Lors de la première journée du Tournoi 2019 la semaine précédente, alors que les Français s'étaient inclinés 19-24 devant le Pays de Galles au Stade de France, l'Angleterre avait au contraire prouvé sa suprématie en battant l'Irlande chez elle avec style sur le score de 32 à 20. Clairement, les statistiques étaient du côté de l'Angleterre qui avait remporté neuf de ses douze derniers matches des 6 Nations contre la France. Reste que malgré la victoire lors du Tournoi 2018 22-16, cela faisait depuis 2006 que la France n'avait plus battu deux fois de suite l'Angleterre dans le Tournoi.

Eddie Jones avait prévenu ses joueurs qu'il faudrait marquer rapidement pour ne laisser aucun espoir aux Français. Et ce qui fut dit fut fait. A la demi-heure de jeu, le score est déjà de 23-3 suite à un triplé de Jonny May (2e comme la semaine précédente en Irlande, 24e, 29e), nommé logiquement Homme du match.

"Nous savions que ça allait se passer de cette façon, et on n’a pas su y répondre..."

Jacques Brunel

A la 34e pourtant, Yohan Huget s'empare de la balle à 50 mètres et commence à slalomer pour perdre une défense anglaise peu entreprenante avant de trouver Damian Penaud qui marque en coin (23-8). Juste avant la pause, les Anglais parviennent déjà au bonus avec un quatrième essai signé Henry Slade (30-8).

La France bloquée

Le début de la seconde période semble maîtrisé si ce n'est qu'un essai de pénalité est accordé à la 50e minute à l'Angleterre, doublé d'un carton sur Gaël Fickou, rendu coupable d'un plaquage sur Chris Ashton, alors sans ballon. Une erreur qui se paie cash et très lourdement (37-8). L'arrivée de sang frais avec Dupont et Ntamack, entre autres, ne change rien à l'affaire.

Le compteur de la France est bloqué et les Anglais en profitent pour monter le score à 44-8 avec un essai du capitaine Owen Farrell à la 55e.

C'est l'une des plus lourdes défaites françaises et une victoire éclatante de l'Angleterre devant 82 000 spectateurs dans son antre de Twickenham. La pire défaite des Français face aux Anglais était un 37-0 alors que le Tournoi ne comptait que cinq nations (en 1911 à une époque où les essais ne comptaient pas cinq points).

« Je suis très déçu, surtout de la première mi-temps », a confié le sélectionneur Jacques Brunel lors de la conférence de presse d'après-match. « Alors qu’on s’attendait à la pression anglaise par du jeu au pied, on n’a pas su en sortir. Il y a quasiment eu les mêmes modèles d’essais sur la première mi-temps.

"Lorsque vous arrivez à accrocher le point de bonus en 30 minutes contre une grosse équipe, vous vous êtes bien débrouillé..."

Eddie Jones

« On va regarder ce qui s’est passé. Globalement on le sait, on connaît nos manques en première période. Nous savions que ça allait se passer de cette façon, et on n’a pas su y répondre. Pourquoi y a-t-il eu autant de fébrilité sur ces ballons dans notre dos? On va regarder ça.

« Le score donne un coup d’arrêt important. On va analyser ça. Il y a certes des satisfactions à en tirer : il y a eu des choses intéressantes en deuxième mi-temps, l’apport des jeunes, le fait qu’on n’a pas lâché complètement car le score pouvait être beaucoup plus lourd. Mais c’est la lourdeur de la défaite qui prédomine. »

De son côté, Eddie Jones commentait : « lorsque vous arrivez à accrocher le point de bonus en 30 minutes contre une grosse équipe, vous vous êtes bien débrouillé. Je pense même qu'on a mieux joué en seconde période. Même si on n'a pas marqué autant, nous n'avons pas manqué de concentration et nous avons empêché la France de marquer ».