Le rugby a eu un incroyable impact sur la vie de Royce Chan Leong-sze. Après avoir rejoint un club local à plus de 20 ans pour faire plaisir à son patron, Chan a trouvé dans le rugby la rigueur qui lui avait manqué au lycée.

A l'en croire, elle aimait « faire la fête » avant de se prendre d'affection pour le ballon ovale puis, deux ans plus tard, de faire partie de l'équipe nationale féminine de rugby à XV et d'arrêter définitivement de boire et fumer.

L'engagement de Chan a été récompensé il y a deux ans et demi lorsque, à 39 ans, elle a non seulement disputé la Coupe du Monde de Rugby 2017 en Irlande mais a aussi été nommée Joueuse du tournoi par ses coéquipières.

Le rugby a donné un autre sens à sa vie et elle est désormais fière de pouvoir porter le message à son tour à la prochaine génération de joueuses dans cette région administrative.

« Le rugby a changé ma vie du tout au tout », raconte Royce Chan Leong-sze. « J'ai envie de rendre au rugby ce qu'il m'a donné et pas uniquement aider à entraîner les joueuses, mais voir comment elles embrassent ce sport à leur tour. »

Royce Chan Leong-sze a raccroché les crampons dès la fin de la RWC 2017 et a depuis travaillé dans le haut niveau et comme entraîneur au sein de la Hongkong Rugby Union.

S'émanciper de Hongkong

A 41 ans, elle est l'une des sept entraîneurs féminines de rugby à avoir rejoint le Women’s Sport Leadership Academy for High Performance Coaches (WSLA HPC) l'année dernière.

« Lorsque j'ai reçu mon premier email, je ne pouvais pas y croire », raconte-t-elle. « Ils expliquaient ce qu'ils attendaient de nous et qui participerait. Je continue à croire que depuis notre petit territoire en Asie, personne n'aurait cru que je puisse en faire partie. Je suis quelqu'un de très compétitif et j'apprécie de relever de nouveaux défis.

« J'étais une simple joueuse, puis j'ai été professionnelle et maintenant je me suis retirée et tout ça, toujours à Hongkong. J'ai juste envie aujourd'hui de découvrir ce qu'il y a en dehors de l'Asie. »

Royce Chan Leong-sze a été convaincue de tenter de nouvelles aventures hors de l'Asie lorsque Jo Hull l'a sélectionnée pour l'Irlande. Seule femme entraîneur à la RWC 2017, elle avait appris le job en Écosse et au Canada avant de poser ses valises à Hongkong en 2015.

« Avec Jo, c'était très différent », relève Chan. « C'est une femme très courageuse et elle m'a appris que tout pouvait arriver à condition de croire très fort en nous-mêmes. Et je crois que ça m'a poussé à me lancer aussi. Au début, j'ai beaucoup aimé entraîner. Avant ma retraite, j'ai entraîné un peu, mais je ne pense pas que j'étais très bonne et je n'ai jamais pensé que je continuerais plus tard.

« Et puis quand Jo est arrivée, le message qu'elle nous a transmis, à l'équipe, le système et tout ce qu'elle a apporté, tout ça m'a aidé à sortir de ma boîte et à m'investir. C'est difficile, c'est prenant et j'en apprends tous les jours ! »

Héritage de la RWC 2017

Qui aurait pu penser qu'aujourd'hui sa préoccupation numéro un en tant qu'entraîneur est de qualifier Hongkong à la Coupe du Monde de Rugby ou aux Jeux Olympiques.

« Mon but serait de voir Hongkong, ou de mener Hongkong à la prochaine Coupe du Monde de Rugby à XV comme aux Jeux Olympiques », dit-elle.

L'équipe féminine de rugby à 7 de Hongkong participera au tournoi de repêchage en juin prochain pour Tokyo 2020 puis au Asia Rugby Women's Championship pour une place à la RWC 2021 en Nouvelle-Zélande.

Chan sait bien que ça sera compliqué pour les deux équipes, mais elle connaît aussi l'impact que de tels enjeux peuvent avoir sur le rugby féminin à Hongkong. L'ancienne capitaine reste fière des efforts de ses coéquipières en Irlande pour finir à la 12e place.

« Le moment charnière, c'est quand on a joué contre la Nouvelle-Zélande », se souvient-elle. « Bien sûr personne ne s'attendait à ce qu'on gagne et on savait qu'on allait en baver, mais on a beaucoup apprécié l'expérience ; je crois que c'est le message qu'il faut garder.

« On n'a pas lâché de tout le match et on a tout fait pour ne pas être spectatrices. Tant qu'on pouvait montrer qu'on était là, c'est tout ce qui comptait pour nous. Je suis sûre que beaucoup d'entre nous étaient déjà heureuses d'être qualifiées et que c'était déjà une finalité en soi. Mais le message que l'on a voulu transmettre c'était : oui c'est la première fois qu'on se qualifie pour la Coupe du Monde de Rugby, mais nous allons tout donner à cette Coupe du Monde. »