Gemma Fay en sait quelque chose sur le travail et la patience dont il faut faire preuve pour réussir à percer sur la scène internationale. Lorsqu'elle a commencé dans les buts de l'équipe féminine de football d’Écosse à l'âge de 16 ans pour un match de qualification de la Coupe du Monde de foot Féminin contre la République Tchèque en mai 1998, son équipe était l'équivalent d'une équipe de tier 2.

Les Écossaises étaient obligées de finir premières de leur groupe – ce qu'elles ont fait – afin de jouer un match éliminatoire contre l'Espagne (finalement perdu 7-1). Il faudra attendre deux décennies pour voir l’Écosse sur un tournoi majeur, soit l'Euro féminin en 2017, 203e et dernière sélection pour la capitaine Gemma Fay.

Ce mois de juin 2019, l’Écosse jouera l'Argentine, l'Angleterre et le Japon pour la prochaine Coupe du Monde de football féminin à Reims.

Après avoir réussi une mission qui semblait impossible pour le football féminin, Gemma est maintenant déterminée à faire la même chose pour le rugby féminin de son pays, cette fois en tant que responsable du rugby féminin à la Scottish Rugby.

Se montrer crédible

« C'est un parcours un peu similaire entre le foot et le rugby et je sais ce qui peut être fait », dit-elle. « Nous avons déjà fait beaucoup pour poser les bases et la philosophie que nous souhaitons mettre en place. Nous avons fait quelques recrutements pour concrétiser le tout et maintenant nous nous concentrons sur la qualification à la Coupe du Monde de Rugby Féminin en 2021. »

Gemma a rejoint la Scottish Rugby en novembre 2017 et reconnaît que les 17 derniers mois ont été soutenus, « mais si ce n'est pas difficile, ça ne vaut pas le coup », aime-t-elle à dire. « Je pense que le défi le plus important est de montrer notre crédibilité. Ensuite, c'est développer un état d'esprit, une manière de voir les choses pour inculquer une culture, ce qui n'avait jamais été fait avant. »

Les premières fois de Gemma

Depuis que Gemma est arrivée à Murrayfield, elle a essuyé de nombreux plâtres dans le rugby féminin. En juillet 2018, la Scottish Rugby a proposé huit contrats pros de plus à des joueuses avec pour objectif la qualification pour la Coupe du Monde 2021 en Nouvelle-Zélande.

Dans le même temps, sur le Sevens, l’Écosse a fait ses premiers pas sur le tournoi de qualification du World Rugby Women’s Sevens Series à Hongkong en tant que meilleure équipe d'Europe après avoir échoué de peu à se qualifier pour la saison 2020 en finale contre le Brésil, 28-19.

« Je pense que ce qu'il faut retenir c'est que ce n'est pas parce que ça n'a jamais été fait qu'on ne peut pas le faire. On le peut et on a besoin de tous pour réussir », assure-t-elle. « En termes de performance, les filles sont à fond avec nous là-dessus. Elles ont besoin d'y croire. Je pense que nous avons de bonnes joueuses et des joueuses avec un fort potentiel. Et il est de notre ressort de concrétiser leur potentiel. »

Philip Doyle, nouvel entraîneur

La fédération écossaise de rugby a été un peu plus loin dans cet engagement en annonçant le recrutement de l'ancien entraîneur de l'Irlande Philip Doyle comme nouvel entraîneur de l'équipe féminine d’Écosse.

Son contrat court jusqu'au terme du processus de qualification pour la WRWC 2021. Selon Gemma, l'entraîneur qui a remporté le Grand Chelem « a toute l'expérience qu'il faut pour nous accompagner pendant cette période et gagner notre place sur le tournoi ».

L’Écosse a terminé à la dernière place du dernier Tournoi des 6 Nations en ayant perdu ses cinq matches. Néanmoins, Gemma Fay est convaincue que des équipes comme l'Irlande et l'Italie sont à sa portée pour gagner sa place en Nouvelle-Zélande.

« Personne n'aime perdre, c'est trop décevant », rappelle-t-elle. « Mais je pense qu'il y a du bon à garder de ces matches-là. On a eu quelques blessées pendant le Tournoi mais avant le Tournoi on avait de quoi gagner ; on aurait dû gagner. Si on s'en tient au plan comptable, ça ne va pas nous faire beaucoup avancer. Nous connaîtrons la victoire lorsque la qualification se jouera avec Rugby Europe. Nous saurons ce qu'il faut faire à ce moment-là et nous construisons dans cette direction. »

Une organisation « rafraîchissante »

En mars 2019, Gemma Fay a été récipiendaire de la nouvelle Bourse de Développement pour le Leadership octroyée par World Rugby. Elle est épaulée par Raelene Castle, directrice générale de Rugby Australia qu'elle a rencontré pour la première fois à Hongkong le mois dernier.

Fay estime que la Scottish Rugby est « une organisation rafraîchissante » pour une nouvelle dirigeante comme elle et a salué le travail accompli par le DG Mark Dodson, le président Colin Grassie et le directeur technique Stephen Gemmell, entre autres, ainsi que par l'ex-directeur du rugby Scott Johnson et la nouvelle membre du conseil Julia Bracewell.

« Il y a de bonnes personnes dans cette organisation et si vous avez autour de vous de bonnes personnes qui veulent vous mettre au défi et qui veulent améliorer les choses, alors c'est vraiment important », confie Gemma. « Toutes les personnes impliquées dans le rugby écossais, et je ne parle pas seulement de rugby de performance, je veux dire du rugby en général, veulent que leur sport soit meilleur. Ils veulent que plus de filles jouent, ils veulent faire des changements et si vous avez ce genre de personnes impliquées dans le sport, alors cela vous facilitera un peu la tâche. »

Photos : SNS Group/SRU