De son propre aveu, Scott Forrest est un entraîneur qui aime tout planifier. Cette approche a aidé ce gaillard de 35 ans à transformer les joueuses de l'équipe d’Écosse en candidates potentielles à une place parmi les titulaires du HSBC World Rugby Sevens Series.

C'est pourquoi Scott Forrest a effectué plusieurs visites mensuelles à Teddington, une banlieue verdoyante de Londres, depuis qu'il a été nommé entraîneur-chef du rugby à sept féminin en Grande-Bretagne début octobre.

Scott Forrest qualifie d'ailleurs cette période au cours de laquelle sa nomination a été confirmée comme « surréaliste ». Son travail au quotidien avec la Scottish Rugby lui demande plus d'investissement que jamais au moment où une qualification parmi les équipes de bases du World Series est à portée de main. Mais il a également compris l'intérêt d'aller remporter une médaille aux Jeux olympiques à l'été prochain.

Pour cette raison, il a passé quelques jours par mois en stage avec les joueuses de l'Angleterre, profitant de l'occasion pour faire plus ample connaissance avec son adjoint à la Team GB Charlie Hayter, ainsi qu'avec les joueuses susceptibles de partir à Tokyo.

« La réalité est qu'il n'y a qu'en Angleterre qu'un programme à temps plein est mis en place pour le 7 féminin », explique l'entraîneur de la Team GB. « L'Angleterre est le seul pays à évoluer régulièrement sur le World Series. Il y aura potentiellement des joueuses d’Écosse et du Pays de Galles qui seront intégrées dans le groupe élargi, mais elles seront évidemment en retard, tout simplement parce que l'Angleterre y consacre toutes ses journées et joue sur le World Series.

« Charlie a été l'une des premières personnes à qui j'ai parlé et de mon point de vue, il a été extrêmement réceptif. Travailler avec lui est une chance. »

Disposer d'un groupe élargi dès janvier

Ancien capitaine de l'équipe de rugby à 7 d’Écosse, Forrest a déjà une certaine expérience derrière lui pour mener ce projet olympique à bien. « J'ai beaucoup entraîné contre [l'Angleterre] en tant qu'entraîneur de l'Écosse », raconte-t-il. « On a beaucoup étudié le jeu des joueuses, mais jamais je n'avais eu l'opportunité de les connaître personnellement.

« Je pense que venir passer quelques jours avec elles a été très, très bénéfique pour moi, même si je n'ai pas pu rester très longtemps les dernières fois. Cela a été de courtes visites, mais le simple fait d’avoir de brèves conversations avec des personnes en dehors du terrain reste très important. Plus je pourrais le faire et développer des relations avec les joueuses et le staff, plus ça sera facile lorsque nous serons réellement opérationnels en tant que Team GB. »

Scott Forrest tient à organiser des stages d’entraînement réguliers - tant que les engagements sur le World Series et le Tournoi des 6 Nations Féminin le permettront – afin de pouvoir disposer d'un groupe le plus large possible rassemblant Anglaises, Écossaises et Galloises à partir de janvier.

Créer une philosophie « Team GB »

La préparation pour les JO s'intensifiera au mois de juin, une fois la saison du circuit mondial terminée. Mais d'ores et déjà, Scott Forrest est impatient de créer une véritable philosophie « Team GB » à laquelle les joueuses pourront adhérer bien avant l'annonce de sa formation finale.

Cette idée a germé à la suite de discussions avec Simor Amor, l'entraîneur qui avait mené les garçons de la Team GB à la médaille d’argent à Rio 2016 et qui sera à nouveau en charge de l'équipe à Tokyo en juillet prochain.

« L'avantage est que les équipes du World Series sont ensemble pour le moment, se préparent ensemble et termineront ensemble la saison pour aller aux JO », explique Scott Forrest. « L'idée est de profiter de cette conjonction pour combiner le meilleur des trois nations. Pas seulement pour les joueuses, mais aussi pour la pratique et l'expérience. Je pense que ce que nous pouvons retenir de Rio, c'est la culture d'équipe de la Team GB et toute l'identité qui s'est construite autour. »

Forrest l'optimiste

Il reste encore beaucoup à faire au cours des sept mois qui précéderont les Jeux de Tokyo. Aussi Forrest estime qu'il a encore un peu de temps devant lui avant d'officialiser l'équipe qui se rendra au Japon.

L'Angleterre n'a plus remporté de tournoi sur le circuit mondial depuis Rio 2016 et n'a terminé sur le podium qu'une seule fois en trois saisons entre 2017-19. Malgré tout, Scott Forrest préfère rester positif.

« Pour l'instant, je pense qu'il est difficile pour nous d'affirmer que nous allons remporter l'or », admet le coach. « Il aurait fallu que l’Angleterre gagne au moins un tournoi du World Series ces dernières années pour pouvoir affirmer que oui, cette médaille d'or est bien un projet objectif et réaliste. Au contraire, je pense que le fait de nous retrouver sur le podium est pour le coup très réaliste. Et c'est le défi que nous nous fixons aujourd'hui.

« Maintenant, comprenez bien que lorsque nous nous retrouverons en juin avec notre groupe définitif, nous aurons une bien meilleure idée de quel sera notre objectif final, surtout au vu de ce qui ce sera passé ces dix derniers mois. »

Scott Forrest l'admet facilement : la planification sera cruciale pour arriver à ses fins en combinant efficacement ses deux postes avec la Scottish Rugby et la Team GB entre les enjeux olympiques, du rugby écossais féminin et le Tournoi des 6 Nations.

Objectif de l’Écosse : une place sur le circuit

On se souvient que l’Écosse a mené pendant une bonne partie de la finale du tournoi de qualification contre le Brésil à Hongkong en 2019, avant de finalement s'incliner 28-19. Ses débuts sur le circuit en tant qu'équipe invitée en juin dernier à Biarritz a néanmoins eu un goût amer. Car malgré un nul contre l'Angleterre et une défaite face à l'Irlande, les filles ont prouvé qu'elles avaient leur place à ce niveau.

Scott Forrest a beaucoup appris des expériences de Hongkong et de Biarritz, comme il l’a fait lorsqu'il a entraîné l'équipe masculine à Londres et à Paris l'an passé. Il espère encore créer la surprise sur le tournoi de qualification, même si la présence de la Chine, du Japon et de l'Afrique du Sud demandera à ses filles encore plus d'efforts pour réussir à s'imposer.

« Si nos 12 meilleures joueuses sont en forme et seront disponibles pour participer à ce tournoi, je suis assez confiant », dit-il. « Nous savons que nous pouvons battre le Japon parce que nous l'avons déjà fait. Nous n'avons encore jamais joué l'Afrique du Sud ni la Chine, mais d'après tout ce que j'ai vu, je pense qu'on peut y arriver le jour J. Mais c'est la loi du 7. Pourra-t-on enchaîner six victoires en un week-end ? »

Gagner sa place parmi les équipes de base du circuit mondial entraînerait un coup de pouce énorme et bienvenue pour l'ensemble du rugby féminin en Écosse. « Ça ouvrirait beaucoup plus d'opportunités », confirme Forrest. « Pour l'instant, notre priorité est sur le XV car l'objectif ultime est de nous qualifier pour la Coupe du Monde de Rugby 2021.

« Ceci dit, avoir une équipe sur le circuit mondial nous aiderait à nous préparer à la Coupe du Monde parce qu'on ne pourra mener deux projets aussi important de manière séparée. Ce ne serait pas réaliste. Mais avoir une équipe sur le circuit mondial créerait de très bonnes opportunités pour nos joueuses de haut niveau pour rivaliser avec les meilleures équipes du monde. »