Un genou en vrac (rupture du ligament interne du genou), mais un large sourire aux lèvres. Ce dimache 25 novembre au soir, dans les salons dorés de Monaco, Jessy Trémoulière reçoit des mains du Prince Albert II de Monaco le Prix de la Joueuse World Rugby de l’Année 2018. C’est une première pour une Française qui n’avait jamais reçu une telle distinction internationale. Quelques semaines auparavant, l’arrière du XV de France féminin (et de France 7 Féminines) avait été sacrée meilleure joueuse française aux Oscars du Midol. Voilà qui conclue une année exceptionnelle où elle a remporté le Grand Chelem en étant à la fois meilleure buteuse (61 points) et meilleure marqueuse d’essais (5).

Après une saison 2016-1017 noire où elle est éloignée des terrains après un péroné fracturé, Jessy savoure son moment. « J'ai senti que je voulais devenir la meilleure joueuse au monde et maintenant c'est une réalité, c'est fabuleux. Il y a tellement de personnes qui m'ont soutenue depuis des années et j'aimerais toutes les remercier. Je remercie mes coéquipières qui méritaient ce titre autant que moi », confie-t-elle alors juste après sa récompense.

2018, l’année du rugby feminin

« Jessy représente parfaitement la saison 2018 avec une équipe de France rayonnante, entreprenante, qui réussit », résume la manager du XV de France féminin, Annick Hayraud. « Ça va même au-delà de l’équipe de France car je pense qu’elle représente le rugby féminin français aujourd’hui. C’est une récompense qui rejaillit sur toute la pratique féminine. »

Cette année 2018 a été celle des filles, c’est indéniable. Après un Grand Chelem dans le Tournoi, les Françaises ont fini l’année en beauté en s’offrant une victoire historique sur les Black Ferns, actuelles championnes de monde et leader au classement mondial.

« C’est une année très positive en termes de performance du groupe qui a été très modifié par rapport à la Coupe du Monde 2017 », explique la manager. « On avait senti quelques prémices et ça s’est confirmé sur 2018 avec un Tournoi où on arrive à faire le Grand Chelem et après la tournée d’automne qui nous a permis de nous confronter à ce qui se fait de mieux au monde et d’être rassuré sur là où on a envie d’aller. »

Record mondial au Stade des Alpes

Ce qu’elle garde en mémoire de cette année exceptionnelle, c’est d’abord cette victoire sur les Red Roses le 10 mars au Stade des Alpes de Grenoble où les filles battent le record de fréquentation d’un match de rugby feminin : 17 740 spectateurs, un record mondial toujours inégalé pour un match exclusivement féminin.

« La victoire contre les Anglaises nous donnait un sentiment différent car elle nous permettait de décrocher un titre. C’était un moment important avec tout le suspens qu’il y avait autour et l’engouement au Stade des Alpes. Ça restera un moment très particulier qui a marqué les joueuses et le staff. Quelque chose s’est créé ce jour-là à Grenoble. Ensuite, la victoire sur les Black Ferns, oui c’est fantastique car tu bats les championnes du monde, mais c’est un test-match, pas une finale de Coupe du Monde. »

De quoi envisager l’avenir très sereinement. En 2021 aura lieu la Coupe du Monde de Rugby Feminin en Nouvelle-Zélande. Pas de temps à perdre pour la préparer…