Liza Burgess est l'intronisée n°142 au World Rugby Hall of Fame. Elle a fait son entrée le 12 septembre 2018 aux côtés de Stephen Larkham, de Ronan O'Gara, de Pierre Villepreux et de Bryan Williams à l'occasion d'une petite cérémonie à Rugby.

Alors qu'elle était toute jeune, on lui avait pourtant interdit de pratiquer le rugby. La future capitaine du Pays de Galles n'avait pu assouvir sa passion qu'à partir de 1983 lorsqu'elle s'est inscrite à l'université de Loughborough, en Angleterre.

« C'était incroyable : grandir au Pays de Galles, toujours à regarder des matches et se dire que ce serait tellement bien si moi aussi je pouvais jouer », se souvient-elle. « Mais non, malheureusement, on ne m'en a pas donné la possibilité. Mais lorsque je suis allée à Loughborough, j'ai entendu dire que les filles pouvaient jouer et là je me suis dit : j'y vais. J'ai pratiqué beaucoup de sport comme le canyoning et le hockey, mais d'avoir la chance de courir avec le ballon était quelque chose de phénoménal. J'ai adoré dès que j'ai commencé. Dès que j'ai pris la balle entre mes mains, ça y était. »

Une simple envie de jouer

Liza Burgess a jouer pour la Grande-Bretagne avant de devenir capitaine de son pays pour son tout premier match, contre l'Angleterre en 1987. Un honneur qu'elle a pu renouveler 61 fois au cours de ses 93 apparitions avec le maillot gallois.

En club, Liza a été l'une des premières joueuses avec les Saracens en 1989. Une fois en retraite, elle est restée dans la partie en devenant entraîneur. Et en 31 ans, le rugby féminin gallois a progressivement gagné en popularité.

« En fait, ça n'a plus rien à voir avec mes débuts », admet-elle. « A ce moment-là, on se retrouvaient toutes le matin, on devait payer pour nos équipements et nos trajets et on ne se posait pas de questions. On le faisait sans rien attendre, juste parce que nous avions envie de jouer.

« Voir où s'en est arrivé aujourd'hui, le niveau de professionnalisme... Avant on essayait de s'entraîner du mieux qu'on pouvait. Maintenant, il y a tellement plus, on a les préparateurs physiques, les analystes, les physios, les entraîneurs... C'est incroyable comment ça a évolué et c'est tellement différent d'avant ! »

Se battre pour jouer

Liza a accepté de s'engager dans le développement du rugby féminin avec Carol Isherwood, Nicky Ponsford et Anna Richards, entre autres.

« On se battait pour jouer », assure-t-elle. « J'ai eu la chance d'être membre fondateur du club féminin des Saracens et nous avons dû même aller plaider notre cause au tribunal local parce qu'il existait un règlement... qui interdisait d'utiliser le sifflet le dimanche ! Il fallait que ça change ! On devait vraiment se bagarrer pour jouer ! »

Ce désir de jouer a été insufflé par Jim Greenwood, qui a entraîné Liza Burgess à Loughborough et pour la Grande-Bretagne. C'est à lui qu'elle a pensé lorsqu'on lui a proposé d'entrer au World Rugby Hall of Fame.

« Oh, il était phénoménal ! », dit Liza Burgess à propos de son mentor. « Pour moi, Jim était une figure paternelle du rugby féminin dans ce pays. Il était le premier entraîneur de la Grande-Bretagne, mais sur un plan pour personnel il était très avant-gardiste en ce qui concerne le rugby féminin, il vous donnait l'inspiration de jouer au rugby et d'être la meilleure joueuse possible. Pour moi, il était mon plus grand héro et être au Hall of Fame avec lui est incroyable. »

World Rugby Hall of Fame Inductees 2018
An incredible day celebrating the induction of five legends of our game into the World Rugby Hall of Fame

Malgré son entrée dans le Panthéon du rugby avec les plus grands joueurs, Liza Burgess n'en a pas terminé avec le rugby qui a façonné sa vie d'adulte.

Nouvelle ambition

Travailler aux côtés de Susie Appleby, LJ Adams et Oliver Wilson de Gloucester-Hartpury a fait naître son ambition de devenir entraîneur en chef au niveau des clubs. Pour réaliser ce nouvel objectif, Burgess a mis fin à sa carrière d’enseignante et est actuellement inscrite à un cours de développement de carrière pour aider ses ambitions tactiques.

« En ce moment, je profite », dit-elle. « Je prends mon temps pour me concentrer sur l'entraînement maintenant. Idéalement, j'aimerais bien devenir entraîneur d'une équipe un jour et voir jusqu'où je peux aller. »

Le centre d’excellence des clubs du Tyrrells Premier 15s accueille des filles âgées de 16 à 18 ans et offre des bourses au Hartpury College afin que les joueuses puissent poursuivre leurs études tout en travaillant vers une carrière senior.

A titre d'exemple, Alex Matthews et Ceri Large, Championnes du monde de rugby avec l'Angleterre, en sont sorties et c'est précisément tout ce qui a manqué à Liza Burgess il y a 35 ans.

« Elles peuvent étudier pour avoir leur qualification et ça leur donne également un aperçu de ce qu'est le monde pro dans le sport et de ce qu'elles doivent faire pour être encore meilleures », constate Liza Burgess. « Elles ont la discipline dont elles ont besoin à cet âge et elles sont très bien prises en charge. C'est formidable ! 

« Le ciel est la limité. Regardez tout ce qu'il s'est passé depuis ces dernières années, le niveau de professionnalisme, le circuit mondial à 7, la Coupe du Monde et tout ce qui tourne autour.

« Et ça continue encore, le rugby féminin ne cesse de gagner en popularité et en médiatisation. Plus les jeunes filles auront envie de jouer au rugby, plus ce sera une bonne chose pour le rugby féminin. »