C'était entre le 17 et le 20 août 2014 à Nankin, en Chine. Pour la première fois, le rugby à 7 faisait son apparition sur la scène olympique, à l'occasion des JO de la Jeunesse. Si les Françaises ne sont pas qualifiées, les garçons en revanche arrivent en force.

Sur les douze membres de l'équipe, la moitié s'appelle « Alex » : Alex Arrate, Alex Gracbling, Alexandre Lagarde, Alexandre Nicque, Alexandre Pilati et Alexandre Roumat. Il y a aussi Martin Laveau, Faraj Fartass, Arthur Retière, Atila Septar, Sacha Valleau et Matthieu Voisin.

Ils ne le savent pas encore, mais au bout de ce tournoi les attendra la médaille d'or olympique, obtenue après avoir battu en finale l'Argentine (les Fidji repartiront avec le bronze avant de décrocher l'or à Rio deux ans plus tard avec l'équipe senior).

"J'y pensais depuis que j'ai fait mes premiers tournois mais je ne me posais pas vraiment la question avant"

Arthur Retière

Un bonheur

« J'étais au pôle Espoir et en moins de 18 on avait une sélection à 7 pour un tournoi à Dubaï. On a gagné le tournoi et, à l'issue de l'année, il y a eu une sélection pour le XV et le 7 ; ceux qui étaient pris pour le 7 faisaient les JO », se rappelle Alexandre Lagarde, qui continuera plus tard de briller, mais sur le circuit mondial à 7.

« On était fiers de pouvoir aller aux JO, même si c'était ceux la jeunesse, d'être dans une compétition où on est plusieurs disciplines à représenter notre pays. Même si on avançait dans l'inconnu. »

« Ces JO de la Jeunesse, c'était l'excitation de la découverte, plus que toute forme de pression », ajoute Sacha Valleau qui, à 18 ans, n'a de fait pas une grande expérience dans le rugby à 7 international à ce moment-là. « C'était un bonheur de faire partie de cette délégation. J'étais excité de découvrir ce qu'étaient les JO au format jeune, de voir les autres disciplines, la délégation française... »

« Pour moi c'était un rêve de gosse, le sommet du sport », assure Arthur Retière, arrivé aussi à Nankin par le Pole Espoir puis le Pole France. « Tout le monde rêve d'y participer. J'y pensais depuis que j'ai fait mes premiers tournois mais je ne me posais pas vraiment la question avant. »

Une découverte

"On n'y allait pas la fleur au fusil, mais pas forcément pour faire quelque chose."

Alexandre Lagarde

« Dès le début, on y allait aveuglément », raconte Alexandre Lagarde. « On ne connaissait pas le niveau. On se disait que ça allait être très dur au vu des nations qu'il y avait en face de nous. Les USA, c'est une équipe qui gagne tout dans l'olympisme, les Fidji est une gosse équipe à 7, les Japonais on ne sait jamais à quoi s'attendre, le Kenya on savait que les gars étaient costauds et qu'ils allaient nous faire mal et l'Argentine allait être une équipe qui n'allait rien lâcher du début à la fin. Alors on s'est dit que ça allait être une compétition très compliquée. On n'y allait pas la fleur au fusil, mais pas forcément pour faire quelque chose. »

« On partait avec l'envie de donner le meilleur de nous-mêmes, en attendant de voir le résultat à la fin du tournoi. On ne partait pas vraiment gagnant », reconnaît Arthur Retière. « Et finalement, il s'avère qu'on y est allé match par match, sans penser à l'avenir. Même si on perd notre premier match contre l'Argentine, on n'a rien lâché et on a su gagner tous nos matches après cette défaite inaugurale », complète Alex Lagarde.

« En fait, ça s'est joué sur le deuxième match où, face aux Fidji, on s'est dit qu'il y avait quelque chose à faire et on a tout donné », précise Arthur Retière.

La relève

"Ils ne savent pas où ils vont, mais ils s'en rappelleront toute leur vie !"

Sacha Valleau

« A cette époque, ce n'était pas passé inaperçu car on avait reçu une lettre du président », sourit Alex Lagarde qui, depuis, a laissé sa médaille d'or bien en place dans le salon de la maison familiale. « On a chacun eu un retour de la part de notre ville natale pour nous féliciter de ce qu'on avait accompli. »

Depuis, les coéquipiers d'hier en reparlent souvent chaque fois qu'ils se retrouvent.

Aujourd'hui, l'heure est à la relève et c'est à un autre groupe désormais de se battre pour tenter de conserver cette médaille d'or.

« Ils ne savent pas où ils vont, mais ils s'en rappelleront toute leur vie », rigole Sacha Valleau. « Je pense qu'ils vont tous vouloir signer à 7 dès qu'ils vont revenir, qu'ils fassent un bon résultat ou pas. Je sais qu'ils vont tout faire pour conserver le titre qu'on avait décroché, prendre un plaisir immense et apprécier le rugby à 7. »

Le tournoi de rugby à 7 aux Jeux olympiques de la Jeunesse de Buenos Aires se déroulera du 13 au 15 octobre 2018.