En Suisse, on se souviendra pendant longtemps de ce 29 février 2020. C'est ce jour-là que l'équipe nationale a battu l'Allemagne pour la première fois de son histoire et s'est hissée à la 28e place du classement mondial World Rugby, sa meilleure position.

Pour la directrice générale de Suisse Rugby, Veronika Muehlhofer, certes la victoire 33-20 a été bonne à prendre et ô combien appréciée, mais il y a bien plus qui a mené à ce résultat à Heidelberg.

Depuis cinq ans qu'elle occupe ce poste à plein temps, Veronika Muehlhofer a travaillé sans relâche pour mettre en place de nouvelles structures au sein de l'institution afin de lui donner une base solide sur laquelle construire durablement son avenir.

A voir en particulier quatre des joueurs les plus prometteurs - Nathan Pelsy, Axel Goudet, Liam Kavanagh et Erwan Meudic – issus de la classe d'âge de la fédération qui ont sauté de joie au coup de sifflet final, la directrice générale veut en tirer une certaine satisfaction.

« Ces joueurs-là ont commencé à 16 ans et ils en ont maintenant 21 pour leur première sélection », dit-elle. « Ils font partie de la première génération de joueurs qui ont gravi tous les échelons depuis qu'on a tout restructuré il y a cinq ans. Il y en a d'autres, comme Jérémy To'a par exemple qui est actuellement blessé. »

Pas de limite à la croissance

L'émergence de joueurs tels que Jérémy To'a, qui a depuis été retenu dans l'effectif d'Oyonnax en France et en semi-pro avec Sale FC en Angleterre, est un exemple du travail réalisé par la fédération helvétique pour donner une nouvelle croissance au rugby dans ce petit pays.

Le centre To'a vient d'une petite ville, Wurenlos, dans la suisse germanophone non loin de Zurich, en quelque sorte un berceau du rugby.

« Ce qui est plaisant de constater, du point de vue du développement des joueurs, c'est qu'il y a maintenant de plus en plus de Suisses ou et de Suisses germanophones sans expérience française ou expatriés, qui jouent vraiment au rugby », souligne Veronika.

« Les clubs et la fédération multiplient les activités dans les écoles – sur le même principe que Get Into Rugby – mais s'adaptent aux besoins du système scolaire suisse parce qu'ici beaucoup de profs de sport ne savent pas ce qu'est le rugby et sont souvent laissés tout seul. C'est pour ça qu'on a lancé ce programme il y a quelques années en arrière pour former les profs de sport à enseigner le rugby et pour l'intégrer au programme scolaire. »

Une base solide

Depuis que Veronika Muehlhofer est en poste, le nombre de clubs est passé de 32 à 43 et le nombre de licenciés a doublé. Le nombre de postes à responsabilité a augmenté et un modèle financier durable a été trouvé.

Avec tous ces éléments, Suisse Rugby s'est construit un avenir durable et la meilleure illustration en est la réussite de l'équipe nationale.

« Notre classement est fantastique et nous en sommes très fiers, mais on ne serait pas aussi heureux s'il n'y avait pas eu tout ce travail effectué depuis des années à construire des structures solides et des programmes pour faciliter la progression des joueurs », rappelle Véronika.

« Personne au sein de la direction de la fédération n'a jamais voulu présenter 23 joueurs de l'équipe nationale qui peuvent se hisser au sommet, ce n'est pas ce qui nous intéresse. Notre mission est de développer le rugby et j'espère que cela mènera au succès sur le terrain. »

Samedi prochain, la Suisse va tenter d'empêcher les Pays-Bas de marquer une nouvelle victoire dans le Rugby Europe Trophy 2019-2020. Les Néerlandais sont à neuf points d'avance au classement général et les Suisses sont juste derrière. Une victoire de ces derniers pourrait potentiellement leur donner une chance de s'arroger le titre et de se retrouver en finale contre l'Ukraine le 2 mai.

Le match aura lieu dans les environs de Genève, à huis clos, au Centre Sportif des Cherpines.

« Ils sont très forts et ce sera un gros match », anticipe déjà Veronika Muehlhofer. « Ils ont quelques années d'avance sur nous et ont aussi fait un incroyable travail au cours des quatre à cinq dernières années pour en arriver là où ils sont aujourd'hui. Mais, comme les All Blacks, ils ne sont pas invincibles non plus... »