Le sélectionneur Jacques Brunel avait choisi la méthode Coué pour définir sa semaine de préparation : « plus d'enthousiasme, d'excitation, de précision » de la part de ses joueurs avant ce choc contre l'Irlande. Deux semaines après la victoire contre l’Écosse, les tricolores avaient pu reprendre leur souffle, sans pour autant se sentir sortis de la crise. Et pour cause.

Une stat résumait à elle seule la première période ce ette rencontre à l'Aviva Stdium pour le compte de la quatrième et avant-dernière journée du Tournoi des 6 Nations. A la demi-heure de jeu, seuls trois joueurs français avaient assuré des passes : Ntamack, Dupont et Picamoles. Tandis qu'en face, seul Furlong n'avait pu transmettre la balle une seule fois. Un véritable hold up de la part des Irlandais qui s'est poursuivi jusqu'à la pause.

92 % d'occupation irlandaise

Le pressing a commencé dès la deuxième minute et cet essai de Rory Best – son 10e en sélection – sans grande résistance. A la demi-heure de jeu, Jonny Sexton marque le deuxième au pied des perches, encore une fois à partir d'une touche suivie d'un maul qui a concentré la défense française (14-0). Le troisième intervient six minutes plus tard par Jack Conan au terme de dix phases de percussion/libération (19-0).

Avec 92 % d'occupation irlandaise à la demi-heure de jeu - qui fait dire aux experts que la France ne s'en sort finalement pas si 55e mal avec ce score – la France est bien en peine. Même sa mêlée, jadis si solide, plie sous la puissance adverse (neuf kilos plus lourde). Jefferson Poirot est rapidement évacué (Lauret est également blessé au genou) et Demba Bamba sort provisoirement pour saignement.

Sans ballon, difficile de tenter la moindre action et Damian Penaud a de quoi ressasser cette mauvaise maîtrise de la balle à la 5e au sortir d'une mêlée suivie d'une diagonale qui menait irrémédiablement à un essai de Thomas Ramos sous les poteaux. La défense française tient bon mais souffre, condamnée à plaquer sans relâche.

Le coq se relève… mais trop tard

Le retour des vestiaires est d'une autre tenue pour les Français avec 13 phases de jeu ; c'est la première fois – au bout de 43 minutes ! - que la France conserve autant le ballon dans cette rencontre. Mais l'action se termine par un en-avant sous la pluie de Dublin.

Les Bleus tiennent en tout quinze minutes et sont une fois encore victimes d'une combinaison des Irlandais… consécutive à une touche à 22 mètres. Un retour après lancer permet à Keith Earls de se faufiler et d'inscrire le quatrième essai (bonus) de son équipe (26-0).

L'Irlande a retrouvé le chemin de l'en-but et la France ne peut plus échapper à son supplice. Les remplaçants irlandais sont tous sur le terrain tandis que les titulaires se projettent déjà sur leur dernier match contre le Pays de Galles. D'aucuns parleront ici d'un décroche.

Car la fin de la rencontre verra la France sauver l'honneur malgré un carton jaune sur Dorian Aldegheri (suite à plusieurs avertissements). A la 77e, Yohann Huget plonge dans l'en-but et trois minutes plus tard, une puissante cocotte attribue un deuxième essai à Camille Chat.

Le XV de France a échappé de justesse à un triste record à l'Aviva Stadium. Jamais une équipe de France n'avait perdu de plus de 24 points contre l'Irlande… depuis 1913. Ce ne sera pas pour cette fois, mais ce n'est pas passé loin.