En tant que vétéran avec quatre Coupes du Monde de Rugby à son actif – deux en tant que joueur et deux en tant qu'entraîneur – avec l'Angleterre, Graham Rowntree a déjà de l'expérience. Et ce n'est pas pour rien qu'il a décidé de la mettre au profit de la Géorgie en vue de la RWC 2019.

La Géorgie a été versée dans la Poule D avec l'Australie, le Pays de Galles, les Fidji et l'Uruguay. Un groupe qui donne à l'ancien pilier international anglais un air de déjà vu puisqu'il avait affronté les mêmes équipes lorsqu'il était entraîneur des avants en 2015 !

A 47 ans, il espère bien faire cette fois un meilleur résultat que la dernière fois lorsqu'il avait essuyé de cuisantes défaites face à l'Australie et au Pays de Galles – entre deux victoires sur les Fidji et l'Uruguay – provoquant la sortie prématurée et historique de l'Angleterre lors de la Coupe du Monde de Rugby qu'elle organisait pourtant chez elle...

« C'est sur que cette poule me dit quelque chose et c'est ça qui est excitant. D'autant que ça va être bien de ne pas être le favori », dit-il.

L'incroyable ADN des Géorgiens

La Géorgie avait gagné sa place à la Coupe du Monde de Rugby 2019 au Japon en terminant troisième de sa poule lors du dernier tournoi mondial en Angleterre, ce qui fait que les joueurs ont eu le temps de se préparer, de construire et Graham Rowntree n'est pas peu fier de participer à tout ce processus. Il considère que les performances des avants géorgiens peuvent encore être améliorées.

« L'ADN des Géorgiens est incroyable. Nous nous sommes entraînés à Montpellier pendant la tournée d'automne et on a pu utiliser leurs équipements. Je n'avais jamais vu ça avant ; les joueurs sont d'une telle force et, techniquement, ils sont vraiment très bons », relève Rowntree. « Mais, si j'en crois mon expérience dans le rugby international, on ne peut pas être bon uniquement sur un seul secteur de jeu, il faut être bon sur tous. Quand vous jouez de gros matches, des rencontres de Coupe du Monde comme celles contre l'Australie et le Pays de Galles par exemple, ils font beaucoup circuler la balle.

« Aujourd'hui, c'est le jeu qui prédomine. Vous devez compter sur plusieurs points forts que vous pouvez mobiliser en cas de besoin, mais vous devez aussi pouvoir défier les équipes et les épuiser. Rien que le jeu d'avants ne suffit plus maintenant. Il faut pouvoir se relever très vite, se replacer rapidement... C'est toutes ces petites choses qui font la différence au très haut niveau. »

Après l'expérience gagnée contre les nations du tier 1

C'est ce week-end, le 9 février, que la Géorgie débute sa saison en Rugby Europe Championship avec un match à l'extérieur, en Roumanie. Les autres adversaires sont l'Espagne (le 17 février), la Belgique (le 2 mars), l'Allemagne (le 10 mars) et la Russie (le 17 mars). La Géorgie entend construire sur ses confrontations récentes contre des équipes du tier 1 pour éviter les pièges du tier 2. Et en ce sens, leur défaite contre l'Italie 28-17 début novembre a donné lieu à un bon enseignement.

« Dans ce mach, nous avons bien joué, mais c'était le premier match de la tournée et nous avions différents schémas de jeu », explique l'entraîneur de la Géorgie. « On aurait très bien pu jouer ce match à la fin de notre tournée plutôt qu'au début et on s'en serait mieux sorti. Nous avons donné trop facilement des ballons et nous avons appris de nos erreurs. »

Dès la fin du Rugby Europe Championship avec un déplacement en Russie, autre pays qualifié pour le Japon 2019, il restera six mois avant de sauter dans le grand bain.

« Nous avons du temps avant la Coupe du Monde et c'est ce dont nous avons besoin pour construire un groupe solide. Après le Rugby Europe Championship, on pourra se retrouver à nouveau en avril/mai, puis nous aurons des matches de préparation contre la Russie et l’Écosse avant de nous envoler pour le Japon. »

Une fois sur place, les Géorgiens espèrent tirer leur épingle du jeu. « Lorsque je me suis engagé avec la Géorgie, je l'ai fait avec un œil sur la Coupe du Monde. Vu ce qu'on a fait à la RWC 2015, ce serait mentir de dire que finir à la 3e place n'est pas un minimum. »

Aller de l'avant

Pour Graham Rowntree, qui avait manqué d'être sélectionné lorsque les coéquipiers de Jonny Wilkinson sont devenus champions du monde en 2003, le tournoi mondial de cette année devrait être plus plaisant que ses précédentes expériences avec l'Angleterre.

« Nous avons été beaucoup critiqués, c'était dur, mais c'est le sport, c'est comme ça. Ils ont voulu changer beaucoup de choses et je l'accepte. Après ça, il faut aller de l'avant et apprendre », dit-il. C'est alors qu'il s'est impliqué dans les British & Irish Lions ainsi qu'avec les Harlequins en Premiership avant de signer en Géorgie en septembre 2018.

« J'adore le rugby et j'ai encore tellement d'énergie à donner. Ce rôle-là me convient très bien », assure-t-il. « Les joueurs ont un très bon comportement et je suis convaincu que nous allons en surprendre plus d'un à la Coupe du Monde, vous verrez ! »

Photo : Georgia RU