• World Rugby, les fédérations et les ligues professionnelles se sont penchées sur le futur visage du rugby au travers d'une modification du règlement
  • Le nombre de blessures n'augmente pas, tandis que le nombre de commotions cérébrales diminue
  • World Rugby, les fédérations et les compétitions vont identifier une compétition d'élite afin de tester un système d'avertissements concernant la hauteur des plaquages ; une première initiative a permis une réduction de 50% des commotions lors du Championnat du Monde des Moins de 20 ans 2018

Le futur visage du rugby sera défini en fonction d'initiatives de prévention des blessures fondées sur des données probantes. Le monde du rugby s'est engagé à rendre ce sport aussi simple et sûr que possible à l’occasion d’un symposium consacré à la sécurité des joueurs et au règlement, organisé à Marcoussis, en France, cette semaine.

Une première étape importante, comprise dans le cycle quadriennal de modification du règlement, vise à réfléchir sur le rugby au-delà de la Coupe du Monde de Rugby 2019 au Japon afin de réduire les risques de blessure.

Des délégués représentant les fédérations et des ligues professionnelles, des médecins, des chercheurs et des scientifiques de renom se sont joints aux joueurs, aux entraîneurs et aux législateurs à l'occasion d'un forum de trois jours. Celui-ci a permis d'analyser les dernières données sur les blessures, les progrès considérables réalisés jusqu'à présent en matière de prévention, d'identification et de gestion des blessures afin d'identifier des tendances susceptibles d’être concrétisées par des amendements au règlement.

Le rugby aujourd'hui

  • Le temps de jeu effectif a augmenté de 14% en moyenne depuis 2014, au travers de 22 compétitions pro, passant à 39 minutes, ce qui a conduit à une augmentation du nombre de plaquages, de rucks et de passes
  • Il n’y a maintenant plus que sept mêlées en moyenne par match, contre 32 en 1987

Les incidences sur les blessures et les tendances

  • Le nombre de blessures n'augmente pas sur les 22 compétitions professionnelles étudiées dans le monde, tandis que le nombre de commotions a diminué de 14% sur les 22 compétitions en 2017-2018
  • Le plaquage est à l'origine de 50% des blessures sur un match, tandis que l'entraînement représente jusqu'à 90% du temps de travail des joueurs
  • Malgré l’augmentation du temps de jeu effectif et, par conséquent, du volume des plaquages, le risque de blessure diminue
  • Le plaquage représente 76% de l'ensemble des commotions cérébrales, alors que 72% des commotions subies dans le plaquage surviennent au niveau du plaqueur
  • Les plaquages à haut risque (lorsque le plaqueur et le porteur du ballon sont debout) présentent 50% plus de risques de commotions cérébrales

« L'objectif de ce symposium était de réunir des joueurs, des entraîneurs, des soigneurs et des experts du rugby afin d'identifier et d'explorer les modifications potentielles à apporter au règlement pour renforcer la prévention des blessures tout en favorisant la simplicité, l'accessibilité et le spectacle que procure le rugby », a déclaré Sir Bill Beaumont, le président de World Rugby.

« Nous avons réalisé de grands progrès ces dernières années. S'il est évident, à en croire les dernières données statistiques, que le temps de jeu effectif et le nombre de plaquages ont augmenté, le taux de blessures, lui, n'augmente globalement pas, tandis que le taux de commotions semble diminuer pour la première fois.

« Cependant, nous nous efforçons toujours de faire plus pour protéger nos joueurs et réduire les risques de blessure. Ce forum était une première étape importante de collaboration. Les délégués ont identifié un certain nombre de recommandations que notre Comité de Rugby devra prendre en compte. »

Ce qu'il ressort du symposium

  • Expérimentation : la prévention des blessures étant au cœur du nouveau cycle quadriennal de révision des règles, les délégués ont identifié un certain nombre de domaines sur lesquels pourraient être menées des expérimentations que World Rugby va désormais évaluer via son Groupe de Révision des Règles

World Rugby, en collaboration avec ses fédérations et les ligues professionnelles, va identifier une compétition d'élite afin de tester un système d'avertissements pour les plaquages hauts qui avait déjà été utilisé lors du Championnat du Monde des Moins de 20 ans 2018 - un système qui a permis de réduire de moitié le nombre de commotions cérébrales.

  • Application de la règle : World Rugby doit mettre en place un cadre élevé de sanctions afin que celles-ci soient suffisamment dissuasives et compréhensibles par le public
  • Charge d'entraînement : tout joueur participant à la Coupe du Monde de Rugby 2019 doit posséder un « passeport de charge » afin d'encourager les meilleures pratiques en termes de charges d'entraînement entre les clubs et la sélection nationale (approuvé par le Conseil de World Rugby en novembre 2018 et présenté aux entraîneurs du tier 1). De plus, toutes les fédérations sont encouragées à gérer de manière optimale la charge de travail entre les clubs et l'équipe nationale sur la base des meilleures pratiques et directives
  • Surveillance des blessures : conformément aux nouvelles normes définies pour les compétitions professionnelles approuvées par le Comité exécutif de World Rugby en septembre, à compter du 1er janvier 2019, toute compétition demandant à mettre en place un protocole commotion (HIA) doit désormais : a) mener une surveillance rigoureuse des blessures en lien avec les normes World Rugby afin de créer un ensemble annuel complet de données globales définitives et comparables, b) désigner un médecin spécifique à chaque match, c) permettre un examen vidéo minimal et d) assurer la représentation d'un membre de World Rugby au sein du groupe d’évaluation HIA
  • Échauffement : les fédérations sont encouragées à adopter à l’unanimité le programme d’échauffement de prévention des blessures « Activate » mis au point par la RFU et l’Université de Bath, qui a démontré une réduction de 50% des commotions et de 40% des blessures au niveau amateur lorsqu’il est utilisé minimum trois fois par semaine (plus d'infos ici).
  • Formation au plaquage : bien que le risque de blessure par plaquage ait diminué, ce risque reste très fréquent dans le rugby. Toutes les fédérations seront encouragées à veiller à ce que les environnements professionnels proposent une formation complète à tous les jeunes joueurs professionnels sur la technique des meilleures pratiques, comme il est par exemple proposé dans le programme Rugby Ready. (La LNR a annoncé en décembre 2018 qu'elle allait organiser des formations avec tous les clubs professionnels, joueurs, entraîneurs et officiels de match en France).

« Les experts présents au symposium ont gardé l'esprit ouvert et se sont concentrés sur des initiatives significatives et réalistes susceptibles de réduire davantage le risque de blessure dans le rugby », a salué John Jeffrey, président du Comité Rugby. « Les résultats ont été à la hauteur des attentes et seront transmis à notre Comité Rugby et à d'autres groupes d'experts pour un examen et une évaluation approfondis. »

« Ce forum a été passionnant, constructif et important », a conclu Bill Beaumont. « Nous sommes parfaitement en phase avec notre engagement et je voudrais remercier mes collègues des fédérations, des compétitions et les représentants des joueurs internationaux de rugby pour leur contribution constructive et leur engagement total. Nous sommes tous unis dans l'objectif commun de faire du rugby un sport plus sûr et plus simple pour les générations futures. »