Il y a 12 ans, il était en pleine euphorie lui aussi. Aujourd'hui directeur technique national à la FFR, Didier Retière entraînait en 2006 les avants de l'équipe de France des moins de 21 ans et Emile Ntamack s'occupait des arrières. Le duo avait réussi à catapulter les Bleuets de Lionel Beauxis champions du monde de leur catégorie à Clermont-Ferrand. Et 12 ans plus tard, en ce dimanche 17 juin 2018 au moment du sacre des Bleuets, son téléphone n'a pas cessé de recevoir des messages des anciens joueurs, émus.

Car depuis, on est passé des U21 aux U20 et la France n'avait jamais particulièrement brillé, se plaçant généralement entre la 4e et la 9e place mondiale.

Cette fois, les garçons de l'entraîneur Sébastien Piqueronies ont vaincu un à un tous leurs adversaires : l'Irlande, la Géorgie, l'Afrique du Sud, la Nouvelle-Zélande puis l'Angleterre avant d'être champions incontestés du monde.

« C'est vraiment une belle étape. Ca fait des années que nous essayons de raccrocher le meilleur niveau mondial et je pense qu'on peut dire qu'on l'a fait avec un groupe très solidaire qui a battu les trois meilleurs nations du monde », affirme aujourd'hui Didier Retière.

« Le challenge va être de le reproduire et de ne pas se satisfaire de ça, de l'apprécier à sa juste valeur car c'est un long travail pour en arriver là. Il ne faut rien lâcher et continuer à travailler. J'ai une pensée pour tous les gens qui se sont impliqués de près ou de loin avec ces joueurs : les équipes de la fédération, tous les entraîneurs, les éducateurs de club, les profs dans les pôles espoir... qui ont forgé tout ça. »

Selon lui, « la recette, c'est l'ambition aussi car cette équipe en a beaucoup et le staff aussi. Il y a une vraie envie de performer. Le fait que les gens aient été solidaires sur le projet entre les clubs et la fédération, d'avoir fait en sorte depuis quelques années que les joueurs soient réellement acteurs du projet... On a là un groupe très mature avec des joueurs qui prennent leurs responsabilités. C'est un nouveau management qu'il va falloir faire rayonner sur toutes nos équipes en France. Tout commence ! »

Un projet de jeu innovant sur la durée

L'ambition et les objectifs à venir sont grands. Si le président de la FFR Bernard Laporte n'hésite pas à dire dès à présent qu'on pourrait bien retrouver quelques Bleuets dans le XV de France pour la Coupe du Monde de Rugby 2019 au Japon, Retière voit encore plus loin.

« J'espère qu'ils seront l'équipe qui sera championne du monde en 2023 ! », sourit-il. « On dira alors que ça a commencé il y a quatre ans lorsqu'on a fait le premier séminaire des équipes de France où on a essayé de mettre en place un premier projet de jeu partagé. Ca a été long car il a fallu convaincre tout le monde, s'entourer des bonnes personnes et partager cette même vision. Petit à petit on sent le cercle des gens qui travaillent comme ça s'agrandir. On essaie de faire en sorte que tous nos jeunes de 17 à 20 ans puissent jouer à VII et à XV. »

C'est ainsi que la révélation du Championnat, le troisième-ligne Jordan Joseph est devenu champion d'Europe avec les U18 à VII, puis champion du monde avec les U20 à XV... et pourrait bien figurer dans le groupe des U18 à VII qui ira chercher la médaille d'or aux JO de la Jeunesse à Buenos Aires en octobre prochain ! Une nouvelle génération de vainqueurs est née.