Le retour du rugby aux Jeux olympiques a ouvert la porte à des joueurs de tous pays. Et Phoenix Xu, première arbitre féminine de Chine, espère bien rejoindre les équipes qualifiées à Tokyo en 2020.

La jeune fille a été initiée au rugby à l'université, lorsque, joueuse de foot, elle a été autorisée à se saisir du ballon dans le cadre de ses entraînements. C'était un premier contact. Et trois ans après avoir été diplômée, elle a été approchée pour savoir si continuer dans l'arbitrage lui plairait. Pour tout dire, convaincue, elle n'est pas revenue en arrière.

Ses débuts comme arbitre assistante

Phoenix Xu a commencé comme arbitre assistante sur une étape locale du HSBC World Rugby Women’s Sevens Series à Guangzhou, en Chine, en avril 2014.

Depuis, on l'a retrouvé sur bon nombre de tournois en Asie, mais son ambition a toujours été de se retrouver sur la plus grande scène.

« Lorsque j'ai commencé comme arbitre, dès le premier jour, je me suis demandée comment je pouvais faire pour me retrouver aux Jeux olympiques. Je pense que chaque arbitre veut avoir une chance d'y être », explique-t-elle.

« J'essaie de faire du mieux possible aussi bien à l'entraînement que sur le terrain. Mais si je n'ai pas la chance d'y aller, je ne pense pas que je le regretterais car je donne tout au rugby en tout cas. Si tu as un rêve, fais tout pour le réaliser. »

Phoenix Xu attribue son succès sur le terrain à la possibilité que le rugby offre à tous ceux qui sont motivés. « Si tu commences à jouer au rugby, tu ne peux plus t'arrêter », aime-t-elle à dire. « Si tu commences, tu veux juste continuer, accomplir ta tâche jusqu'au bout. Hors du terrain, si tu travailles, alors ça t'aidera à progresser. »

A la rencontre de nouvelles cultures

En retour, le rugby lui a donné l'opportunité de voyager dans le monde entier et de se confronter à de nouvelles cultures grâce à ses rencontres avec les officiels de match des autres pays.

« Je pense que j'ai beaucoup de chance car où que j'aille, quelque soit le pays, je rencontre de nouveaux arbitres ; ils sont tous gentils et m'apprennent tellement », explique-t-elle. « Ça fait cinq ans que je suis arbitre, mais je suis toute nouvelle quand même car en Chine il n'y a pas beaucoup de matches comme en Angleterre ou en Nouvelle-Zélande. Mais c'est de plus en plus fréquent en Chine qu'on me demande comment faire pour devenir arbitre. »

Phoenix voudrait encourager de plus en plus de filles à se tourner vers l'arbitrage en Chine, mais de lourdes barrières existent encore dans le pays. La plus grande, selon elle, est la perception de l'ancienne génération envers ce sport : le rugby est trop dangereux pour laisser les enfants y jouer.

« Je pense qu'en Chine la plupart des parents, de la génération de mes parents, pensent qu'il est trop difficile pour les enfants de jouer au rugby », tente d'analyser Phoenix. « Mais lorsque les gens de mon âge grandissent, ils veulent voir leurs enfants jouer au rugby. Ce n'est pas dangereux. C'est un sport que les filles peuvent pratiquer au même titre que les garçons. »

Un immense potentiel

Phoenix Xu sait que la décision de jouer ou non au rugby est une décision collective et mûrement réfléchie. En Chine, elle n'intervient pas sur un coup de tête.

« Avant, mes parents pensaient que c'était trop dur pour moi. Ils disaient que c'était plus facile de jouer au foot », se souvient-elle. « Mais depuis peu ils ont complètement changé d'avis. Ils m'ont vu à la TV et ils sont tellement fiers. Maintenant, mes parents et mes amis savent de quoi il s'agit. 'Ah, c'est ça le rugby, c'est donc de ça qu'il s'agit !' Ils ont tous vu le rugby à la TV et ils sont tellement heureux pour moi. »

Phoenix Xu sent que la Chine a un immense potentiel pour continuer dans cette voie.

« La Chine est un immense pays de sport, mais comme notre président l'a dit, le sport en Chine a besoin d'avancer, de devenir puissant. Je pense que le rugby chinois peut s'épanouir. C'est un pays fait pour ça ! La Chine a une forte population, d'adultes et d'enfants, qui joue au rugby », affirme-t-elle.