Même si le nombre total de joueuses licenciées au sein des deux pays réunis n'arrive qu'à une centaine, le Guatemala et le Salvador sont entrés dans l'histoire en disputant le premier match de rugby à XV féminin de leur histoire. Le Guatemala a remporté la victoire 50-5, mais ça, c'est secondaire.

« Beaucoup pensaient qu'on ne pouvait pas avoir une équipe en Amérique centrale et après ce match, on a montré qu'on y était arrivé ! », souriait Elisa Illescas, la capitaine de l'équipe du Guatemala après cet événement.

Le rugby féminin se développe à grande vitesse au sein de Sudamérica Rugby – l'Amérique centrale étant une composante de l'association régionale – et même si des efforts doivent être fait en direction du XV, c'est plutôt le Sevens qui est le plus pratiqué.

"Maintenant, il y a une possibilité de jouer pour celles qui ne sont pas assez fit pour jouer au Sevens !"

Elisa Illescas

« Maintenant, il y a une possibilité de jouer pour celles qui ne sont pas assez fit pour jouer au Sevens », assure Elisa.

La Unión de Rugby de Guatemala, fédération membre de World Rugby, a lancé un plan de développement ambitieux 2020-2024 avec au programme plus de compétitions féminines. Et le Savador, l'équipe située à 200 km de là, était la rivale idéale pour jouer de manière symbolique le 8 mars, lors de la journée internationale des droits de la femme.

« Ce match a été une superbe expérience ; on était un peu nerveux comme à chaque fois qu'il y a quelque chose de nouveau, mais c'était un grand moment », explique Ángel Gaytan, le président de la fédération. « Peu importe le score, c'est l'ambiance qui compte. C'était la première fois que les filles jouaient à XV. »

Un nouvel horizon

Le rugby féminin a commencé à s'implanter au Guatemala en 2012 et malgré ses huit années de présence, on ne compte que 52 joueuses licenciées aujourd'hui. L'objectif est, bien entendu, d'augmenter ce chiffre. Les filles jouent déjà au Sevens et au X et la marche vers le XV international peut être envisagé d'autant que le Costa Rica voisin s'est déclaré lui aussi très intéressé.

« Lorsqu'on a proposé au Salvador de venir, ils n'ont pas hésité une seule seconde ! », rappelle Ángel Gaytan.

Pour le match qui s'est déroulé à l'Estadio Parque Eric Barrondo, siège du rugby guatémaltèque depuis huit ans, les Salvadoriennes sont arrivées la veille. Et après la rencontre, elles sont restées un peu plus longtemps pour partager un grand banquet avant le voyage retour de quatre heures.

200 supporters ont assisté à cette première historique. « On sentait de la nervosité auprès des filles », sourit Ángel Gaytan. « Jouer à domicile et voir l'enjeu que représentait ce match, ce n'est pas surprenant. Le Salvador a marqué le premier essai, mais dès que nous avons commencé à marquer à notre tour, le rythme s'est accéléré. Franchement, on n'aurait jamais cru que c'était la première fois que les filles jouaient à XV. »

Des valeurs à suivre

La capitaine Elisa Illescas a commencé à jouer au rugby il y a cinq ans alors qu'elle avait 22 ans et ce qui l'a séduit de prime abord, ce sont les valeurs du rugby et l'amitié. « C'est le football qui règne en maître ici, mais le respect que j'ai découvert dans le rugby est quelque chose que j'ai adoré », dit-elle alors qu'elle espère que plus de filles vont venir se joindre au groupe.

« Le manque de connaissance fait que les gens pensent que c'est un sport violent, qui plus est réservé aux garçons. On essaie de changer cette perception et de montrer aux filles à quoi ressemble le rugby. Lorsqu'elles verront qu'on ne se blesse pas plus que dans un autre sport et qu'on prend beaucoup de plaisir à jouer, alors c'est sûr qu'elles voudront jouer. »