On a l'habitude de dire que l'adversité aide à tirer le meilleur d'entre nous. Et l'exemple du troisième-ligne italien Maxime Mbandà est à mettre en valeur. Il a mis ses craintes personnelles de côté pour venir en aide à ses compatriotes en devenant urgentiste, conduisant des ambulances dans un pays ravagé par la pandémie de Covid-19.

 

« Je me suis retrouvé à transférer des patients positifs d'un hôpital de la région à un autre. J'aide avec la civière ou s'il y a des patients à porter depuis un fauteuil roulant. Je tiens aussi l'oxygène », raconte l'international aux 20 sélections.

« 95% des structures hospitalières sont consacrées aux malades du coronavirus. Si les gens voyaient ce que je vois dans les hôpitaux, il n'y aurait plus la queue devant les supermarchés. Ils y réfléchiraient à deux, trois ou quatre fois avant de sortir de chez eux, même pour aller courir. »

Le 23 mars, les autorités sanitaires italiennes ont compté 602 nouveaux décès en une journée, ce qui porte le bilan total à 6 077 morts depuis le début de la crise dans la péninsule. Faible lueur d'espoir, cette hausse de 11% est la plus faible enregistrée depuis le début de l'épidémie fin février ce qui laisse entrevoir que le pic serait passé...

« Ce que je vois, ce sont des gens de tous les âges, sous respirateur, sous oxygène, des médecins et des infirmiers qui font des gardes de 20 ou 22 heures, qui ne dorment pas une minute de la journée et qui essaient juste de se reposer un peu le jour d'après. Je voudrais pouvoir dire que la situation ici est à la limite. Mais j'ai peur de devoir dire que ça n'est déjà plus le cas... », craint pourtant le volontaire.

En première ligne de la crise sanitaire

"Si les gens voyaient ce que je vois dans les hôpitaux, il n'y aurait plus la queue devant les supermarchés. Ils y réfléchiraient à deux, trois ou quatre fois avant de sortir de chez eux, même pour aller courir."

Maxime Mbandà

La situation en Italie reste néanmoins actuellement la plus préoccupante au monde, avec un taux de mortalité qui a largement dépassé celui de la Chine. Dans cet épicentre de la crise sanitaire en Europe, Mbandà, pourtant sans aucune expérience médicale, vit l'horreur au quotidien alors que personne n'avait et ne pouvait être préparé à vivre cette épreuve face à des milliers de malades infectés.

« Quand tu vois leur regard... Même s'ils ne peuvent pas parler, ils communiquent avec les yeux et ils te disent des choses que tu ne peux pas imaginer. Ils entendent les alarmes, les médecins et infirmiers qui courent d'un service à l'autre. La première personne que j'ai sortie de l'hôpital m'a raconté qu'il était arrivé depuis trois heures quand son voisin de lit est mort. Et pendant la nuit, deux autres femmes sont mortes dans sa chambre. Il n'avait jamais vu personne mourir.

« Mais la chose terrible, c'est qu'à chaque fois que tu les touches, une simple caresse dans l'ambulance pour les réconforter, tu dois immédiatement te désinfecter les mains. J'ai commencé il y a huit jours, sans jour de pause et avec des rotations de 12 ou 13 heures. Mais face à ce que je vois dans les salles de maladies infectieuses, je me dis que ne peux pas être fatigué.

« La peur c'est normal. Mais il y a des petites choses qui peuvent être faites en sécurité et qui offriraient une demi-heure ou une heure de repos à ceux qui sont en première ligne. Pour eux, une heure c'est fondamental. Tant que j'aurai des forces, je continuerai. Je suis là et je reste là. Tant qu'il y a urgence, je reste là », assure-t-il.