Beaucoup de monde était attendu dans les tribunes du Sandy Park samedi 9 mars pour le choc entre les deux équipes encore invaincues dans ce Tournoi des 6 Nations féminin 2019, l'Italie et l'Angleterre.

L'Angleterre était alors bien partie pour remporter un deuxième Grand Chelem en trois éditions après des victoires sur l'Irlande, le Pays de Galles et la France. Mais en face, la surprise italienne de la saison était prête à contrarier ses plans…

L'Italie ne participe au Tournoi des 6 Nations féminin que depuis 2007 et le mieux que les Azzurre aient fait, c'est troisième en 2015 après avoir battu la France, l’Écosse et le Pays de Galles.

Mais d'impressionnants progrès ont été fait depuis et principalement depuis que les Italiennes ont battu l'Espagne pour la 9e place de la Coupe du Monde de Rugby Féminin 2017, soit leur meilleure performance depuis quinze ans !

Avant la quatrième journée du Tournoi 2019, la jeune équipe d'Italie a déjà surpris l’Écosse, fait match nul contre le Pays de Galles et a battu l'Irlande pour la première fois. A la 7e place du classement mondial World Rugby, l'Italie est la troisième meilleure équipe européenne et pourrait bien dépasser l'Australie en cas de grosse victoire contre l'Angleterre à Exeter.

Gagner le Tournoi ?

« Ce serait même génial de remporter le Tournoi », s'enthousiasme déjà l'entraîneur Andrea di Giandomenico. « C'est sur que les récents résultats nous mettent en confiance et nous stimulent, mais notre objectif est de renforcer la constance et la cohérence de l'équipe et c'est quelque chose qu'on peut même faire en bas de tableau. »

Il est certes plus facile de garder le cap dans la victoire et Di Giandomenico admet que ces résultats font un bien fou aussi pour toute la filière du rugby féminin en Italie.

« Beaucoup de choses ont changé et nous avons gagné en visibilité », dit-elle. Par dessus tout, il y a une prise de conscience aujourd'hui de ce qu'il faut faire pour améliorer la performance physique des filles, mais aussi la technique et le comportement. »

Une nouvelle génération en marche

Mis à part 2017 avec un Tournoi catastrophique sanctionné par une cuillère de bois après cinq défaites, l'Italie est sur une bonne dynamique depuis 2013, remportant au moins deux matches dans six de ses sept derniers Tournois.

La capitaine Manuela Furlan s'accorde avec son entraîneur pour reconnaître que le succès rencontré sur le terrain s'est traduit par une plus grande sensibilisation et une participation accrue au niveau national.

« Beaucoup de filles sont aujourd'hui attirées par le rugby et ça vient sans doute de nos résultats », dit-elle. « Le nombre de filles licenciées et le nombre d'équipe féminines en Italie a gonflé et ça nous donne de grands espoirs pour l'avenir. »

La performance de l'Italie dans ce Tournoi 2019 est aussi à mettre au crédit d'une jeune génération qui arrive. Andrea di Giandomenico a été récompensée de son pari d'avoir introduit 13 débutantes dans son groupe de 30 joueuses pour ce Tournoi. Un pari qui semble pour l'instant avoir réussi.

« Cette nouvelle génération est assurément l'un des points positifs de ce Tournoi 2019 », dit-elle. « Les plus jeunes ont apporté leur énergie et ont participé à la croissance du rugby. »

Manuela Furlan estime que ces nouvelles recrues ont « permis à l'équipe de continuer à grandir » et tient à rendre hommage à ses coéquipières qui se sont très bien intégrées auprès des vétérans. Ça s'est surtout vu lors de la première défaite de l'Irlande dans le Tournoi contre l'Italie à Parme, sur le score 29-27.

« C'est sur que ça nous a donné encore plus de confiance pour les prochains matches », confie Manuela.

Construire sur la victoire

C'était d'autant plus impressionnant que juste avant les Italiennes n'avaient pu faire mieux que 3-3 contre le Pays de Galles à Lecce. « Ce match nous a quand même été très utile dans la mesure où ça nous a permis de redéfinir les rôles de chacun de manière individuelle et collective », assure l'entraîneur.

A l'inverse, la victoire historique sur l'Irlande a redonné de la confiance à tout le monde, qui plus est en attendant le clash contre l'Angleterre à Exeter.

« Nous travaillons pour gagner tous les matches », rappelle Di Giandomenico. « Nous savons très bien que chaque détail compte si nous voulons jouer au plus haut niveau. Comme je l'ai déjà dit, nous nous concentrons sur notre performance et à la fin de la journée, seul la vérité du terrain comptera. »

« Je ne sais pas si on pourra les battre car l'Angleterre est sans doute l'une des meilleures équipes en ce moment », nuance Furlan. « Mais on fera tout pour leur rendre la tâche difficile. »

Une seule victoire – que ce soit contre l'Angleterre à Exeter lors de la quatrième journée ou contre la France à Padoue lors de la dernière journée – confirmerait la plus belle performance de l'Italie dans ce Tournoi 2019. « Ça nous apporterait beaucoup de fierté et de satisfaction, mais aussi beaucoup plus de visibilité en Italie et peut-être une bonne raison de séduire les jeunes filles », espère Manuela Furlan.

Photos: ©Fotosportit/FIR