Pour le XV de France, l’année 2018 ne restera pas dans les annales… ou du moins pas dans celles que l‘on souhaiterait. « 2018 aura été marque par un changement de projet en cours de route vu que la fédération a décidé de changer d’entraineur », estime Didier Retiere, le directeur technique national de la Fédération Française de Rugby (FFR). « Ça a rebattu les cartes et le projet est en train de se mettre en place. 2018 était une transition après deux années compliquées. »

Ces « deux années compliquées » pilotées par Guy Noves s’étaient soldées par 13 défaites et un match nul pour le XV de France en 21 rencontres. Le 27 décembre 2017, le président de la FFR décidait de changer d’entraineur (le 4e en sept ans) et de confier les rênes de l’équipe de France a une vieille connaissance, Jacques Brunel, qui prendrait effet pour le Tournoi 2018 et dont le contrat court jusqu’en juin 2020.

"Effectivement, il ne s’agit pas que d’un problème d’entraineur, mais d’un mal plus profond et pour lequel il faut trouver des solutions..."

Didier Retiere

Le bilan n’est pas plus glorieux avec trois victoires en onze matches, soit 27% de victoires seulement, quand Guy Noves était à 33% de réussite au même moment, Philippe Saint-André à 44% et Marc Lievremont à 59%).

Pas qu’un problème d’entraineur

« On a eu beaucoup de bons entraineurs qui avaient tous une expérience conséquente et on voit bien que les problèmes perdurent. Donc, effectivement, il ne s’agit pas que d’un problème d’entraineur, mais d’un mal plus profond et pour lequel il faut trouver des solutions. C’est en train de se mettre en place, mais évidemment c’est long et difficile », ne peut que constater Didier Retiere qui pense néanmoins que l’ensemble de l’année n’est pas à jeter avec l’eau du bain.

« On perd dans les arrêts de jeu contre l’Irlande (13-15) et au Pays de Galles (14-13) pendant le Tournoi, on gagne contre l’Angleterre (22-16), on sait que les tournées d’été sont toujours un peu compliquées (trois défaites en Nouvelle-Zélande, ndlr), on fait une prestation contre l’Afrique du Sud qui se perd dans les arrêts de jeu (26-29), un bon match contre l’Argentine (28-13)… On sait qu’il y a du mieux, mais il y a encore des détails qui nous laissent à distance et comme ça dure depuis longtemps il y a une forme de frustration. Ce n’est pas simple de se remettre dans une dynamique positive car il y a toujours un peu de nervosité et de fébrilité. On est un peu en défaut de confiance. »

2019, année décisive

Reste que l’année 2019 s’annonce très importante avec la Coupe du Monde de Rugby a la clé, du 20 septembre au 2 novembre. A ce titre, le Tournoi des 6 Nations devrait être révélateur de la performance des Bleus.

"Si on fait un Tournoi intéressant, ça veut dire qu’avec la préparation de la Coupe du Monde on peut espérer pouvoir performer>"

Didier Retiere

« Le Tournoi va donner quelques tendances », confirme Didier Retiere. « Mais qu’on se rappelle 2011 ou on avait fait un Tournoi moyen (la France avait quand même termine 2e, ndlr) - si on avait été compétitif en Angleterre (défaite 17-9, ndlr) on avait perdu contre l’Italie en Italie (22-21, ndlr) – et malgré tout on fait une Coupe du Monde intéressante (défaite en finale contre la Nouvelle-Zélande 8-7, ndlr) malgré des débuts difficiles (défaite contre les Tonga 14-19, ndlr). Mais malheureusement le Tournoi donnera le niveau de base. Si on fait un Tournoi intéressant, ça veut dire qu’avec la préparation de la Coupe du Monde on peut espérer pouvoir performer. Mais on sait que le retard est là et qu’il n’y a plus de petites nations. 

« 2019 sera une année particulière. J’espère que l’équipe de France va gagner en sérénité et avancer, mettre en œuvre le jeu entreprenant qu’elle veut mettre en place. Il faut être patient. L’équipe de France a du travail pour se reconstruire et les équipes que l’on rencontre sont de grandes équipes de rugby. C’est un long chemin et ça va prendre du temps. On ne va pas renouer avec la victoire d’un coup de baguette magique. »