Depuis le peu de temps que Pete Drewett a passé dans ses nouveaux habits de directeur général de la haute performance de la Géorgie, il a été frappé par la passion que porte le pays pour le rugby et la possibilité qu'il devienne un jour une véritable puissance mondiale.

Comme en Nouvelle-Zélande, en Afrique du Sud et au Pays de Galles, le rugby est considéré comme sport national là-bas, vu l'énorme soutien auquel peuvent prétendre les Lelos chez eux. Pete Drewett s'en est très vite aperçu.

« Le football était autrefois le sport majeur en Géorgie, mais le rugby correspond plus à la psychologie des gens et à leurs valeurs de respect et de soutien les uns envers les autres », observe le sexagénaire.

Nommé à ce poste à la mi-février, l'Anglais a bien regardé les trois premiers matches des Lelos en Rugby Europe Championship avant que le sport en général soit mis à l'arrêt en raison de la pandémie de COVID-19.

Depuis lors, l'ancien prof d'éducation physique travaille à distance, depuis son domicile de Devon, dans le sud-ouest de l'Angleterre. C'est de là qu'il s'efforce de remettre en ordre de marche le rugby géorgien dans le but de le voir figurer à la prochaine Coupe du Monde de Rugby en 2023.

Un plan ambitieux et mondial

Deux des principaux piliers de son plan sont d'organiser davantage de matches contre les pays du tier 1 et d'établir une relation sur dix ans avec le rugby sud-africain qui pourra l'aider à combler le fossé entre le niveau international et les clubs et les catégories jeunes.

« Nous travaillons en parallèle sur deux axes », détaille le nouveau boss. « Le premier, c'est de jouer contre des pays comme l'Afrique du Sud et la France comme ce devait être le cas en juillet et novembre cette année. Le deuxième, c'est que nous sommes actuellement en pourparlers pour monter une équipe qui pourrait intégrer durablement la Currie Cup.

« Nous avons signé un accord sur dix ans avec l'Afrique du Sud. Ce partenariat va nous permettre de partager des idées sur les entraînements, la préparation physique et la formation des arbitres. Nous devrions également affronter les joueurs de façon régulière au niveau U18 et U20, mais aussi au niveau senior.

« Le plan était de rejoindre la Currie Cup dès cette année, mais les choses sont en suspens en raison des problèmes actuels. Mais tout est en place pour y arriver quand ce sera possible. Plus nous pourrons travailler avec les pays du tier 1, mieux ce sera.

« Dans n'importe quelle opération, il faut voir où en sont les personnes, le financement et les installations. La Géorgie a créé un certain nombre de centres de performance entièrement équipés de terrains, de superbes salles de sport, de salles de réunion et de blocs d'hébergement. Nous disposons d'un centre d'excellence à Tbilissi qui est aussi professionnel que d'autres que l'on peut trouver dans d'autres pays du tier 1. Croyez-moi, ce pays est prêt à décoller et nous aimerions même faire venir l'Angleterre pour disputer un test à Tbilissi. »

De nouveaux horizons

En tant qu'éternels vainqueurs du Rugby Europe Championship, la Géorgie a besoin de se fixer de nouveaux défis pour s'assurer d'être plus compétitive que sa quatrième place en poule à la RWC 2019 au Japon qui a été vécue comme une déception après un tournoi très encourageant en Angleterre en 2015 où elle avait remporté deux victoires et sa qualification automatique pour le Japon 2019.

« Le rêve serait de faire partie des Six Nations, mais il y a toutes sortes de raisons pour lesquelles c'est difficile en ce moment. Pourtant, Tbilissi serait un endroit idéal pour accueillir les meilleures équipes », assure Pete Drewett.

« En termes de base de supporters, les matches Géorgie-Russie attirent 50 000 à 60 000 personnes et il y a une superbe ambiance chaque fois qu'il y a un match international. En Géorgie, ils n'auraient aucun mal à jouer un match du Tournoi à guichets fermés ! »

Pete Drewett a conduit l'Angleterre à deux grands chelems avec les U21 et a occupé un certain nombre de postes différents au sein de la Rugby Football Union au cours de ses 16 années là-bas, avant que ses opportunités de carrière ne le portent à Honkong et au pays de Galles.

Valoriser une attitude positive

C'est justement avec le pays de Galles qu'il a fait l'expérience de la Géorgie pour la première fois. « J'ai passé trois semaines là-bas avec le pays de Galles pour le Championnat du Monde des Moins de 20 ans et ça m'a donné une idée de l'endroit et des gens à l'époque. Ils ont cette attitude positive à tous les instants et cette envie de réussir.

« C’est un privilège et un honneur de travailler en Géorgie. J'adore ce travail et les gens autour qui m'ont fait me sentir le bienvenu parmi eux. Rien que pour ça je veux juste faire un très bon travail pour eux.

« Mon rôle est de superviser essentiellement l'ensemble du département de haute performance, c'est-à-dire le coaching, les équipes nationales, les arbitres, la force et la préparation physique, les analystes et le médical. »

Qui pour devenir entraîneur de l'équipe nationale ?

Trouver un nouvel entraîneur pour remplacer Milton Haig est également une autre priorité. Haig a supervisé la montée des Lelos dans le classement mondial World Rugby avant de partir au Japon pour poursuivre sa carrière d'entraîneur.

Levan Maisashvili a accepté le poste à titre intérimaire pour le Rugby Europe Championship, en version tronquée cette saison. Pete Drewett ne cache pas avoir envie de voir plus de mains de locaux se lever pour relever le défi à l'avenir.

« Il y a d'excellents entraîneurs. Ce qui serait merveilleux au moment où je partirai, c'est que beaucoup d'entraîneurs géorgiens fassent la queue pour ce poste de haut niveau. Il y a beaucoup de travail effectué en coulisses pour tenter de constituer un staff solide », assure-t-il.

Un tout premier quart de finale en Coupe du Monde de Rugby dans trois ans permettrait à Pete Drewett de se poser et de porter un regard sur le travail accompli, avec ou sans Géorgien à la tête des Lelos.

« Je pense que l'ensemble du pays serai satisfait, et c'est le plan », insiste-t-il. « Je pense qu'avoir la Coupe du Monde de Rugby en France va nous aider car lors de la dernière Coupe du monde, il y avait 17-18 joueurs qui jouaient dans un club de rugby en France justement. Lorsque vous êtes habitué à un environnement, ça rend les choses beaucoup plus faciles.

« Mais, d'abord, nous devons nous qualifier. Nous devons remporter le Rugby Europe Championship l'année prochaine, c'est notre priorité numéro un. »