A écouter Marithy Pienaar parler, on peut avoir l'impression que sa carrière s'est construite sur des coups de chance, uniquement. Excellente en athlétisme à l'école, elle a toujours été attirée par l'esprit de camaraderie des sports d'équipe et s'est lancée pour cette raison dans le cricket et le netball.

Mais c'est dans le rugby qu'elle s'est le plus épanouie, y trouvant non seulement une véritable communauté, mais aussi un espace où tester ses capacités physiques et sa robustesse.

Marithy Pienaar a surtout eu de la chance d'avoir des parents qui l'ont toujours soutenue et qui l'ont toujours poussée à découvrir de nouvelles choses. « J'ai eu beaucoup de chance », admet-elle. « J'ai passé quelques coups de fil et on m'a recommandé une journée découverte de rugby féminin et ça s'est fait comme ça. »

Ainsi a commencé son aventure qui l'a menée au niveau universitaire, national et international en tant que spécialiste du rugby à 7. Et tout ça en l'espace d'une année. Marithy a raccroché les crampons en décembre 2018, mettant fin à une carrière de six ans avec les Springboks Women.

Cette carrière a vu quelques grands moments comme sa participation à la Coupe du Monde de Rugby à VII en 2018, mais aussi sa nomination en tant que Joueuse de South Africa Rugby de l'Année 2016. Elle a également marqué un essai en 2016 lors de la finale du HK7s où l'équipe féminine d'Afrique du Sud est devenue la première équipe d'Afrique à remporter un titre à ce tournoi.

« Je pense que chaque école devrait avoir une section de rugby féminin »

Âgée de 28 ans aujourd'hui, elle est consciente que les opportunités qu'elle a eues ne se présentent pas à toutes les filles en Afrique du Sud. Et c'est précisément ce qu'elle veut essayer de changer dans l'avenir.

« Le système pour les filles n'est pas aussi bon que celui des garçons », reconnaît-elle. « On galère pour recruter, surtout chez les grandes. A partir de 17 ans, ça devient difficile de recruter des joueuses et on est obligé de faire des passerelles avec d'autres sports pour voir si d'autres pourraient être intéressées.

« Je pense que tout irait mieux s'il y avait un programme féminin solide mis en place dès l'école primaire. Je pense que chaque école devrait avoir une section de rugby féminin à proposer, pareil que pour les garçons, dès la primaire. »

A son niveau, grâce au travail qu'elle a effectué pour Caylix Sport, Marithy Pienaar a déjà commencé à faire bouger les choses.

« L'année prochaine, on ouvre une école de rugby pour les filles, comme ça on en aura deux pour l'année prochaine », explique-t-elle. « Je pense que dans certaines communautés, dans certaines banlieues, des gens travaillent beaucoup pour développer le rugby féminin. Surtout depuis que le 7 est devenu discipline olympique. Les gens veulent en faire et commencent comme ça. Ça commence à prendre. »

Une transition naturelle

Marithy Pienaar a fait le voyage à Londres début novembre pour participer à la première des deux résidences dans le cadre du programme WSLA HPC, cette académie de la haute performance réservée aux entraîneurs féminines, un programme pilote mené en partenariat avec le CIO et auquel participent 24 femmes entraîneurs de six fédérations internationales.

« C'était génial », confie-t-elle. « Cette semaine était très bien organisée. Les organisateurs et les intervenants savaient exactement ce qu'ils faisaient et la connaissance que ça nous a apporté a été vraiment très bénéfique. Je pense que toutes, ensemble, nous en sommes sorties grandies. En l'espace d'une semaine, nous étions soudées, comme une famille. »

Même si Marithy a mis fin à sa carrière de joueuse, elle lorgnait depuis un certain temps sur une carrière dans le coaching. Et pendant le temps qu'elle a passé avec l'équipe féminine des Springboks, elle a suivi plusieurs stages et formations en la matière.

« Entraîner et partager mes connaissances, mon expérience, c'est un peu une seconde nature chez moi. Je pense que le fait de passer du statut de joueuse à celui d'entraîneur te permet aussi de jouer, de courir avec les autres. C'était pour moi normal de faire cette transition. »

Que ça profite à l'équipe nationale

Depuis, Marithy Pienaar est repartie à Stellenbosch, chez elle, où elle va poursuivre ses engagement à Caylix Sport. Elle reviendra en Angleterre à la fin de l'année pour la seconde résidence.

« Si tout se passe comme nous le prévoyons, un nouveau système va être mis en place pour que ça profite à l'équipe nationale féminine », se réjouit-elle. « On rattrape le temps perdu en ce moment ; je ne pense pas qu'on puisse encore rivaliser avec la Nouvelle-Zélande et l'Australie pour le moment, mais c'est sûr que l'écart de niveau va se réduire entre nous si notre nouveau système arrive à se mettre en place. »