Tim Woodward, responsable du rugby jeune à Singapour, a voulu développer un tournoi féminin en Asie du Sud-Est dès la première fois qu'une équipe de Singapour a participé à un tournoi féminin à Hongkong en 2017. A ce moment, aucune équipe jeune féminine, hors Hongkong, ne jouait au rugby à toucher malgré les opportunités que cette discipline pouvait apporter à son club.

« On les a saisies et on s'est dit que si on jouait au Touch rugby, peut-être que ça pourrait nous amener en tournée à Singapour », raconte-t-il à World Rugby.

La nouvelle est vite parvenue à Mike Jackson, à 2500 km de là, et le vice-président du Tanglin Rugby Club a passé un coup de fil pour voir ce qui pouvait être organisé, sachant lui-même que les possibilités de tournées pour les équipes de filles en Asie du Sud-Est étaient limitées.

Neuf mois plus tard, le club de Mike Jackson accueillait la première Singlife Girls Rugby TRC Cup avec 21 équipes de Hongkong et deux représentants des Jakarta Komodos à Turf City pour jouer contre les meilleures équipes de Singapour.

Des fonds ont été collectés à Hongkong et à Singapour afin de couvrir les frais du voyage des Komodos et aider à développer le rugby dans cette région.

Bâtir une communauté

Samedi 7 décembre, Tanglin a accueilli la troisième édition du tournoi. Au total, 17 clubs de toute l'Asie du Sud-Est étaient représentés avec 450 filles âgées de huit à 18 ans.

Les Komodos se sont une nouvelle fois rendus à Turf City, aux côtés d'équipes venant de Bali, du Cambodge, du Laos, des Philippines et du Vietnam dont le voyage et l'hébergement ont également été parrainés.

« Dès le début, nous voulions vivre ça comme une opportunité de développer une communauté de filles jouant au rugby en Asie du Sud-Est », explique Tim Woodward. « Nous avons deux communautés de rugby plus âgées, [qui sont] plus développées et disposent également de plus grandes ressources financières. Mais avec ces deux hubs, nous avons ensuite eu la possibilité de parrainer et de soutenir essentiellement des équipes de pays en développement d'Asie, ce qui est vraiment l'objectif principal.

« Le niveau du rugby est vraiment bon, mais l'objectif principal n'est pas le rugby de haut niveau. Il s'agit avant tout de rassembler des filles de différentes communautés de rugby et de les aider ensuite, en particulier dans les pays en développement, à avoir une opportunité, quelque chose à viser, quelque chose pour vraiment voir que leur vie peut vraiment être changée grâce à cela. »

C'est pas que pour les garçons

Dans le cadre du tournoi, les filles de tous les clubs ont été encouragées à s'intégrer et à créer des liens d'amitié qui devraient durer beaucoup plus longtemps qu'un week-end.

La moitié des équipes parrainées étaient hébergées par des équipes de Singapour, tandis que toutes les équipes de Hongkong et les équipes qu'elles avaient financées séjournaient dans le même hôtel.

Après les matches sur le terrain le samedi, les équipes ont assisté aux dîners organisés par les clubs de Hongkong et de Singapour. Le dimanche, les joueuses sont retournées à Turf City pour une séance d'entraînement d'une heure et demie au cours de laquelle les équipes ont été mélangées afin de faciliter l'intégration.

 

« C'est ma première fois en dehors de l'Indonésie. Je suis tellement heureuse de jouer contre des équipes d'autres pays et de rencontrer leurs joueuses », a confié Rere, une joueuse de moins de 14 ans de Komodos. « Ça me montre que le sport et les voyages ne sont pas réservés aux garçons. Hier, mon équipe a réussi à battre l'une des équipes de Singapour. Je suis si heureuse et si fière. »

Les joueuses de Hongkong et de Singapour ont beaucoup œuvré pour collecter des fonds afin de permettre aux clubs du Cambodge, d'Indonésie, du Laos, des Philippines et du Vietnam de participer, que ce soit par la vente de pâtisseries ou la vente de glaces, de t-shirts et de boissons gazeuses dans leurs clubs respectifs.

« Je pense qu'il est vraiment important d'inculquer à nos enfants le plaisir, l'engagement et les amitiés que le rugby peut offrir, ainsi que les valeurs du travail d'équipe, l'esprit sportif, d'être plus discipliné, etc », soutient Mike Jackson, l'organisateur du tournoi.

« Singapour est un peu dans une bulle et la grande majorité des enfants de notre club de rugby sont très chanceux de vivre dans de beaux logements ou dans des maisons, d'aller dans de belles écoles internationales. C'était vraiment important pour ces filles et pour toutes les familles de s'assurer qu'elles comprennent et soutiennent la croissance et le développement du rugby dans ces pays en développement. »

Une expérience ludique

Tanglin a visité le Cambodge, rendant visite à Kampuchea Balopp, une organisation à but non lucratif basée à Phnom Penh qui se sert du rugby dans son travail avec les enfants défavorisés et handicapés, et qui a envoyé des équipes à la Singlife Girls Rugby TRC Cup cette année.

« Ils travaillent avec plusieurs ONG au Cambodge », rappelle Mike Jackson. « Ce sont des enfants protégés et il est vraiment important que nous envoyions nos enfants là-bas et que nous les voyions dans leur environnement, et que nous utilisions cette opportunité à nouveau comme une expérience ludique et d'apprentissage ainsi que comme un moyen de se faire de nouveaux amis. »

Des projets sont déjà en cours pour le tournoi de l’année prochaine et Tim Woodward espère que des équipes de l’Inde, de Kuala Lumpur et du Sri Lanka pourront être sponsorisées pour venir, tout comme il souhaite également étendre ses liens avec le programme ChildFund Pass It Back.

« Ce tournoi est une opportunité incroyable pour les filles de jouer au rugby de compétition », affirme la capitaine de l'équipe du Laos, Toumkham Bounphengphanh. « C’est ma deuxième fois en TRC Cup, et j’ai vécu tellement d’expériences formidables en venant les deux fois. Cette année a été encore plus spéciale parce que nous avons pu rester avec des familles d'accueil du Tanglin Rugby Club. C'est un excellent moyen pour l'équipe laotienne de se faire de nouveaux amis, de découvrir la vie à Singapour et de pratiquer nos compétences en anglais.

« Mieux encore, j'ai l'impression d'avoir une autre famille à Singapour maintenant. Je souhaite que beaucoup plus de filles du Laos viennent à Singapour et vivent cette formidable opportunité de développement. L'année prochaine, j'espère amener le club que j'entraîne chez moi ! »