OITA, le 16 octobre – L’histoire récente dit que si les Bleus ont une chance contre le pays de Galles, deuxième du classement World Rugby et auteur du Grand Chelem dans le dernier Tournoi, elle est dans les mains des avants et peut-être même concentrée dans un secteur très particulier : celui de la mêlée.

En demi-finales de la Coupe du Monde 2011, les Bleus l'avaient emporté en supériorité numérique suite au carton rouge infligé à la 18ème minute au capitaine gallois Sam Warburton pour un plaquage cathédrale sur Vincent Clerc. Depuis, les Bleus n’ont réussi qu’à une seule occasion à renverser le XV du Poireau. C’était en mars 2017, après 21 minutes d’arrêts de jeu grâce à un essai de Damien Chouly. Avant ? Les Bleus, menés, s’étaient donné le droit de rêver au miracle grâce à un pack intraitable : plus forts dans le secteur de la mêlée, ils se sont employés à faire la différence sur cette épreuve de force. Douze mêlées, toutes gagnées, avant que Chouly ne finisse en terre promise.

Gaël Fickou, qui était de la partie, n’a rien oublié : « Ça faisait longtemps que je n’avais pas ressenti une émotion pareille. On joue pour ça. C’est un bon souvenir. Ça avait été un match dur. Ça avait bien commencé, les Gallois sont revenus. C’est une grosse équipe, on le sait. On a gagné grâce à nos avants, ils avaient réussi un match redoutable. En mêlée, on a chahuté les Gallois sans être récompensés comme on le devait. Ça fait partie du jeu. Mais ce fut une superbe émotion, un super souvenir avec l’essai de Chouly qui a délivré tout le monde. C’était le match le plus long. Ça fait partie des beaux souvenirs. »

Des Bleus en souffrance

De beaux souvenirs certes, mais donnent-ils des raisons d’espérer dimanche à Oita ? Pour cela, il y a tout de même un problème : les Bleus sont en souffrance dans le secteur de la mêlée depuis le début de la compétition. Les chiffres sont sévères au pays des Ondarts, Garuet, Dubroca, Servat, Mas et autres Marconnet… Sur ses introductions dans cette Coupe du Monde, la France présente en effet un taux de mêlées réussies famélique : 78 %, soit le pire total des vingt équipes engagées, derrière la Namibie (80 %) et le Canada (85 %), quand les Australiens, par exemple, frôlent les 90 %.

Le pilier Cyril Baille ne nie pas les difficultés. « Depuis quelques matches, la mêlée est pointée du doigt. On a essayé de travailler dessus depuis deux semaines. Il y a des petits détails vus à la vidéo qu’il faut corriger pour qu’on devienne plus disciplinés. » L’autre gaucher des Bleus, Jefferson Poirot, détaille : « Je pense qu’on avait perdu un peu de collectif, beaucoup de petits détails ont des grandes conséquences. On a pu, grâce à ce match annulé contre l'Angleterre, y travailler. Mais le fait d’avoir travaillé n’assure rien : il faudra le valider. On en est conscients, on espère faire une grosse partie. »

Face à une mêlée intelligente

Le vice-capitaine de l’équipe de France parle à ce sujet de grand défi. Il se méfie : « La mêlée galloise est une mêlée stratégique. Contre les Géorgiens, on a vu que sur les premières, les ballons étaient vite digérés, mais à la troisième mêlée, ils ont choisi une double poussée... C’est une mêlée très intelligente, qui prend la mesure de l’adversaire. On sera testés et on devra répondre présent quoi qu’il arrive pour donner envie aux Gallois de vite digérer les ballons pour qu’on puisse se concentrer sur le jeu et l’intensité. »

L’autre enjeu est évident, ne pas aller à la faute dans ce secteur pour ne pas donner des munitions supplémentaires aux Gallois. L’indiscipline des Français est déjà patente dans cette Coupe du Monde : 10,3 fautes par match, pire total des quart-de-finalistes derrière les Gallois et les Australiens (8,8 par match). Aucun doute là-dessus, la mêlée est attendue pour montrer la voie.

RNS gl/lc/sc