans le truc. Et on a commencé à se lancer des défis. » L'un d'eux est de placer une bouteille d'eau en équilibre sur un ballon de rugby qui lui-même repose sur un tee. L'idée est de taper dans le ballon et de voir la bouteille d'eau monter puis s'écraser au sol. Malgré un mois d'entraînement, Rachael n'y arrive toujours pas.

« J'en suis au point où je donne juste un coup de pied dans la bouteille maintenant, je suis tellement frustrée », sourit Burford, dont l'exacerbation s'est intensifiée lorsque Katy Daley-Mclean a réussi après seulement deux tentatives !

« Ça prend tellement de temps de tout faire tenir en équilibre, ça tombe, on recommence, ça tombe... Mais au moins j'ai essayé. » Ses tentatives désespérées ont incité un participant à lui envoyer un courriel pour la féliciter pour l'esthétique « brute » de ses vidéos.

« Même si tu as une grande expérience, tu ne peux pas être bon en tout, tout le temps, mais il faut que tu persévères et que tu continues à travailler », se dit-elle pour tirer un enseignement de cet épisode.

Maintenir l'élan

Rachael Burford n'a peut-être pas encore maîtrisé le truc de la bouteille, mais elle a développé une myriade de compétences dans le processus de production, d'édition et de téléchargement du contenu qu'elle propose.

Elle a également dirigé des sessions de coaching en ligne avec des clubs à travers le pays et espère que cela pourrait l'aider à attirer plus de féminines dès que le confinement sera définitivement levé. Car même si chacun est confiné chez soi, l'internationale anglaise se bat pour que le sport féminin reste visible.

« C'est très important que nous gardions les filles motivées pendant cette période compliquée. A la fin de certaines vidéos, je suis en sueur, je suis sale... c'est aussi ça qu'il faut montrer », dit-elle.

« Certaines filles ne sont pas à l'aise avec ça, elles ne veulent pas transpirer ou que leurs cheveux soient défaits. Mais tout cela leur montre que ça va, c'est pas grave, c'est ça le sport et ça fait du bien. Et en ce qui concerne la pratique féminine, je pense qu'il faut tout faire pour maintenir cet élan que nous avons créé. »