Alhambra Nievas a l'habitude de mener. Durant son impressionnante carrière d'arbitre, qui vient de se terminer, l'Espagnole d'origine a laissé son empreinte.

Aucune femme n'avait alors arbitré de match masculin mettant face à face des nations du Top 20 mondial. Alhambra l'a fait en novembre 2016 entre les Tonga et les USA à San Sebastian. Onze mois plus tard, elle arbitrait une rencontre de Conférence 2 Nord de Rugby Europe entre la Finlande et la Norvège ; une autre première dans la région. Entre février 2014 et novembre 2017, elle a arbitré 100 matches du HSBC World Rugby Women's Sevens Series. Jamais aucune femme ne l'avait fait avant elle.

Alhambra Nievas | Elle marche au sifflet
Après s'être imposée sur la scène internationale, Alhambra Nievas est l'une des meilleures arbitres femmes au monde. Elle nous confie les origines de cette passion et ce qui fait d'être devenue une des meilleures.

L'ancienne internationale d'Espagne a également officié lors de la finale olympique entre l'Australie et la Nouvelle-Zélande aux JO de Rio en 2016. Plus tard cette année-là, elle partageait le Prix de l'Arbitre de l'Année avec Rasta Rasivhenge aux World Rugby Awards.
Jeune retraitée de l'arbitrage

« La pression, c'était en dehors du terrain », se souvient l'arbitre de 35 ans. « Il y avait tellement de tension, beaucoup de demandes des médias, beaucoup de bonnes choses autour... Mais pour moi, je devais entrer sur le terrain pour arbitrer un autre match de rugby. Donc j'ai essayé de garde ma routine, de faire abstraction de la tension ambiante, de toute cette pression que je portais sur mes épaules. »

Une expérience qui devrait lui servir alors qu'elle vient d'être nommée responsable du développement des arbitres à World Rugby. Alhambra Nievas avait raccroché le sifflet un peu plus tôt dans l'année et pense désormais que son expérience peut être bénéfique au développement du rugby féminin, ne serait-ce qu'en encourageant les jeunes filles à se tourner vers l'arbitrage.

« Je suis encore toute fraîche dans le domaine », admet Alhambra Nievas. « Je viens juste de mettre un terme à ma carrière d'arbitre et je sais ce dont ont besoin les arbitres et ce sur quoi ils doivent se concentrer. Je peux donc apporter ma fraîche expérience dans ce domaine !

« World Rugby a un plan vraiment ambitieux pour le rugby féminin. Nous souhaitons qu'il y ait encore plus de filles dans le rugby. Plus d'entraîneurs, de meilleures joueuses et plus de meilleures arbitres dans le rugby féminin.

« Je pense que je peux aider à y arriver, surtout parce que je viens d'une nation du tier 2. Ce n'est pas pour dire, mais si vous voulez le faire, vous le pouvez. »

Une leçon de motivation

World Rugby ambitionne de faire du rugby féminin un des sports leader dans le monde d'ici à 2025, mettant l'accent sur l'égalité que ce soit auprès des joueurs, des entraîneurs ou des administrateurs. Une ambition qui colle avec celles d'Alhambra Nievas, justement.

Renowned referee Alhambra Nievas joins World Rugby
Following her retirement, Alhambra Nievas has been appointed as World Rugby Referee Development Manager

« J'aimerais tellement mettre en place un solide panel d'arbitres féminines à la fois sur le XV et sur le 7, avoir de plus en plus de filles dans le rugby, du point de vue de l'arbitrage, dans le monde entier », dit-elle. « Nous devons être capable de créer de telles opportunités pour elles. »

Par sa carrière, son histoire et son exemple, elle se présente, quoi qu'il en soit, comme un modèle pour la prochaine génération. Partant de ce principe, quels seraient ses conseils ?

« Mon conseil serait de dire : il n'y a rien que vous ne puissiez pas faire. Si vous voulez vraiment faire quelque chose, faites-le ! », insiste-t-elle. « Soyez bien entourées, travaillez dur et saisissez les opportunités qui se présentent. Rien n'est impossible si on travaille dur.

« Je ne pouvais pas imaginer il y a dix ans, voire même cinq ans, que j'en serais là aujourd'hui. Il faut se préparer à ce que l'on veut faire et travailler dur pour cela. »

Dans son cas justement, Alhambra avoue que personne n'a douté de sa motivation lorsqu'elle a commencé le rugby à l'université de Malaga en 2002.

Le rugby comme un style de vie

« Au début, je devais beaucoup me justifier car ma famille ne comprenait pas ce que je faisais ; c'était dur pour elle », rigole-t-elle aujourd'hui. « Mais le rugby est devenu plus qu'un sport ; c'était comme un style de vie.

« Vous voyez les choses différemment, vous commencez à jouer au rugby et ça devient une partie intégrante de votre vie. Donc ça prend de plus en plus de place et maintenant je ne peux même pas imaginer ma vie sans le rugby. »

Alhambra a commencé à arbitrer alors qu'elle était encore joueuse avant de ne plus se consacrer qu'à ça il y a six ans. Avant elle, des femmes avaient déjà arbitré un match entre deux équipes masculines en Espagne. Itziar Diaz et Paloma Loza l'ont prise sous leurs ailes.

« Dans mon cas, je ne voyais pas de différence entre un arbitre homme ou un arbitre femme, vu le contexte. Je n'ai jamais trouvé difficile d'arbitrer un match d'hommes. En Espagne, la plupart des matches que j'ai arbitrés étaient des hommes et j'ai toujours été respectée en tant qu'arbitre. On ne m'a jamais regardé comme une arbitre femme », se souvient-elle.

« Aujourd'hui, de plus en plus de femmes sont intéressées par l'arbitrage et il y en a de plus en plus qui suivent nos formations », explique-t-elle.

« Je crois que la chose la plus importante est d'aimer le rugby, de garder la passion pour le jeu, de travailler avec les joueurs et, bien sûr, de se maîtriser sur le terrain. Mais aussi d'apprendre de ses erreurs et alors vous pourrez les surmonter. »