Un jeu flamboyant en attaque, beaucoup d’initiatives en milieu de terrain et surtout peu de déchets techniques. Tel est ce qu'on peut retenir de prime abord de l’équipe nationale de Maurice qui était, pour la deuxième fois consécutive, la plus jeune sur les 14 équipes engagées avec 19,1 ans de moyenne d’âge.

"Le premier match face à l’Ouganda était un vrai baptême du feu pour nos jeunes."

Yoan de Coriolis, entraîneur

Au-delà du classement (l'avant-dernière place du Rugby Africa Men's Sevens), les jeunes joueurs ont impressionné les nombreux observateurs présents au Bosman Stadium de Johannesburg le week-end dernier.

Les Mauriciens ont abordé leur tournoi de façon stratégique concentrant leur force sur le second tableau. Le premier match était déjà un gros morceau face à un cador, l'Ouganda. Défaite logique (57-0), mais les jeunes ont montré un bel enthousiasme.

Sur les matches suivants, Maurice a souvent pris le dessus sur ses adversaires. Face au Maroc par exemple, l’équipe a produit un match de qualité s’inclinant à la fin 24-19 après avoir mené 19-5 pendant une partie de la rencontre.

Sur le troisième match, la puissance du Ghana a mis à mal la défense mauricienne 43-12 tandis que le dernier match face au Botswana a été le plus abouti avec une victoire nette 31-0, spectaculaire en terme de jeu.

Première victoire depuis 2015

« Je suis très fier de cette équipe de Maurice. Les jeunes m’ont bluffé par leur qualité et leur mental sur ce week-end », a confié Yoan de Coriolis, l'entraîneur de l’équipe nationale. « Le premier match face à l’Ouganda était un vrai baptême du feu pour nos jeunes, mais le tournoi a réellement commencé après pour nous face des équipes plus accessible comme le Maroc, le Ghana et le Botswana.

« On mérite largement la victoire sur le match du Maroc après avoir autant dominé. Contre le Ghana, on pèche sur la partie physique face à des joueurs beaucoup plus costauds que nous. Et contre le Botswana, nous avons changé quelques schémas tactiques. Les matches du premier jour ont fait du bien à l’équipe car cela leur a permis de prendre des repères et de réajuster surtout la partie défensive. »

Sur quatre matches, Maurice a chuté trois fois et obtenu une victoire, la première depuis 2015 sur le Rugby Africa Men's Sevens. Dix essais ont été inscrits sur les quatre rencontres, prouvant une attaque prolifique et porteuse d'espoir. Car la fédération de Maurice mise en effet sur le futur avec son programme olympique Mauritius2024 pour aller encore plus haut et plus loin.

Un pari sur l'avenir

Côté joueurs, Romain Rivalland (18 ans) a été très en vue à la fois défensivement et offensivement , mettant à mal de nombreuses attaques adverses. Laurent Daruty (21ans) a dynamité les défenses africaines sur chacune de ses courses et les joueurs Étienne Ferrat (19 ans) et Quentin Noël (19 ans) ont pesé sur la compétition par leurs prises d’initiatives et leur qualités athlétiques.

« Je suis satisfait du niveau de l’équipe, il y a un net progrès dans différents secteurs notamment le secteur offensif. Le pari de travailler sur des équipes jeunes depuis deux années est en train de payer », a confirmé Jean-Baptiste Gobelet, le directeur technique national, père de cette nouvelle stratégie.

"Nous sommes sur une continuité de travail en privilégiant la filière jeune avec une vision à long terme."

Jean-Baptiste Gobelet, DTN

« Nous sommes sur la première génération olympique qui a remporté la médaille de bronze au Jeux Africains de la Jeunesse en 2018. Il faut bâtir dessus dans l’avenir en intégrant les talents actuels et la génération montante qui s’annonce prometteuse.

« Nous sommes sur une continuité de travail en privilégiant la filière jeune avec une vision à long terme. Dans quatre ans en 2023, lors du prochain tournoi de qualification olympique, ce jeune groupe aura une expérience colossale sur la scène internationale. Certains joueurs compteront même six Coupes d’Afrique à seulement 22 ans !

Un style de jeu déjà remarqué

En peu de temps, Maurice a déjà laissé une empreinte dans le paysage rugbystique d'Afrique en adoptant un style de jeu qui lui est propre. « Coté jeu, nous avons opté de faire évoluer le système depuis les Jeux des Îles », a expliqué Jean-Baptiste Gobelet.

« Nous avons changé légèrement quelques codes offensifs qui correspondent au profil de nos joueurs, mettant en place un jeu plus intuitif. Le système doit s’adapter au profil des joueurs que l’on a et non l'inverse. Et on a vu une nette amélioration notamment sur les matches contre le Maroc, le Ghana et le Botswana. »

Même face aux autres équipes, le style mauricien n'est pas passé inaperçu. « Je ne suis pas surpris de l’évolution du rugby mauricien », a confirmé Frankie Horne, ancien joueur des Blitzbokke et entraîneur de l’équipe de Namibie. « J’ai la chance de venir régulièrement sur cette île en fonction des tournois internationaux jeunes entre les équipes de Maurice et et d'Afrique du Sud.

« Je remarque que le potentiel est là pour performer à moyen terme. Il y a une nette évolution depuis deux ans, les joueurs ont une qualité technique au-dessus de la moyenne. Avec cette génération, Maurice sera une équipe difficile à jouer dans peu de temps.... »