La vérité d’un jour n’est pas celle du lendemain. Autant dire que celle d’un tournoi est encore moins celle du suivant et ce même si les deux dates ne sont éloignées que par une petite semaine. Dernière à Las Vegas le week-end dernier, l’équipe de France s’est sublimée à Vancouver pour atteindre la finale d’une étape du circuit mondial pour la première fois depuis Port Elizabeth en 2012-2013. Cela faisait 60 tournois que les Tricolores n’avaient pas été à pareille fête. Mais les Bleus ne pourront pas accrocher un deuxième sacre sur les World Series à leur palmarès. En tout cas pas tout de suite. Les Français ont échoué en finale face à l’Afrique du Sud qui s’impose pour la première fois de la saison, la trentième de son histoire sur le circuit (21-12).

Jusque-là, la journée a tutoyé le sublime pour l’équipe de Jérôme Daret. Dès les quarts de finale, les Bleus ont infligé une correction aux Samoa, tout juste finalistes malheureux du tournoi de Las Vegas. L’occasion pour certains comme Gabin Villière de se révéler. La défense de fer des Français et surtout une attaque inspirée ont totalement éteint les espoirs des coéquipiers de Motuga, dépassés par une formation en transe (35-12).

Si le match face aux Samoa a été un modèle, que dire de celui livré face aux Etats-Unis ? N°1 mondiaux, vainqueurs du tournoi de Las Vegas la semaine passée, les Eagles venaient d’enchaîner cinq finales lors des cinq premiers tournois de la saison. Pourtant, sur la pelouse, il n’y a jamais eu match. La première période des Tricolores a été héroïque, peut-être la plus belle jamais proposée par une équipe de France à 7. La deuxième, du même acabit, a fini d’assommer des Américains sans réaction et qui ont dû attendre la toute fin du temps règlementaire pour débloquer leur compteur et marquer leur seul essai du match (33-5).

Barraque et Parez en leaders, Villière se révèle

Cette rencontre a mis en lumière le talent de cette équipe et notamment celui d’un homme, Stephen Parez. Auteur du premier essai bleu face aux Etats-Unis, il a tout fait à la défense adverse. Cet essai, il se l’est créé lui-même en grattant le ballon au sol, obtenant une pénalité, jouant rapidement et semant ses adversaires via une course de 50 mètres. En demi-finale, c’est lui qui fait vivre un calvaire à Madison Hughes et au squad américain.

Stephen Parez s’est attiré les louanges venus des observateurs étrangers, tout comme Jean-Pascal Barraque. Le métronome. Sa façon de se mouvoir et d’attaquer la ligne font de l’ouvreur un poison pour les défenses. C’est lui qui, d’un crochet intérieur, a déposé Martin Iosefo pour l’essai qui a mis au suspense en demi-finale. Buteur, il est le régulateur du jeu et lorsqu’il est dans un bon jour, c’est toute l’équipe qui brille.

Mais si les cadres (Lakafia, Laugel, Bonnefond ont entre autres également répondu présent), ce tournoi restera comme celui de l’éclosion de Gabin Villière. En quart de finale, c’est lui qui, par sa puissance et son aptitude à résister et casser des plaquages a mis les Français en ordre de marche avec deux essais et en offrant le troisième à Antoine Zeghdar. En demi-finale, du haut de ses 22 ans, il est encore dans les bons coups avec un essai marqué en arrachant le ballon dans les mains de Leota. Une révélation.

Lorsqu’il a été interrogé sur la transformation entre l’équipe de France quinzième la semaine passée et celle finaliste ce dimanche, Jérôme Daret a simplement parlé de l’état d’esprit. « C’est dans la tête, une question de confiance », explique-t-il ainsi. Après un tel tournoi, nul doute que l’équipe de France sait désormais qu’elle a les armes et le niveau pour atteindre plus régulièrement les phases finales. Et se hisser progressivement au niveau des meilleurs.