L'entraîneur des USA Women's Eagles, Rob Cain, admet qu'il a d'abord trouvé la transition « étrange » de passer d'entraîneur d'un club en Angleterre à entraîneur de l'équipe féminine des USA. Deux semaines à peine après avoir été le fer de lance de la victoire des Saracen Women dans la finale du premier Tyrrells Premiership, l'Anglais s'est vu confier les rênes de l'équipe nationale féminine des États-Unis en mai dernier.

Deux mois plus tard, il traversait l'Atlantique pour débuter sa nouvelle vie, laissant derrière lui un héritage fondé sur le succès au cours des quatre années passées à North London. Cette fois, il allait goûté un environnement rugby un brin différent.

« Je pense que le monde est... étrange », admet-il lorsqu'on lui demande de synthétiser cette transition. « De ne plus avoir de relations quotidiennes ni de matches tous les week-ends, ça m'a fait un peu bizarre au début. »

Avec sa soif d'en apprendre plus sur la situation du rugby féminin aux USA, Rob Cain s'est immédiatement mis au travail avec les équipes nationales jeunes, accompagnant le groupe Women’s Junior All-American à Nova Scotia pour un tri-nations des moins de 20 ans contre le Canada et l'Angleterre au mois d'août.

Il a perdu les deux matches, mais ça valait le déplacement pour la suite puisque cette expérience lui a donné une idée des défis que les joueuses auraient à relever. Cela lui a également permis d'entrer en contact avec Kate Daley, qui est depuis entraîneur adjoint sur l'équipe nationale féminine des USA, ainsi que sept membres de son staff.

Comme une équipe de club

« C'est moins étrange maintenant », sourit-il. « Plus important encore, nous avons maintenant pris conscience des défis auxquels les joueuses sont confrontées en termes de temps de jeu, de la quantité de rugby qu’elles jouaient et du temps consacré à leur développement, loin de la compétition de club. Je pense même que maintenant c'est presque devenu une équipe de club. »

La tournée de novembre des Eagles – marquée par des défaites contre la Nouvelle-Zélande au Soldier Field et contre l'Angleterre – a été consacrée à la détection de jeunes joueuses qui pourraient jouer un rôle au plus haut niveau.

« Un nouvel entraîneur, sans expérience internationale en ce qui me concerne, un nouveau staff, avec une expérience internationale très limitée, de nouvelles joueuses, à domicile, marquant l’histoire du Soldier Field de Chicago, une foule immense et les meilleures équipes au monde qui y jouent... C'était vraiment un environnement sous pression. Ça ne pouvait pas être plus difficile pour elles », reconnaît-il.

Les joueuses ont été récompensées de leurs efforts par une victoire sur l'équipe A d'Angleterre et l'Irlande avant la fin de leur tournée européenne.

De grandes ambitions

« Elles apprennent très vite, elles s'intègrent bien et sont très intelligentes. Elles ont découvert ce à quoi ressemblait le rugby international », explique Rob Cain. « Voilà où nous en sommes aujourd'hui. Nous savions où nous allions lors de la tournée de novembre et désormais nous souhaitons être l'une des deux meilleures équipes au monde. C'est là que nous voulons aller et c'est pour cela que je suis venu ici. J'aime la compétition et je veux que l'équipe se construise dans la victoire. »

Rob Cain a aidé à mettre en place un nouveau calendrier pour le rugby féminin aux États-Unis, ce qui devrait faciliter l'évolution et la préparation des Eagles entre deux Coupes du Monde de Rugby Féminin.

Monter en puissance pour devenir compétitif face à la Nouvelle-Zélande et à l'Angleterre par exemple est vital pour l'équipe si les filles veulent devenir la surprise à la prochaine Coupe du Monde de Rugby Féminin en 2021.

Mais Cain sait également très bien que la rançon du succès se fera en passant par le développement des entraîneurs, en améliorant les programmes et le développement des joueuses. Il a déjà commencé à travailler avec Daley qui a rejoint son staff, ainsi que Jamie Burke et Jenny Lui, des anciens membres des Eagles.

Préparer la suite

C'est dans cet esprit qu'il prépare déjà sa succession. « J’ai passé un bon moment aux Saracens et c’était fantastique d’être là-bas. Leur saison est réussie (2018-19) et j’aimerais penser que c'est aussi un peu grâce à mon travail. J'aimerais penser que lorsque ma mission sera terminée aux États-Unis, il se passe exactement la même chose. »

« Nous passons beaucoup de temps dans la formation des entraîneurs. Emilie Bydwell a joué un grand rôle dans ce programme d'identification des entraîneurs un peu partout aux USA. On les rassemble sur des stages de perfectionnement et nous travaillons avec eux pour améliorer leurs performances.

« Ce n'est pas facile pour les entraîneurs féminins en ce moment. Mais selon moi, peu importe qu'ils soient masculins ou féminins, si ils sont doués dans ce qu'ils font, peu importe le genre. »

Rob Cain travaille étroitement avec Emilie Bydwell, la responsable du haut niveau féminin à USA Rugby. « Emilie est très douée et a placé les joueurs au centre de son programme », constate Cain. « Si je n'avais pas partager les mêmes idées qu'elle, je ne me serais jamais engagé. Notre relation est solide et j'adore travailler avec elle. »

Photo: Neil Kennedy