Accorder les droits d'organisation de la Coupe du Monde de Rugby à l'Afrique du Sud a été une décision forte pour l'International Rugby Board (IRB) d'alors, mais personne ne l'a regretté. Que ce soit pour la qualité des matches proposés, le suspens de certaines rencontres, mais aussi ce mouvement inédit qui a contribué à unifier une nation malgré toutes les divisions de l'Apartheid.

C'était la première fois en trois éditions que le tournoi mondial était organisé dans un seul pays, dans tous les sens du terme. Les Sud-Africains s'étaient d'ailleurs rassemblés sous une même bannière, vantant « la nation arc-en-ciel » pour soutenir les Springboks ; un symbole pour toute une population.

Lorsque les joueurs de l'Afrique du Sud sont entrés sur le terrain pour leur premier match contre l'Australie, tenante du titre, ils n'imaginaient pas que, exactement un mois plus tard, ce sont eux qui allaient soulever la Webb Ellis Cup.

« L'occasion est trop belle ; c'est probablement le plus grand match de l'histoire du rugby. Vous avez là deux vainqueurs potentiels de la Coupe du Monde, l'Afrique du Sud et l'Australie. Est-ce qu'ils se retrouveront en finale ? », s'enthousiasmait au micro le commentateur TV Gareth Chilcott juste avant que le capitaine des Wallabies Michael Lynagh ne tape le coup d'envoi à Cape Town dans une ambiance survoltée.

Les Springboks étaient donnés perdants

Après un lent début, la passion a commencé à s'emparer de Newlands et les Springboks ont su maintenir le rythme et le score en menant 14-13 à la pause grâce à un essai de Pieter Hendricks (photo) à la 37e, cinq minutes après celui de Lynagh. La seconde période a été principalement dominée par les Springboks derrière la prestance de Joel Stransky pour remporter la victoire 27-18.

« Je me souviens que l'entraîneur Kitch Christie disait que ce match serait soit une autoroute, soit un chemin de traverse. Et quand on a battu l'Australie, c'était l'autoroute jusqu'en finale », explique Ed Griffiths, un des hommes de l'ombre de ce mondial. « Je crois que les gens ont oublié que nous étions loin d'être les favoris. C'est pour ça que ça a été un match grandiose. Je me souviens du grand soulagement que nous avons tous ressenti après ça. »

Désormais, World Rugby donne à se fans la possibilité de revivre ce match exceptionnel, le tout premier match de l'Afrique du Sud en Coupe du Monde de Rugby, grâce à ses plate-formes numériques.

La rencontre sera diffusée en streaming sur la page Facebook de la Rugby World Cup ainsi que sur la chaîne YouTube de World Rugby à partir de 19h BST vendredi 10 avril 2020.

Mandela et numéro 6

Après avoir battu le Canada et la Roumanie en matches de poule, l'Afrique du Sud a ensuite disposé des Samoa en quart de finale avant de défier les éléments climatiques et la France pour se qualifier en finale dès la première tentative.

Après 80 minutes intenses, la finale de la Coupe du Monde de Rugby contre la Nouvelle-Zélande s'est poursuivie dans le temps additionnel jusqu'à ce que Stransky, par un drop à la 94e, ne délivre son équipe d'un match où aucun essai n'a été marqué et puisse lui permettre de poser ses mains sur la Webb Ellis Cup.

De cette finale, restera ce moment où le président Nelson Mandela a remis le trophée au capitaine Francois Pienaar avec le maillot n°6 des Springboks sur le dos.

Le match Afrique du Sud v Australie est le premier des quatre grands classiques que World Rugby propose en ce week-end de Pâques.

  • Vendredi 10 avril à 19h BST : Afrique du Sud v Australie, RWC 1995
  • Samedi 11 avril à 13h BST et 19h BST : Japon v Écosse, RWC 2019
  • Dimanche 12 avril à 16h BST : Fidji v Argentine, RWC 1987
  • Lundi 13 avril à 19h BST : Angleterre v Australie, RWC 2010 (demi-finale)