TOKYO, le 22 octobre – Docteur ès défense, Shaun Edwards a livré son diagnostic et ciblé le virus qui guette son équipe : Cheslin Kolbe. L’entraîneur du rideau gallois se méfie de l’ailier du Stade Toulousain, alors que son équipe aspire à rejoindre la première finale de Coupe du Monde de son histoire.

« Quand on veut voir du beau rugby, il faut aller voir Cheslin Kolbe jouer, affirme l’homme de 53 ans, ancien spécialiste du rugby à XIII. Il faudra le surveiller de près. C’est l’un des joueurs les plus explosifs que j’ai jamais vus. »

Une génération de trois-quarts explosifs et habiles

Selon l’homme courtisé par le XV de France pour prendre en charge la défense après la compétition, Kolbe est le digne descendant d’un joueur qu’il a bien connu et qui a remporté la Coupe du Monde 2003 : l’ancien arrière Jason Robinson.

« J’ai eu la chance de jouer avec Jason Robinson pendant des années. J’étais son capitaine à Wigan quand il est arrivé dans l’équipe. Kolbe est dans la même veine. C'est un petit gabarit ultra explosif. Il fait voler en éclats les idées reçues sur le rugby en tant que sport réservé aux gros gabarits. »

Shaun Edwards voit là une certaine évolution du rugby avec des gabarits plus traditionnels. « Regardez la ligne de trois-quarts de l’Angleterre, certains ne sont pas des grands gaillards mais ils sont très habiles. Idem pour la Nouvelle-Zélande. Le rugby est un sport pour toutes les tailles. »

Puissance et explosivité

Face à l’Afrique du Sud, Edwards devra s’atteler à deux tâches : remporter un combat physique qui s’annonce titanesque et éteindre les incendies que pourraient allumer les arrières Boks.

« De manière générale, ils sont très rapides. S’il y avait une épreuve de relais 4 x 100 avec toutes les équipes de la Coupe du Monde, ce serait probablement l’équipe la plus rapide, affirme l’entraîneur de la défense galloise, pour qui le gain de la ligne d’avantage sera l’élément déterminant de cette demi-finale. Physiquement, ce sera terrible. Défensivement, ils sont fantastiques. Statistiquement, c’est actuellement la meilleure équipe du monde. J’ai un immense respect pour Rassie Erasmus. Toutes ses équipes sont bien organisées. »

Objectif 15 points maximum

S’ils veulent s’imposer, les Gallois devront rester dans leurs standards défensifs, voire mieux. « Nous devons revenir à cette moyenne de 14 points concédés qu’on avait lors du dernier Tournoi des Six Nations, ambitionne Edwards. Dans cette Coupe du Monde, on est plutôt autour de 18-19, ce qui est déjà pas mal du tout. Mais si on les tient autour de 13 à 15 points, on devrait pouvoir s’en sortir en attaque pour s’imposer. »

Et si ces dernières années le pays de Galles a un bilan plutôt flatteur contre les Springboks (quatre victoires de suite), ce n’est pas fait pour rassurer totalement l’expérimenté Shaun Edwards. « C’est comme face à l’équipe de France, ça se joue à chaque fois d’un rien, confie-t-il. C’est ce qui est génial dans cette Coupe du Monde : tu débutes un match et tu ne connais pas le nom du vainqueur à l’avance. »

Demi-finaliste en 2011, quart de finaliste en 2015, Edwards ne veut pas laisser passer une troisième et dernière occasion en Coupe du Monde avec le pays de Galles. « C’est une chance à saisir. Cela ne se présente pas souvent. On est sur une meilleure série de victoires qu’en 2011. En un an et demi, on n’a perdu qu’un seul match officiel. »

Et si se pose désormais la question de savoir si ce XV du Poireau est le meilleur de l’histoire de la sélection, Shaun Edwards n’a pas encore de réponse formelle. « On le saura dimanche », sourit celui qui semble déjà avoir un plan bien rodé pour contrer les Boks.

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