Qui aurait penser à un tel score ? Un 24-0 en faveur des Red Roses à la pause et un 41-26 pour finir. Après avoir remporté la victoire 18-17 lors du Tournoi 2018 au Stade des Alpes de Grenoble et avoir battu les championnes du monde néo-zélandaises en novembre, on aurait pu attendre mieux du XV de France féminin pour la deuxième journée du Tournoi des 6 Nations féminin face à l'Angleterre.

« C'était un après-midi compliqué pour les Françaises », analyse à froid pour World Rugby Laura di Muzio, consultante en rugby féminin. « J'étais un peu décontenancée car je ne m'attendais pas à un tel décalage entre les Françaises et les Anglaises. Clairement, très vite on n'a plu eu beaucoup d'illusions, surtout après une première mi-temps si dominatrice de la part des Anglaises. »

"Que ce soit techniquement, physiquement, tactiquement, les Anglaises étaient en place..."

Laura di Muzio

A la pause, Jess Breach avait déjà inscrit deux essais (11e et 40e), de même que Poppy Cleall pour son premier (26e) et Kelly Smith (35e) alors que Katy Daley-McLean passait deux transformations. Les premiers points français sont arrivés par la puissance de Safi N'Diaye (42e) avant trois autres essais.

Des Anglaises bien plus performantes

« Les filles ne sont pas du genre à avoir trop confiance ou ne pas respecter leur adversaire, mais je pense que les Anglaises sont arrivées mieux équipées que l'année dernière », explique Laura di Muzio. « Que ce soit techniquement, physiquement, tactiquement, elles étaient en place. Elles sont fourni une prestation au-dessus de ce que nous ont proposé, notamment dans l'alternance du jeu, les Néo-Zélandaises en novembre. J'ai été surprise du niveau de jeu proposé. C'était parfait du début à la fin.

« Côté français, je pense qu'on a été un peu dépassé par la vitesse d'exécution, le réalisme... et pourtant dès le début on a su marquer notre territoire en mêlée. Mais petit à petit un travail de sape s'est mis en place de la part des Anglaises ; sur chaque plaquage ça ralentit les ballons, les rucks. Un peu de retard au soutien et tu perds les ballons. Les Françaises n'avaient pas l'habitude, dans le Tournoi des 6 Nations, d'être autant bougées. Et du coup, dans la précipitation, quand tu es mené, tu as un deux ou trois essais d'écart et tu te mets à jouer plus vite, tu fais des fautes de main, des turnovers et c'est fini, tu perds le contrôle du match. »

« Les Françaises ont couru après le score

En attaque, l'Angleterre a déroulé : 58,3% de possession (contre 41,7%), 361 ballons joués (contre 329), 146 ballons portés (contre 152), 734 mètres parcourus (contre 800), 7 plaquages cassés (contre 7), 206 passes (contre 185), 111 rucks/mauls gagnés (contre 106)...

« Le jeu des Anglaises était très pragmatique. Dès que ça ne marchait pas, ça tapait pour gagner 50 mètres et relancer une attaque. Elles ne prenaient pas de risque. Balle en main elles ont produit du jeu, ce n'était pas juste des contre-attaques. J'ai été scotchée par la performance des Anglaises », confie la consultante.

"Les Françaises ont couru après le score tout le temps, mais elles ne se sont jamais démobilisées..."

Laura di Muzio

En défense, les Red Roses n'ont pas non plus manqué le rendez-vous avec huit ballons récupérés après plaquages (contre cinq), 233 plaquages effectués (contre 195), huit mêlées gagnées (contre six) et seulement 14 turnovers concédés (contre 23).

« Les Françaises ont couru après le score tout le temps, mais elles ne se sont jamais démobilisées, elles n'ont jamais jeté l'éponge. La preuve, c'est qu'en deuxième mi-temps elles redressent la cabine, elles vont chercher les essais (quatre au total par Safi N'Diaye, un doublé de Pauline Bourdon et un de Romane Ménager, ndlr). Le replacement de Pauline Bourdon en 10 fait beaucoup de bien et accélère le jeu », observe Di Muzio.

« Elles sont généreuses au possible, mais je pense qu'elles se sont épuisées au cours du match à vouloir jouer, relancer depuis leur camp. Ce qui fait qu'à chaque fois que l'on faisait une petite faute, on s'exposait à des contres très dangereux. »

L'espoir de remporter un deuxième Grand Chelem d'affilée se sont envolés sur la pelouse du Castle Park de Doncaster ce dimanche 10 février. Le prochain match sera contre l’Écosse à Lille, le samedi 23 février.