Pour le Canada, la route pour la prochaine Coupe du Monde de Rugby n'a jamais été aussi longue ni aussi semée d'embûches. Il aura fallu attendre 18 mois pour se voir confirmer la qualification d'aller au Japon. Il aura fallu affronter successivement les USA (et les voir se qualifier) puis l'Uruguay (et les voir se qualifier) avant de se rendre au tournoi de repêchage à Marseille pour décrocher la 20e et dernière place pour la RWC 2019.

Les Canucks ont mis tout leur cœur à battre le Kenya, puis l'Allemagne et enfin Hongkong pour avoir le droit de se retrouver dans la Poule B avec la Nouvelle-Zélande, l'Afrique du Sud, l'Italie et la Namibie.

Il est vrai aussi que ça aurait été la première fois que le Canada ne puisse pas se qualifier pour une Coupe du Monde de Rugby étant donné que les Canadiens sont présents au rendez-vous mondial tous les quatre ans depuis le tout premier en 1987.

Un bon début

Lors de cette première Coupe du Monde de Rugby en 1987 d'ailleurs, le Canada avait commencé à battre les Tonga par six essais (37-4) à Napier. Mais malgré les deux défaites suivantes face à l'Irlande (46-19) puis au Pays de Galles (40-0), il y avait beaucoup de positif à retenir de cette expérience et pas seulement l'émergence du demi d'ouverture Gareth Rees qui était, jusqu'à il y a peu, le meilleur marqueur de points du Canada avec 491 points, dont 120 en Coupe du Monde de Rugby.

World Rugby chairman Bill Beaumont reflects on thrilling Rugby World Cup 2019 Repechage
After Canada secured qualification to Rugby World Cup 2019, we caught up with World Rugby Chairman Bill Beaumont

En 1991, le Canada a créé la surprise en se qualifiant pour les quarts de finale, avec les Samoa. A une époque où les équipes étaient composées de gros calibres, avec des avants solides et d'excellents buteurs – le Grand Chelem de l'Angleterre cette année-là était sans doute une combinaison des trois – l'allure physique des avants du Canada et la botte du métronome Rees étaient autant de menaces sérieuses pour leurs adversaires. Et ils l'ont prouvé.

En France, le Canada a commencé par deux victoires – contre les Fidji (13-3) puis contre la Roumanie (19-11) – avant de s'incliner face aux Français. Néanmoins, ils ont terminé à la deuxième place de la Poule 4 les envoyant disputer un quart de finale contre la Nouvelle-Zélande à Lille : défaite 29-13 face à des All Blacks un peu éteints.

Mais ce quart de finale allait leur permettre de se qualifier automatiquement pour l'édition suivante en 1995 en Afrique du Sud. En match de préparation, les Canadiens ont signé deux victoires historiques sur la France et le Pays de Galles, ce qui laissait augurer de belles surprises. Sauf que le tirage au sort ne leur étant pas favorable face à deux favoris du tournoi – l'Afrique du Sud et l'Australie, alors championne du monde en titre – la tâche s'est avérée très compliquée pour tenter de se qualifier pour les quarts.

Quand le Canada voit rouge

Malgré tout, le Canada n'a pas été spectateur de ce tournoi. Après une victoire sur la Roumanie (34-3) et une défaite honorable face à l'Australie (27-11), le Canada était déterminé à donner du fil à retordre aux Springboks à Port Elizabeth. Mais leur engagement a été un peu trop loin avec trois de leurs meilleurs joueurs – Gareth Rees, Rod Snow et James Dalton – expulsés pour leur participation à une grande bagarre.

Quatre ans plus tard, la menace canadienne est toujours vivace dans les matches de la Poule C face à la France. Les Canadiens, qui réduisent l'écart à un point, perdent Rees, leur talisman, sur blessure et laissent les Français signer une nouvelle victoire 33-20.

Rees reviendra pour le deuxième match de la poule contre les Fidji qui se vengent de leur défaite huit ans plus tôt par une victoire 38-22 et une qualification pour les quarts de finale aux dépens des Canadiens. Dans ce qui sera son dernier match, Gareth Rees fera un sans faute au pied (12 tirs) dans la victoire 72-11 sur la Namibie en dernier match de poule.

Le Canada s'est ensuite qualifié pour la RWC 2003 en Australie, mettant à profit sa préparation pour faire un nul, puis battre l'Ecosse. Mais les Canucks n'ont goûté à la victoire qu'une seule fois, encore contre les Tonga 24-7, avant de finir quatrième de la poule derrière la Nouvelle-Zélande, le Pays de Galles et l'Italie.

Un lien fort avec la Nouvelle-Zélande

En 2007, le Canada a fini dernier de sa poule notamment après s'être incliné dans les arrêts de jeu face au Japon alors que les deux équipes étaient à 12 partout.

Lors de l'édition 2011 en Nouvelle-Zélande, le Canada s'est repris et a battu une solide équipe des Tonga 25-20 à Whangarei. Un effort d'autant plus apprécié que les Tonga étaient proches de battre la France qui a pu ensuite se hisser en finale. Le Canada a perdu contre la France le match suivant (46-19) avant de tenir tête au Japon (23-23) pour le deuxième tournoi consécutif. Conor Trainor a marqué une paire d'essais dans le dernier match contre la Nouvelle-Zélande, logique vainqueur 79-15.

Ce lien avec la Nouvelle-Zélande s'est renforcé grâce à Kieran Crowley, ancien arrière des All Blacks lors de la RW 1987, qui a mené le Canada à la RWC 2015 en Angleterre. Versé dans la Poule D, le Canada a commencé par une lourde défaite contre l'Irlande (50-7) au Millennium Stadium de Cardiff, puis une deuxième contre l'Italie (23-18) malgré une solide performance de Van der Merwe et Matt Evans, entre autres.

Van der Merwe a conservé son habitude de marquer dans chaque match de poule lors de la défaite 41-18 contre la France et a marqué encore contre la Roumanie, lorsque les Chênes, menés 15-0, se sont repris pour finalement gagner 17-15.

UN RECORD

S'il est sélectionné, le talonneur vétéran Ray Barkwill deviendra le deuxième joueur le plus âgé à participer à une Coupe du Monde de Rugby, au Japon en 2019. Diego Ormaechea détient le record après avoir disputé la RWC 1999 à l'âge de 40 ans et 26 jours. Barkwill aura 39 ans au coup d'envoi.

DES HAUTS...

Le Canada a atteint les quarts de finale pour la première et seule fois de son histoire en 1991.

… ET DES BAS

Le Canada n'a pas su capitaliser sur l'avance 15-0 contre la Roumanie et s'est laissé débordé. En 2015, c'est la première fois que le Canada quittait une Coupe du Monde sans la moindre victoire.

IL A DIT

« Pour moi, le meilleur moment de ma carrière a été de représenter et de jouer pour mon pays sur la scène mondiale » : l'ancien capitaine emblématique du Canada, Al Charron.

LA STAT

L'expulsion de Gareth Rees et de Rod Snow contre l'Afrique du Sud en 1995 fait du Canada la seule équipe à avoir eu plus d'un joueur expulsé en un match de la Coupe du Monde de Rugby. L'expulsion de Dan Baugh quatre ans plus tard a donné un troisième carton rouge au Canada, ce qui en fait l'équipe la plus sanctionnée – à égalité avec les Tonga – dans l'histoire du tournoi mondial.