Imaginez un éléphant dans un magasin de porcelaine. Ça fait du dégât et on s'en souvient. Et à Limoges, opportunément capitale de la porcelaine, c'est précisément ce qu'a réalisé le XV de France féminin le week-end dernier contre l'Italie pour le compte de la deuxième journée du Tournoi des Six Nations.

Après la déconvenue de l'ouverture face à des Anglaises plus réalistes (19-13), les Françaises ont été impériales. « Elles ont vraiment monté le niveau d'un cran par rapport à leur prestation de la semaine précédente, notamment sur le début de match », assène Laura di Muzio, consultante en rugby féminin.

« Elles ont rendu une copie qui était presque parfaite même si elles ont encaissé un essai sur interception à la fin de la première mi-temps (par Sara Barattin à la 40e, ndlr). Mais l'énorme engagement physique en défense a pour moi fait la différence. C'est leur marque de fabrique que l'on a retrouvé tout au long de ces dernières saisons et qui fait vraiment l'identité de cette équipe. C'est ça qui leur a permis de se lancer et de se mettre directement dans le match. »

"Je pense qu'il y a eu des actions qui peuvent entrer dans les écoles de rugby parce qu'elles étaient vraiment superbes."

Laura di Muzio

Grosse prestation des avants

Le premier essai est intervenu au bout de cinq minutes par la deuxième-ligne Audrey Forlani. Un signe qu'il faudrait compter sur les avants lors de cette rencontre qui était la 11e victoire en 14 matches dans le Tournoi. Sur les 147 plaquages tricolores (dont seulement 12 manqués), 18 sont à attribuer à Morgane Peyronnet, 17 à Julie Annery, 16 à Caroline Thomas, 14 à Audrey Forlani, 14 à Céline Ferer... Les sœurs Ménager ont les meilleures stats dans les ballons portés (16 pour Romane et 14 pour Marine).

Pourtant, avec 232 plaquages (27 manqués), les Italiennes ont également eu fort à faire à l'image de Michela Sillari (23).

« Avec notamment de grosses séances de plaquage, les Bleues ont étouffé toutes les attaques italiennes avec une excellente récupération du ballon », relève Laura di Muzio. « Et derrière, les contre-attaques ont montré toute l'étendue de leurs qualités : une grosse conquête, des touches et des mêlées gagnées, de bonnes avancées, des ouvertures sur l'arrière grâce aux ailières qui avaient les pattes... Je pense qu'il y a eu des actions qui peuvent entrer dans les écoles de rugby parce qu'elles étaient vraiment superbes. »

Relever la tête

Au rayon des satisfactions, Laura donne un satisfecit à Nassira Konde, à Jessy Trémoulière auteure d'un sans faute au pied (comme lors du précédent match contre les Anglaises). « Toutes les filles ont tenu leur rang. Mais chapeau bas à la troisième-ligne dans son ensemble qui a abattu un travail monstrueux et qui a lancé tout le monde dans son sillage », assure-t-elle.

« Je trouve qu'il y a eu un petit renouveau d'enthousiasme par rapport à la semaine dernière. On aurait pu craindre après la défaite que les filles baissent les bras en tirant un trait sur le Grand Chelem, mais ça a été complètement l'inverse. Elles nous ont gratifié d'un super match et c'est tout à leur honneur.

« Alors oui, ça reste une opposition contre l'Italie, oui ce n'était pas le niveau physique proposé par les Anglaises la semaine précédente, mais ce qui fait plaisir, c'est aussi le discours de Safi N'Diaye à la fin du match : c'est un match avec le maillot bleu et quoiqu'il arrive on ne le galvaude pas. Elles ont été clairement à la hauteur du maillot qu'elles avaient sur le dos. J'espère que les trois prochains matches seront du même niveau parce que ça va donner envie à beaucoup de jeunes filles de faire du rugby aussi. »