Samedi 10 novembre 2018, menés 23-9 à la 44e minute par les Français, les Springboks entament une remontée spectaculaire (dix points en dix minutes) leur permettant d'arracher la victoire dans les arrêts de jeu (26-29).

83 jours plus tard, le vendredi 1er février 2019, menés 16-0 à la pause, les Gallois entament une remontada époustouflante, mettant 24 points à trois à des Bleus sonnés (19-24).

« On a l'impression que l'histoire se répète beaucoup », concède Didier Retière, le directeur technique national (DTN) de la Fédération Française de Rugby (FFR). « On a l'impression qu'on n'est pas loin, qu'on voit le bout du tunnel, mais qu'il nous manque encore les bonnes décisions au bon moment et, surtout, le bon état d'esprit au bon moment.

« On devient presque coutumier du fait. L'équipe en face, ça lui permet de rester dans le match en se disant que si elle continue à mettre la pression, ils vont craquer. Et dans le même temps, nos joueurs savent qu'à tout moment ça peut se produire. »

"On sent que cette équipe de France est en train de renouer avec la culture du jeu français..."

Didier Retière

Des stats étonnantes

Comme contre l'Afrique du Sud, la France n'a pas su gérer son avance, incapable de marquer malgré l'envie et les tentatives. On peut reprocher beaucoup de choses au XV de France, mais pas d'avoir joué et tenté : 343 ballons joués (contre 186), 141 ballons portés (contre 91), 183 passes (contre 80), 13 offloads (contre 7), 53,4% de possession (contre 46,9%), 111 rucks/mauls gagnés (contre 67)... Même chose en défense : 5 ballons récupérés après plaquages (contre 2), 19 plaquages ratés (contre 27), 9 ballons captés en touche sur ses propres lancers (contre 4). A l'inverse, aucun ballon capté en touche sur les lancers adverses (contre 3), 5 mêlées gagnées (contre 10)...

« Le Pays de Galles est une équipe un peu particulière ; c'est la meilleure défense du monde », analyse Didier Retière. « On sait que c'est une équipe qui n'a pas besoin de beaucoup posséder le ballon pour marquer, qui souvent marque ses essais à partir du camp adverse. Ce n'est pas une équipe qui fait beaucoup de jeu. Ils ont été fidèles à eux mêmes et ont plutôt concrétisé sur cette pression défensive plutôt que sur des grands éclairs offensifs.

« Mais ce qui est intéressant, c'est qu'on sent que cette équipe de France est en train de renouer avec la culture du jeu français, c'est à dire une équipe entreprenante, qui essaie de mettre du mouvement. Ce n'est pas naturellement ce qui est mis en place dans tous les clubs de France ! Alors on a des joueurs qui peuvent être un peu en difficulté par rapport à ça. »

« Il ne faut rien renier »

Ainsi donc, il ne faudrait pas jeter le bébé avec l'eau du bain mais, comme le préconisent certains, perdu pour perdu, jouer le tout pour le tout ?

« Le truc, c'est de rester fidèle à ce qu'on pense être le sens du jeu que l'on veut mettre en place et mettre les joueurs qui peuvent entrer dans cette démarche. Il ne faut rien renier et ne pas partir à l'inverse de ce qu'on essaie de mettre. On a besoin d'avoir des joueurs qui entrent vraiment dans les exigences du rugby international aujourd'hui.

« On est dans quelque chose qui nous ressemble. Sur la première mi-temps, je crois que tout le monde s'est dit que les Français jouaient bien, on ne peut pas le renier ! Après, c'est continuer et aller dans ce sens-là. C'est plus de travail de la part des joueurs présents... ou avoir des profils qui correspondent plus. » En clair, le groupe pour préparer la Coupe du Monde de Rugby au Japon est loin d'être fermé...